Sillages

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Sillages esquisse le parcours des immigrés aux États-Unis tout au long du XXe siècle, d’espoirs en échecs, de rêves en souffrances. Ce premier roman, fort et poétique, révèle une nouvelle plume de la littérature grecque moderne.

Sillages esquisse le parcours des immigrés aux États-Unis tout au long du XXe siècle, d’espoirs en échecs, de rêves en souffrances. Ce premier roman, fort et poétique, révèle une nouvelle plume de la littérature grecque…


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Les chroniques de Mapuetos (volume 5) : Le rêve de l’échelle

Pénétrer dans l’univers de Patrick Lowie, c’est faire l’épreuve d’une littérature élevée au rang du rêve et de la révolution intérieure. S’il ne recourt pas à la pratique pessoenne de l’hétéronymie, Patrick Lowie place l’expérience créatrice au carrefour du double, d’une inspiration transpersonnelle où se confondent le dicteur et le dicté, l’oracle et le scribe. Le rêve de l’échelle, cinquième volume des Chroniques de Mapuetos, poursuit le travail de retranscription-recomposition des textes du fameux Marceau Ivréa, écrivain mort dans une prison bruxelloise, dont l’œuvre gravite autour d’une ville qui n’existe pas, Mapuetos. À partir de ce labyrinthe borgésien, de ce creuset surréaliste, le récit déroule la rencontre de deux hommes au bord du fleuve bleu, Marceau Ivréa et le jeune homme Moûsai. Gagnant l’autre rive du fleuve magique, ils s’adonnent à une vie onirique scandée en dix-huit rêves qu’Ivréa/Lowie raconte. Obéissant à la logique du songe, ouvrant des portes sur l’ailleurs, les fictions de Patrick Lowie décadenassent les habitudes mentales du lecteur. Le temps et l’espace cessent d’obéir aux lois ordinaires ;  des réalités temporelles et spatiales disjointes entrent en communication. Lire aussi :   Patrick Lowie, Marceau Ivréa et la montagne fictive de sagesse ( C.I. 190) À l’ouverture du récit, le narrateur réside à l’hôtel Siru, un immeuble Art déco près de la Gare du Nord, donnant sur la place Rogier, haut-lieu mythique où déambulent le spectre de Marceau Ivréa et les fantômes de Rimbaud et de Verlaine qui y séjournèrent lors de leur passage à Bruxelles (l’hôtel s’appelait à l’époque le Grand hôtel liégeois). Un jeu de miroirs se dessine, la passion entre Marceau et Moûsai prolongeant l’amour orageux entre Verlaine et Rimbaud, entre «  l’époux infernal  » et la «  vierge folle  ». La réalité onirique répond à des états quantiques, à des superpositions de phases, de personnages. L’hôtel Siru tient de l’hôtel Sirius, du vaisseau fantôme qui apparie le voyage vers Mapuetos. Comme l’échelle de Jacob surgit lors d’un songe durant lequel ce dernier voit des anges monter et descendre sur une échelle reliant la terre au ciel, l’échelle permettant de monter vers Mapuetos, son arbre à paroles, son volcan Imyriacht, s’avance comme la fille du monde onirique. Les dix-huit rêves délivrent moins une parabole qu’un parcours initiatique, un jeu de tarot littéraire dans le sillage d’Alejandro Jodorowsky. Non point des stases fléchant une trajectoire destinale, une progression vers la libération mais des rêves circulaires comme des mandalas, comme les ruines de la nouvelle de Borges ou comme la Grand Roue en toile de fond d’ Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Dans le rêve numéro treize, la chute du cheval blanc dans un canyon nous évoque la fin du roman de Lowry, le corps du consul Geoffrey Firmin abattu par les policiers et balancé dans un ravin, suivi par le cadavre d’un chien. Comme Mapuetos, la ville mexicaine de Quauhnahuac où se déroule l’errance du consul entre présages, mescal et téquila, est dominée par des volcans.«  Marceau voulait déclamer des mots à haute voix dans Mapuetos, la magnifique. La répétition de mots, de phrases, d’intonations grinçantes, d’aphorismes, de prières euphorisantes pourrait le mettre dans un état d’auto-hypnose  ». Comment ne pas songer à Artaud en lisant ce passage ? À l’arrière de Marceau Ivréa, son ivresse d’atteindre des états de conscience modifiée, on pense à Artaud, à ses séjours auprès des Tarahumaras, à ses mots-souffles, ses glossolalies.Passeur entre les mondes des vivants et des morts, évoluant entre djinns et apparitions, Patrick Lowie reconnecte la littérature à l’hypnose surréaliste, à l’interrogation poétique et métaphysique. Le doute n’est plus de mise : les mots de Patrick Lowie sont bel et bien irrigués par les puissances de l’arbre à palabres de Mapuetos, cet «  arbre à nuées  » qui retient les mots créés par le volcan. Véronique Bergen Deux hommes sont couchés sur l’herbe, de l’autre côté du fleuve bleu. Le plus âgé des deux s’appelle Marceau Ivréa. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre. En une journée, ils mangent des sushis, fument des joints, lisent, dorment, font dix-huit rêves qu’ils classent, décortiquent, commentent, alimentent. Comme des frères siamois, ils sont connectés et font les mêmes rêves au même moment. Peu importe la ville, peu importe le pays. Nous pourrions être à Mapuetos, cette ville qui n’existe pas dans un monde qui n’existe pas, point de référence de Marceau Ivréa. Nous pourrions être à Bruxelles, dans une chambre de l’Hôtel Siru, ex-Grand Hôtel Liégeois, à l’endroit même où Rimbaud aurait rejoint Verlaine. Dans  Le rêve de l’échelle , Marceau Ivréa raconte dix-huit rêves. Rêves particulièrement marquants, étranges, éphémères, des rêves dignes du cinéma surréaliste. Pourquoi les raconte-t-il ? Pour créer des liens avec lui-même, seule façon d’avoir des liens avec son prochain. Les chroniques de Mapuetos est une série littéraire censée avoir été écrite par Marceau Ivréa que Patrick Lowie dit avoir découvert et dont il aurait recomposé le travail disparate. Quarante épisodes sont annoncés.…

Que Faire ? n°7 : Vincent Engel. L’absence révoltée

Créer des mondes de fiction, construire des « romansonges » dans le sillage du « mentir-vrai » d’Aragon, laisser courir sa pensée, son imaginaire sur une multitude de claviers d’orgue… telles sont les trois thèmes musicaux qui se dégagent si l’on tente de condenser l’œuvre de Vincent Engel, tout à la fois écrivain, dramaturge, professeur de littérature contemporaine à l’Université catholique de Louvain, directeur de revue (il a repris la direction de Marginales ), directeur du Pen Club Belgique, éditeur. Dans le numéro 7 de la revue Que faire ? , les écrivains Jean-Pierre Legrand et Philippe Remy-Wilkin consacrent un dossier éblouissant qui se focalise sur le cycle toscan intitulé Le monde d’Asmodée Edern (réédité en 2023, Asmodée Edern & Ker Éditions). Œuvre majeure de Vincent Engel, le quatuor Retour à Montechiarro (Fayard, 2001), Requiem vénitien (Fayard, 2003), Les absentes (Lattès, 2006), Le miroir des illusions (Les escales, 2016), précédé par Raphael et Laetitia (Alfil/L’instant même, 1996), couronné par Vous qui entrez à Montechiarro (Asmodée Eder, & Ker Editions, 2023), délivre une saga romanesque qui, traversant des générations, des époques, auscultant les dessous de l’Histoire, se tient sous le regard d’un personnage éternel, Asmodée Edern. Comme l’analysent Jean-Pierre Legrand et Pierre-Remy Wilkin, Asmodée Edern s’éloigne de la figure démoniaque d’Asmodée dans l’ Ancien Testament et campe un ange bienveillant.Afin d’interroger le cycle toscan de Vincent Engel, qui, sous certains aspects rappelle Le quatuor d’Alexandrie ou Le quintet d’Avignon de Laurence Durrell, les auteurs plongent à mains nues dans l’architecture de chacun des tomes, mettent en évidence la maestria du romancier dans les jeux de construction formelle, le fil rouge de la musique, les questions de la judéité, de la condition humaine (baignée par l’ombre lumineuse d’Albert Camus), des luttes au niveau individuel et collectif entre les forces du bien et du mal ou encore les amours magiques, impossibles. On voyage entre l’analyse des périodes charnières de l’Italie que Vincent Engel met en scène, du repérage des récurrences de séquences historiques prises dans la répétition d’invariants anthropologiques et le décryptage des jeux littéraires, entre les lignes contrapuntiques des thèmes et des personnages et les mises en abyme du vécu, de la pensée de l’auteur dans les plis de la fiction. Vincent Engel a offert une machine de guerre romanesque et littéraire de très haut vol, qui combine la création pure et l’autofiction mais sans ostentation, sans « mauvais égocentrisme », l’appréhension du monde et de l’autre passant nécessairement par une quête de soi ouverte et généreuse, la construction d’un récit.  Levier d’une action sur le réel, d’une relecture plurielle des faits soumis à l’imaginaire du créateur, la fiction s’inscrit, pour Vincent Engel, dans un art romanesque générateur de complexité. Au travers de ses dédales, de ses puissances illimitées, de ses brouillages entre vécu et réalité, par l’art d’une variation dans la focale, la fabulation permet de dévoiler des pans de réel, de faire de l’imaginaire un royaume à effets réels. Elle s’affirme comme une terre de mots apte à libérer des vérités cachées, insupportables ou désireuse d’enfouir les vérités intimes et extérieures sous des voiles qui les rendent inaccessibles. Évoquant le personnage d’Asmodée Edern, alias Thomas (ou Tommaso) Reguer, Vincent Engel écrit : «  il n’a d’autre volonté que d’ouvrir les êtres qu’il croise aux multiples destinées qui s’offrent à eux.  »  On y lira un autoportrait du romancier. Le romancier en tant que jongleur qui assemble les facettes de vies diverses afin d’en jouer comme d’un miroir qu’il nous tend.    Véronique Bergen Plus d’information Vincent Engel, né en 1963, est devenu assez jeune, au tournant des années 2000, dans le sillage de ses romans Oubliez Adam Weinberger (2000) et Retour à Montechiarro (2001), une figure référentielle de nos lettres. Un parcours très riche et très varié, dont rendent compte sa fiche Wikipedia ou son site personnel, impressionnants (il enseigne la littérature contemporaine à l’Université Catholique de Louvain, il a monté des spectacles avec Franco Dragone, écrit plusieurs pièces de théâtre, etc.). Celui d’un auteur aux dons multiples mais d’un homme très engagé aussi (il a repris la direction de la revue Marginales ou du Pen Club Belgique, créé le site mémoriel Liber Amicorum, etc.). J’ai lu naguère avec plaisir quatre de ses livres (Les diaboliques, Alma viva, Les vieux ne parlent plus, Le miroir des illusions) mais une cinquième lecture, celle de son renommé Retour à Montechiarro, m’a bouleversé : je me sentais plongé dans un ouvrage majeur, d’une puissance rarement croisée en francophonie. Une sollicitation de la Revue générale m’a présenté l’opportunité de lui consacrer un article, paru en mars 2023. Lors de la préparation de celui-ci, en fin 2022, un échange avec l’auteur m’a révélé ce que j’assimilais à un deuxième signe (une deuxième synchronicité jungienne ?) : l’ensemble du « cycle toscan » allait être réédité en mai 2023. Je me suis immergé dans la fresque complète. Sa richesse et sa capacité à se renouveler m’ont sidéré, elles appelaient un traitement original et approfondi, j’ai sollicité l’intervention de Jean-Pierre Legrand, mon complice de maints dossiers dialogiques (Véronique Bergen, Luc Dellisse,…