Il dérangea, fascina, exaspéra. Il suscita plus d’articles haineux qu’aucun de ses contemporains. Mais il sut aussi retourner les critiques les plus hostiles et cultiver l’intérêt des commentateurs les plus brillants, à commencer par Barthes, Blanchot et Foucault. Peu suspect de complaisance, Nabokov lui-même tenait La Jalousie pour « le plus beau roman d’amour depuis Proust ».
Étonnamment pourtant, l’œuvre d’Alain Robbe-Grillet est aujourd’hui moins lue et, alors que l’année 2022 marque le centenaire de sa naissance, aucun travail biographique le concernant n’est encore paru. Aussi ai-je voulu, prenant appui sur les nombreuses archives que l’écrivain a laissées, faire revivre sa figure et, avec elle, l’aventure du Nouveau Roman.
Entouré d’une réputation d’austérité, le Nouveau Roman naît en un temps, à la fois proche et lointain, où les débats littéraires soulèvent de vives passions. C’est une exceptionnelle rencontre de talents, une histoire d’amitiés et de brouilles, de coups d’éclat et de zones d’ombre. J’évoquerai la longue alliance de « Robbe » avec Jérôme Lindon, son amitié avec Jean Paulhan, ses relations changeantes avec Nathalie Sarraute, Claude Simon ou Roland Barthes, ainsi que le couple hors normes qu’il a formé avec Catherine Robbe-Grillet.
Je tenterai aussi de faire revivre l’enfant tourmenté, l’ouvrier du STO, l’ingénieur agronome, le ciseleur de phrases, le sentimental secret, l’éditeur audacieux, le brillant pédagogue et l’infatigable voyageur que fut Alain Robbe-Grillet. Je m’attacherai à cet homme étrange, séparé des autres par ses obsessions singulières. Un personnage infiniment plus complexe que le provocateur médiatique des dernières années. Un auteur majeur qu’il me paraît essentiel de redécouvrir.
B.P.
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