Tu te moques des grandes pluies, tu ne te perds jamais dans les labyrinthes, et tu n’attends pas ton tour au bout des files d’attente. Tu te fais oublier. Pendant que je m’affaire à fermer un manteau, à cueillir des cerises, à seller un cheval. Pendant que je t’écris des livres.
Ce texte d’Albane Gellé est tout à la fois une adresse à un tu absent et un long monologue où le temps, la nature et les vivants prennent chacun leur place. Elle nous donne à sentir que l’absence physique peut être compensée par une omniprésence dans les « petites » choses de tous les jours. Elle nous dit qu’une présence rendue vivante au fil du temps, des saisons et des enfances qui se succèdent, est le seul atout de l’absence et le point d’ancrage des vivants. Avec elle, le lecteur imagine l’absent, accompagne les gestes simples et se souvient de ses propres fêlures.
Albane Gellé fixe les mots comme autant d’objets à manipuler avec soin pour que la mémoire affleure et que le son fasse sens.
Les dessins au crayon d’Anne Leloup invitent à une rêverie organique. Les fleurs, les saisons et le temps qui passe accompagnent le texte. Ces dessins aériens proposent une seconde lecture de la perte et du souvenir comme un renouvellement, un cycle, celui de la vie.
Ce receuil apparaît comme une sorte de testament poétique. Un espoir l'emporte sur…