De la religion et autres balivernes
De la vertu et autres fadaises
Du narcissisme et autres névropathies
Du sexe et autres bagatelles
De la raison pragmatique et autres frivolités
De la raison sportive et autres coquecigrues
De la raison scientifique et autres approximations
De l’art et autres billevesées
De la littérature et autres fariboles
suivi du PETIT TRAITÉ DE MÉTAPHYSIQUE ÉLÉMENTAIRE
Quel que soit son champ d’action, c’est en champ de bataille qu’il excelle à le transformer. Car Alain Dantinne est bel et bien un arbre batailleur (comme les oliviers de René Char), un iconoclaste à la langue belge coupante un peu, un peu plus. On soupçonne qu’il ne doit pas avoir les dents longues, il s’en contrefout, mais il a les crocs d’un fauve à l’humour ravageur aussi joyeux qu’elliptique.
Injonction d’écriture, prescription morale : s’ils ont quelque valeur, on ne peut se contenter de se payer de mots.
Qu’on ne s’attende pas maintenant à quelques exemples métaphysiques ou kantiens du félin, je ne le citerai pas, on ne saurait le résumer car qui ferait plus concis que lui ? Il faut donc lire Dantinne dans le texte seulement.
(Alain Blanc)
Auteur de Pure critique de la raison Suivi du Petit traité de métaphysique élémentaire
Prononcer vingt-cinq aphorismes par jour et ajouter à chacun d’eux : Tout est là, ironisait Jules Renard. Voici trois ouvrages pour encourager à cet exercice quotidien. Car il s’agit bien de cela : d’une discipline mentale comme il en existe de physiques. C’est à se demander si le cerveau n’est pas un muscle. En tout cas, on en a tous un, ce qui fait dire à Gustave Lebon : L’homme pense par aphorismes.Nous sommes tous ego. Certains plus que d’autres, renchérit Alain Dantinne, frappant ici en finesse. Sa Pure critique de la raison (suivi du Petit traité de métaphysique élémentaire) fonctionne par thèmes majeurs réduits en saillies : De la religion et autres balivernes,…
Mal blessée. Journal philo amoureux 2.0 d’un enfant du siècle
Olivier Terwagne a retrouvé le journal de Constance dans une maison inoccupée de Chimay et tente, dans cet ouvrage, d’assembler des fragments pour nous livrer des traces de vie de la jeune fille. L’historien ne nous donne pas à lire ici un témoignage lisse, structuré et exhaustif de l’héroïne. Il est en effet « difficile […] de lancer un avis de recherche pour retrouver une femme qui “n’existe pas” ». C’est donc à travers des aphorismes, des photos, des contes, des lettres et de nombreux poèmes que nous découvrirons les morceaux de vie de cette jeune femme un peu paumée. Amoureuse d’un Kiriakos grec passionné d’hellénisme, qui a accessoirement une femme et trois enfants, Constance nous fait part de ses questionnements et réflexions sur cet amour, la vie et « ce bordel dans [sa] tête ». Passant constamment du coq à l’âne, elle effectue un va-et-vient régulier entre la culture belge et grecque, en citant de multiples autres références culturelles : elle nous emmène dans un grand écart entre Brel, David Bowie, Périclès, Nietzsche, André Rieu, Truffaut, Steve Jobs, Brassens, Desplechin et j’en passe (sic !). À cela, vous ajoutez une passion pour les rimes, les oxymores et les idées engagées un brin subversives, vous avez alors un bref aperçu de ce qui vous est donné à lire. Accrochez-vous, il faut suivre ! Entre reconnaissance des exclus Et exclusion des connaissances Entre utopisation et mythologisation Entre récit saturé de la fin et récit fondamental des origines Entre le choix du retour à et la dissolution sans retour Entre l’effort de vérité et le confort des postvérités Sur ces entrefaites Je vous laisse au choix impossible Qui est réellement Constance ? Une actrice qui écrit un manuscrit dont nous saurons peu de choses. On sent vibrer une âme romantique et difficile à dompter : « Je me vis mieux à l’envers », « On ne possède pas les clés de sa propre maison », « Je me suis inventé des rêves », « Mes histoires d’amour n’en finissent pas de commencer ». Dans ce journal, le célèbre « je est un autre » est palpable et on l’approche à petites touches. Notes de casting – Actrice haut potentiel mais trop indocile – Aucune connexion dans le milieu (n’est pas « fille de ») – Côté sauvage intéressant mais pas « bankable » – Jouer sur la belgitude pour vendre l’image (mais déjà-vu) – Peut passer du rire aux larmes en trois secondes – Peut nous faire chier en trois secondes aussi – Problème avec la nudité – Promotion canapé impossible – M’a traité de sexiste – Trop intelligente – Féministe – Mélange de Liv Ullman et de Romy Schneider – Bilan : À recontacter pour une comédie douce amère Les fragments de ce journal de mal blessée nous apprennent à aimer Constance à travers ses mots, sa rébellion et sa douce poésie, mais aussi à travers tout ce qui n’est pas dit. On sent l’attachement d’Olivier Terwagne à cette anonyme que tout le monde a oublié sauf lui et son implication authentique à vouloir nous transmettre ce témoignage. Faut-il chercher ? Tout expliquer ? Laisser sa chance à l’ellipse et aux failles spatio-temporelles ? Laisser parler les fantômes incorporés en nous ou à jamais les réduire au silence ? Je me suis attaché à ce couple et à ces deux personnages dans leur singularité. Elle, très intelligente, bipolaire, philosophe, érotique, fragile, alcoolique, nostalgique, terriblement vivante, artiste, actrice… Lui, mystérieux, taciturne, lucide, enraciné, voyageur, poète… L’interaction entre la Belgique et la Grèce est un sujet rarement traité. Accéder à soi-même et au monde par les signes d’humanité dont sont dépositaires les textes de nos héros. La culture comme accès à soi. Comme révélation. Mal blessée , un récit qui nous fait toucher à l’énigme de…
Depuis peu présidente de l’Association des écrivains de Belgique (AEB), membre…