– Oui ? Allô ?
Le silence.
– Allô ? Qui est à l’appareil ?
– C’est moi, c’est Maman.
– Maman ? Mais qu’est-ce que…
– Tu ne m’appelles jamais, Guillaume.
– Ne me dis pas que tu me réveilles à 3 heures du matin pour me dire que je ne t’appelle pas assez souvent !
– J’ai éteint la lumière et quand je l’ai rallumée, il était mort, a dit ma mère au bout d’un moment.
– Quoi ? Qui est mort ?
– Il est dans la chambre, a-t-elle ajouté. Si je n’avais pas éteint, j’aurais pu voir ce qui se passait.
– Calme-toi, Maman. Essaie de m’expliquer.
– Il est mort dans l’obscurité, Guillaume. Dans le noir le plus complet. J’étais là, mais je n’ai rien vu.
Auteur de Si le cœur nous en dit
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…