« Un homme entre dans une bouquinerie pour la première fois et y découvre un livre mis de côté pour lui depuis quelques semaines. Un autre s’intéresse à un maniaque de modèles réduits. Une lectrice est abasourdie par son exemplaire numérique de Madame Bovary où quelques grands personnages littéraires y font des caméos. D’autres sont stressés, avec raison, par des murs qui se « dépixelisent »; alors qu’une jeune fille en état d’ébriété refuse le sommeil, car elle se dit poursuivie dans ses rêves par un homme qui veut sa peau. Voilà les prémisses de quelques-unes des histoires qu’on retrouve dans Nouvelles de l’autre vie de Thierry Horguelin. Cet auteur montréalais basé à Bruxelles publie son cinquième livre aux éditions L’Oie de Cravan. Des labyrinthes littéraires intelligents où se terre un grand plaisir de lecture. Ce qui frappe d’abord à la lecture de ce recueil de nouvelles, c’est la maîtrise du genre. Et par maîtrise, j’entends tout le plaisir que l’auteur semble avoir à travailler tant dans la concision qu’avec une mécanique narrative brève. Les composantes de ses nouvelles sont des espèces de poupées gigognes littéraires avec lesquelles il nous laisse jouer sans jamais avoir le fin mot de l’histoire. Chez Horguelin, c’est l’intelligence avec laquelle il s’en prend à certains codes littéraires qui interpelle le lecteur, passant ainsi d’une nouvelle frôlant la science-fiction à un pastiche d’Agatha Christie avant de se terminer sur une nouvelle composée uniquement de tweets. Bien qu’on ait l’habitude de taxer d’inégaux les recueils de nouvelles, ce n’est absolument pas le cas de ces nouvelles, tout aussi jouissives les unes que les autres, se dépliant comme d’habiles univers dans lesquels on aimerait replonger. Il serait déplorable ici d’utiliser une expression consacrée parlant de pots et d’onguents, mais il n’en reste pas moins que c’est le sentiment qui nous porte à la lecture de ce livre, quelque chose comme un juste dosage de référents littéraires, de retournements narratifs et de personnages aux abords banals. Les décors dans lesquels ces derniers sont plongés sont toujours près de nous, bien ancrés dans un réel aisément croyable, avant de glisser, de s’éclater, dans des situations au burlesque assumé ou dans des cauchemars éveillés. À lire pour ceux qui aiment se perdre, sourire en coin. »
Auteur de Nouvelles de l’autre vie
Thierry Horguelin, le plus british des citoyens de la République Libre d’Outremeuse, nous revient après un large détour par Montréal. Son recueil Nouvelles de l’autre vie, édité par l’enseigne au nom énigmatique L’Oie de Cravan, s’annonce en quatrième de couverture comme « l’exploration de quelques labyrinthes ». Égarement garanti.L’ouverture est toute borgésienne, dans la mesure où « Mon double et moi » jouit du double statut de fausse préface comme d’histoire inaugurale ; où l’auteur – frêle figure, fragile instance s’il en est, aujourd’hui – se fait littéralement doubler par son Doppelgänger qui lui pique femme, réputation, biens et destinée… Le malheureux dépossédé de sa vie se voit acculé à…
Les livres de Thierry Horguelin sont des verres d’alcool fin et précieux, le marc de ce que d’autres auteurs plus prolixes ou moins rigoureux diluent dans l’eau : on sirote du Horguelin tous les trois ou quatre ans, et l’ivresse elle aussi est d’une qualité rare..
Après son entêtant Alphabétiques, où l’auteur déployait ses talents oulipiens en déclinant une même histoire de séduction foireuse et de rixe vengeresse vingt-six fois (un récit par lettre de l’alphabet, chacun étant composé exclusivement de mots commençant par ladite lettre), Horguelin nous revient avec un recueil de nouvelles, Nouvelles de l’autre vie, d’une autre cuvée mais du même tonneau que la Nuit sans fin (prix Franz de Wever 2009). Et c’est du bon, du…
Réflexions sur trame poétique et sur fond parfois couleur d'Ardenne : littérature,…