Jan BAETENS et Marie-Françoise PLISSART, Mon jardin des plantes : poèmes et photographies, Impressions nouvelles, 2024, 136 p., 18 € / ePub : 7,99 €, ISBN :978-2-39070-145-3Jan Baetens (1957) est l’auteur de vingt recueils de poésie, dont récemment Après, depuis (2021, prix Maurice Carême de poésie 2023) et Tant et tant (2022). Styles et thèmes de ses livres varient mais leur point de départ est toujours le même : la vie quotidienne repensée par l’art et la littérature. Auteur de nombreuses études sur les rapports entre textes et images, dont Le roman-photo (avec Clémentine Mélois) ou Adaptation et bande dessinée : éloge de la fidélité, dans son essai Illustrer Proust, il…
Trente ans ! C’est le temps qu’il a fallu à Isabelle Bielecki pour comprendre que ses poèmes adressés à la mer, alors écrits « d’un jet brûlant », parlent en vérité de sa mère. L’amniotique homophonie est restée inconsciente tout ce temps. Ce sont les photos à grand format de son compagnon Pierre Moreau qui ont réveillé ses textes longtemps enfouis. Ils forment aujourd’hui la première partie du recueil Miroirs à marée basse . La mer / Est tellement fière — La mer / File en arrière — La mer / Jusqu’en enferLa mer / Se désespère — La mer / Des jours amers — La mer / Au cœur de pierre Au centre, un cahier soigné de six images très vives laissent le ciel prendre tout l’espace au-dessus de la plage. La solitude y répond à la foultitude, l’immense y accueille le minuscule des êtres et leurs traces, et la météo impose ses humeurs changeantes ; lumineuses ou méchantes. Les images séparent les textes d’avant, remontés à la surface, et ceux de maintenant, sur mesure. La mère est morte et la mer l’emporte. La mer / Cette volière — La mer / Enserre — La mer / PaupièreLa mer / Dentellière — La mer / Écuyère — La mer / Lisière En contrepoint, « les textes en caractères droits (pages paires) appartiennent à Martine Rouhart. » Et si Isabelle Bielecki « voit le verre à moitié vide », son amie boit le verre à marée haute. Ainsi, la verve des deux poétesses fait un flux et un reflux ; la seconde partant du point d’encre de la première, que la page a bu comme la plage absorbe une vague mourante. Joëlle Aubevert, éditrice pour Le Coudrier, a ces mots : « La poésie est l’eau de la littérature ». Mes pas vont et viennent / dans la pénombre — Sur la plage nue / érafléeLa lumière cassée / les ombres élargies — Rumeur sourde de la marée montante Le travail d’écriture à trois miroirs a été poli lors du voyage littéraire du Non-dit en septembre 2018 à Berck-sur-mer, sur le thème des « Écrits du Nord ». Ainsi, la lecture de cet ouvrage au format paysage prend un chemin familier vers des rivages reconnus et aimés. Les poèmes et photos ont le don de faire entendre et goûter les vapeurs d’embrun. Et de rappeler par l’incessant mouvement de la lune et du soleil, du jour et de la nuit, de la chaleur et de l’écume, que la mer est l’origine de la vie. Elle reste le lieu notre naissance et exige de nous un éternel retour annonçant un perpétuel voyage. Il faudrait inventer / d’autres saisons — Je regarde la mer / marcher vers moiQuand le jour / s’enfoncera dans la mer — Partir pieds nus / dans le noir Tito…
Plaisir toujours renouvelé de retrouver la prose poétique de Karel Logist après quelques années d’absence.…