Veronika Mabardi suit les traces que son frère a laissées, comme on suit une piste. Elle remonte le chemin vers la fratrie, les jeux, les solidarités de l’enfance. Les liens indéfectibles avec les amis. Les premiers choix et les premiers doutes. Les parents, leurs valeurs, leurs combats. Les assignations d’identité, les dénis, les injonctions à saisir sa chance, à se comporter normalement. Et le chaos qui s’installe dans la vie de ce frère qui a ébranlé ses certitudes. Qu’est-ce qui n’a pas été dit, pas même pensé ?
Sauvage est celui qui se sauve est le livre qui n’aurait jamais dû être écrit. Veronika Mabardi y dresse la cartographie de cette rencontre improbable au sein d’une famille métisse et rend hommage à cet homme, ce frère, artiste en devenir, champion de la disparition, qui dansait sur les limites.
Autrice de Sauvage est celui qui se sauve
J’écris : voici mon frère, il n’a fait que passer, mais la phrase ment. Alors je cherche les traces qu’il a laissées dans le regard des autres. Il me relie à eux. Qu’est-ce qui s’est inscrit en eux de son passage ? Suivre le fil : plonger sous la matière, là où s’emmêlent et se confondent les fibres, rejoindre la surface, reprendre. Les mots de Veronika Mabardi circonscrivent en pointillé les contours de la perte et tracent, d’un même mouvement, l’empreinte d’un corps qui jamais n’a pu se résoudre à respecter les limites. Ce corps est celui de son frère, Shin Do Mabardi, arrivé à l’âge de cinq ans dans cette famille d’intellectuels de gauche, douce et généreuse, depuis la Corée du Sud. En dépit de l’amour qui l’attend…