C’est le 30 mars 1924 que nait Raymond Macherot à Verviers en région liégeoise. Auteur de bande dessinée, il est le créateur des séries humoristiques animalières
Chlorophylle et
Sybilline ainsi que de la série policière
Clifton.
Né d’une mère commerçante et d’un père cheminot (qui décède alors que le jeune Raymond n’a que huit ans), Macherot est passionné de dessin depuis l’enfance. Il n’est, toutefois pas encouragé dans cette voie par sa mère qui rechigne à le voir se lancer dans un métier à vocation artistique. C’est ainsi qu’en 1942, Raymond Macherot s’inscrit en Faculté de Droit à l’Université de Liège. Un cursus universitaire qu’il abandonne au terme d’une année.
Il se tourne, dans un premier temps, vers le métier de journaliste. Il rejoint en 1945, la rédaction du journal local verviétois,
Le Courrier du Soir. Responsable, entre autres, de la rédaction de chroniques artistiques, il développe un véritable attrait pour la peinture et plus particulièrement pour le travail de Pablo Picasso. En parallèle, à la même époque, il publie ses premiers dessins dans
PAN, un hebdomadaire satirique belge crée en 1945 et encore publié de nos jours. Pour
PAN, Macherot réalise une série d’illustrations à l’humour caustique sous le pseudonyme de
Zara.
Lorsqu’en 1951,
Le Courrier du Soir décide de se passer de ses services, Raymond Macherot choisit de se lancer professionnellement dans la bande dessinée. Inspiré par le parcours du dessinateur
Jacques Martin (
Alix, Lefranc…) lui aussi habitant Verviers, Macherot, se rend à la rédaction du
Journal de Tintin (1946-1988). Pour ce magazine hebdomadaire de bande dessinée bruxellois, concurrent direct du
Journal de Spirou et dont Hergé est le directeur éditorial, Macherot propose une série de chevalerie intitulée
Le Chevalier Blanc.
Malheureusement, si la rédaction de
Tintin se montre intéressée par le scénario de
Chevalier Blanc, le dessin de Macherot est jugé trop rigide et ne séduit pas. De fait, la partie graphique de
Chevalier Blanc est confiée au dessinateur Fred Funcken (
Harald le Viking, Lieutenant Burton). Les membres de la rédaction du
Tintin remarquent toutefois le potentiel de Macherot et invitent ce dernier à rejoindre le studio des éditions du Lombard (la maison d’édition publiant
Le Journal de Tintin). Macherot est ainsi invité à faire ses preuves avant de, peut-être, se voir confier sa propre série. C’est ainsi que pendant un an et demi, l’auteur réalise, au sein du studio, quelques histoires courtes et illustrations qui alimentent les pages du
Tintin (
L’Homme qui Tua le Diable, Le Véritable Monde Perdu, L’Odyssée du Flandre Impérial…).
La chance lui sourit finalement en 1953 lorsqu’au sortir d’une conférence, Raymond Leblanc, l’éditeur responsable du
Tintin, remarque le jeune Macherot griffonnant presque négligemment une petite souris en train de grignoter une carotte. Intrigué par le trait simple et spontané du dessinateur, Raymond Leblanc lui propose de réaliser une courte histoire animalière mettant en scène de petits animaux de la forêt. Enthousiaste, Macherot s’attelle immédiatement à la tâche. Il crée les personnages
d’Anselme et Gustave deux petits rongeurs amusants, ainsi que le personnage de
Marguerite la grenouille. Ces petites créatures sont mises en scènes dans
Mission Chèvrefeuille, une histoire douce et bucolique en quatre pages qui est publiée le 24 septembre 1953 dans le
Tintin et a même les honneurs d’apparaitre en couverture du journal. Macherot n’en a pas encore conscience, mais il vient de poser les bases de sa future série à succès :
Chlorophylle.
En 1954, suite à l’accueil généralement positif reçu par
Mission Chèvrefeuille, et soutenu par Raymond Leblanc, Macherot entame la réalisation de sa première grande histoire :
Chlorophylle contre les Rats Noirs. Pour ce récit long,
Anselme et
Gustave deviennent
Chlorophylle et
Minimum, respectivement un lérot et un mulot, deux petits héros à poils courts, aux prises avec
Anthracite, le terrible chef des rats noirs. D’emblée, Macherot réussi, avec
Chlorophylle, à faire une satire du monde contemporain en s’inspirant des travaux de Walt Disney ou d’Edmond Calvo (
La Bête est Morte…).
Chlorophylle contre les Rats Noirs séduit presque instantanément le lectorat du
Journal de Tintin, encourageant Macherot à dessiner la suite.
Entre 1955 et 1963, Raymond Macherot réalise un peu moins d’une dizaine d’histoires de
Chlorophylle dans lesquelles son style graphique et sa manière de raconter ne cessent d’évoluer. Ainsi, à partir de l’album
Pas de salami pour Célimène (1956),
Chlorophylle et
Minimum quittent la campagne pour vivre une aventure en ville. Ils utilisent une petite automobile pour se déplacer dans le
Bosquet Hanté (1956), puis, à partir de l’histoire
Les Croquillards, publiée en 1957, ils découvrent le village de
Coquefredouille, village dans lequel les animaux vivent et s’habillent comme des êtres humains.
En parallèle aux aventures de
Chlorophylle, Macherot, souhaitant changer d’univers, invente, en 1959, le Colonel Clifton. Détective britannique à l’imposante moustache blonde,
Harold Wilberforce Clifton, ancien colonel du MI-5, vit des aventures où se côtoient suspens et humour, un peu à la manière des aventures du
Gil Jourdan (
Maurice Tillieux). Macherot anime les
Aventures de Clifton le temps de trois récits avant qu’un désaccord avec l’éditeur Raymond Leblanc ne l’incite à quitter les pages du
Journal de Tintin en 1946. C’est ainsi que, la même année, Raymond Macherot rejoint les rangs du
Journal de Spirou, le principal concurrent du
Journal de Tintin.
Malheureusement pour lui, les éditions du Lombard restent légalement propriétaires des personnages de
Chlorophylle et de
Clifton (dont la réalisation des histoires échoue à d’autres dessinateurs et scénaristes) et Macherot n’a d’autre choix que d’abandonner ses créations. Qu’à cela ne tienne, Raymond Macherot donne successivement naissance à deux nouveaux personnages qui vont faire les beaux jours du
Journal de Spirou :
Chaminou, le chat détective (1964) et, surtout,
Sibylinne la petite souris (1965) dont l’univers animalier n’est pas sans partager de nombreuses similitudes avec celui de Chlorophylle.
Macherot réalise ainsi, entre 1967 et 1984, près d’une dizaine d’albums de
Sibylinne. En parallèle, il collabore avec de nombreux dessinateurs et scénaristes de renoms comme René Goscinny (
Astérix, Iznogoud, Le Petit Nicolas…),
Yvan Delporte, avec qui il co-écrit les scénarii de la série
Mulligan (dessinée par Berck) ou encore
Will, pour donner vie au personnage titre de la série
Isabelle.
Raymond Macherot prend sa retraite au début des années 1990. S’il ne fait plus de bande dessinée (sauf en de rares occasions) il continue toutefois à peindre énormément. Il décède dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 septembre 2008. Son œuvre, poétique et pleine de fantaisie fait, encore de nos jours, partie des classiques du 9
e art.