Monica Berthier avait alors 29 ans lorsqu’un camion a percuté la voiture familiale sur la route des vacances. Son mari et son fils sont tués sur le coup. Malgré l’affection des amis et de sa vieille tante préférée, Eléonore, Monica sombre dans l’alcool. Ne supportant plus sa maison, elle vide son compte, bourre une valise de vêtements et claque la porte en laissant les clés à l’intérieur. Trois mois plus tard, elle dort dans la rue. Mendier pour boire, éviter le Samu social et les voleurs, s’endormir avant que le froid ne pénètre son corps, sont devenus la préoccupation de cette brillante professeur de Lettres.
Très vite, Monica tombe dans une forme de névropathie. Elle parle toute seule, ressassant les jours heureux. Elle a rejoint un petit groupe dont les huit membres passent leur temps à s’insulter et à se batte mais indissociables face aux flagellations de la rue.
Un jour de printemps, la police l’arrête. Sa tante Eléonore à qui elle rendait parfois visite a été cambriolée et assassinée. Très vite, Monica devient la coupable idéale. Elle quitte la rue pour la prison. L’engrenage judiciaire se met en marche… Et le sevrage soudain, violent, brutal.
Au fur et à mesure que se déroule une instruction à charge (le crime ne peut avoir été commis que par ce débris de l’humanité), Monica recouvre une santé physique et mentale.
Deux ans plus tard, c’est le procès. La cour d’assises se réunit pour juger Monica Berthier. La femme dans le box des accusés n’a plus rien à voir avec cet être déchu et marmonnant. Le jury, convaincu par la plaidoirie de la partie civile, l’acquitte.
La porte de la prison s’ouvre et la rue s’offre à nouveau à elle. Monica dépose sa valise. Est-elle finalement coupable ou innocente du meurtre de sa mère ? Que va-t-elle choisir : la résidence que l’assistant social lui a conseillée ou jeter à nouveau sa vie dans le caniveau ?
Auteur de Sans destination finale
Le phénomène du sans-abrisme est difficile à appréhender par la majorité de nos semblables qui peinent à imaginer comment une femme ou un homme peuvent en venir à connaître un niveau de précarité aussi aigu. Approcher cette réalité nécessite une prise de distance par rapport aux émotions que suscite par exemple la mendicité, que celles-ci soient guidées par le rejet agacé ou la compassion béate. Le mystère de la grande précarité a déjà intéressé nos auteurs : on songe ici par exemple à Je n’ai rien vu venir d’Eva Kavian ou Dix centimes de Xavier Deutsch. Patrick Declerck a même rédigé un volume de la collection « Terres humaines » (Les naufragés – Avec les clochards de Paris, Plon, 2001) dans lequel il aborde cette réalité…
Bonjour la vie !... un titre apparemment simple mais qui sous-entend une modernité conquérante, à travers laquelle…