Quinze janvier 1964. L’aube renaissait tendrement. Des rayons veloutés pénétrèrent la selve. Ndini arracha son ombre aux arbres drogués de réveil. L’ombre traînait les pas, s’allongeait paresseusement derrière ses talons, tardant à se réveiller dans ces sentiers frais qui malgré la saison sèche étaient mouillés de rosée.
Il dirigea sa marche vers les marécages. Quelques compagnons le suivaient. Le plus jeune, Tchada, collé à son ombre, lui emboîtait le pas et lui, Ndini, sentait la chaleur de ses yeux ardents accrochés à sa silhouette. Il se retourna et sourit à tous ces visages denses et sérieux où deux pierres de lune, prunelles brillantes étaient plantées dans le tissu lisse et ferme de leur adolescence.
Bientôt le petit groupe d’hommes légèrement armé atteignit les marécages moussus. Aussitôt leurs jambes, soutenues par la souplesse élastique de leur musculature s’y enfonçèrent sans jamais s’y embourber.
Quand le premier hameau fut à portée de vue, Ndini jeta un coup d’oeil sur l’océan, vérifia la position du navire de guerre portugais qui mouillait au large de Catabaõ: Rien de neuf. Le museau acéré pointait comme à l’ordinaire devenant peu à peu, un de ces objets familiers qu’il retrouvait à chaque tournée d’inspection.
Sans doute s’attendait-on à l’attaque imminente, mais où se produirait-elle? Certainement pas dans ce décor au repos.
Un hôpital qui s'écroule, un rapport d'expert qui se perd, une disparition inquiétante, des amours qui se nouent…