En novembre 1792, à 25 ans, Saint-Just, le plus jeune député de la Convention, à peine élu, se fait connaître par son discours lors du procès du roi, affirmant : « On ne peut point régner innocemment ». À partir de là, sa vie se confond avec les aléas de la Révolution. Moins de deux ans plus tard, le 9 thermidor, il est condamné par cette même Convention, qu’il affronte, des heures durant, silencieux et les bras croisés. Le lendemain, il est guillotiné.
Rimbaud a écrit ses poèmes en l’espace de quelques années, de 16 à 21 ans, dans les éclats de la fin de l’empire, de la guerre franco-prussienne, du soulèvement de la Commune de Paris puis de son écrasement, et du retour à l’ordre. Après, il tourne le dos à la littérature, voyage et disparaît aux confins de la corne d’Afrique, avant de revenir, malade, se faire amputer et mourir à Marseille.
Parcours fulgurants, destins exceptionnels. Par-delà leur jeunesse, le silence dédaigneux de la fin, ils se rejoignent dans le projet, au croisement de la politique et de la poésie, de régénérer les êtres et le monde. Ce livre voudrait proposer une lecture croisée de l’œuvre et de la vie de Rimbaud et de Saint-Just, autour de quelques moments charnières et de thèmes communs (la fraternité, l’harmonie, le bouleversement de la société) en les réinterrogeant à partir du silence final.
L’ambition est de mettre à jour les correspondances entre les deux hommes et de donner envie de les lire et de les relire, en montrant la radicalité et la force de leur action à la lumière d’aujourd’hui.
Auteur de Salut et liberté : regards croises sur Saint-just et Rimbaud
Une revue catholique au tournant du siècle : Durendal 1894-1919
À propos du livre (texte de l'Introduction) Lorsqu'on parcourt une histoire de la littérature belge de langue française, le chapitre consacré à cette époque particulièrement florissante, qui va de 1880 à la première guerre mondiale, frappe par l'éclosion soudaine de revues littéraires qui suivirent l'exemple de la Jeune Belgique. Dans la liste de ces revues plus ou moins éphémères, l'attention est attirée par la longévité surprenante de l'une d'elles, Durendal, revue catholique d'art et de littérature . Ce mensuel catholique parut pendant vingt ans, de 1894 à 1914, alors que la Jeune Belgique ne sortit de presse que durant seize années et que la Wallonie disparut au bout de sept ans. Quelle recette a donc permis à Durendal de garder si long-temps ses lecteurs? Et une seconde question vient à l'esprit : à quoi pouvait bien s'intéresser une revue littéraire catholique à un moment où la littérature catholique semble inexistante? Qui a fondé Durendal ? Quels étaient ses objectifs? Autant de questions sur lesquelles bien peu de critiques ou d'historiens littéraires se sont penchés. En faut-il davantage pour désirer examiner avec un peu d'attention cette revue et la sortir de l'oubli, comme ce fut fait autrefois pour la Jeune Belgique et la Wallonie ? C'est ce que nous allons essayer de faire : rechercher les origines de la revue, découvrir son but, analyser la manière dont elle l'atteignit et les raisons qui la maintinrent en vie au-delà de la durée moyenne d'existence des revues littéraires belges. Ce travail ne se veut pas exhaustif: beaucoup d'aspects devront malheureusement rester ignorés, principalement certains problèmes plus particulièrement artistiques qui sortent de nos compétences par leur caractère trop technique. Nous ne proposerons pas non plus, dans chaque chapitre, un relevé détaillé de tous les articles parus dans Durendal et traitant du sujet mais seulement les extraits les plus significatifs. La présentation typographique de la revue, son illustration de plus en plus abondante et le sommaire de chaque numéro ne nous paraissent pas mériter de longs développements. Il suffit de savoir qu'en 1894 chaque numéro comptait vingt pages, tandis que ce nombre…