C’est le regard tourné vers la forêt que Petite-Misère comprend l’instabilité du sol sous ses pas. C’est guettant la mort d’une étoile dans le ciel qu’elle apprend la solitude et l’abandon.
Dans la maison qui fuit, elle assiste, impuissante, à la disparition de ceux qu’elle aime. Attentive aux bruits de la terre qui digère, aux souffles des fées et aux esprits qui reviennent, elle se raconte une histoire pour affronter les ombres.
Entre sa maison de poupée habitée par le vieux Samuel, la ferme de Grand-mère, qui pleure ou maudit ses disparus, et la cabane de Franz, le soldat déserteur, il n’y a guère, sous ses pas, que ce sol qui se dérobe et avec lui toutes ses certitudes.
L’univers de Petite-Misère, petite peste devant l’éternel, irrévérencieuse, enfant protégée par sa deuxième peau, oscille entre tendresse et cruauté.
Un roman à deux mains mais une seule voix. Réalisant une expérience hors normes, les auteurs (le Belge Otto Ganz et la Québécoise Anne Guilbault) font progresser le récit tantôt en alternance, tantôt en réécriture commune, et créent un espace littéraire qui bouscule non seulement le temps, mais aussi les lieux, les objets du quotidien, les références culturelles et jusqu’à l’écriture elle-même.
Auteur de On vit drôle
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