Solitudes. Un recueil de nouvelles brèves, saisissant des instants qui marquent notre vie, et que nous gardons secrets, cachés dans les plis du quotidien.Ici, un homme assis depuis des heures sur un banc, dans un parc, immobile, silencieux, ne semble pas conscient de la présence à ses côtés d’un jeune garçon qui lui prend la main, cherche son regard perdu dans le lointain. Il se lève, s’en va marcher sans but dans les allées, revient, interroge doucement : « On y va, Papa ? », ne reçoit pas de réponse. Le soir tombe, le froid pince, les passants ont déserté le parc. Et le garçon part à son tour, après avoir une dernière fois posé contre sa joue une main désormais froide et rigide, et murmuré un bonsoir à l’accent d’adieu. (Papa)
Michel LAMBERT , Quelle importance , Quadrature, 2024, 124 p., 18 € / ePub : 9,99 € , ISBN…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…