C’est un poème sucré, l’histoire d’un enfant berger, de chèvres espiègles et de moutons, un village aujourd’hui rasé, un passé disparu. C’est le poème d’un homme qui réapprend à parler, dans une langue nouvelle. Quand Assam Mohamed est arrivé en France, suite à un long parcours en provenance du Soudan, il ne parlait pas français mais saisissait toutes les occasions d’apprendre. Elsa Valentin a été l’une de ses professeurs. Tout en lui apprenant à écrire et prononcer les mots du français, elle s’est constitué un petit lexique de mots en arabe pour apprendre elle aussi. Ainsi, le récit d’enfance d’Assam Mohamed s’est tissé dans les deux langues. C’est comme cela que l’on apprend à parler, par besoin de se raconter et de dire le monde.
Pour rendre compte de ce tissage entre le français et l’arabe, nous avons gardé dans ce livre certains mots en arabe au milieu du texte français, et inversement. Une transcription phonétique, autour du texte, permet de les prononcer dans l’autre langue. Pour traduire ces mots en images, Frédéric Hainaut dessine comme dans un souffle, avec l’énergie et le geste dru, sec, assuré et naïf d’un enfant.