La fêlure était bien visible. Elle dépassait les cinq centimètres en longueur et entraînait l’évier dans un léger ballottement. R* n’avait pas les moyens pécuniaires de faire appel à un technicien agréé dans les arts du sanitaire pour réparer cette zébrure.
«Quand on a mal à la tête suffit de prendre une aspirine !… mais que faire avec un évier ?» Avec cette réflexion, R* sentit qu’il abordait les grands thèmes de l’existence, de l’essence, du chaos, de la matière, de l’être … ce qui avait pour effet de lui donner le vertige – une sorte de sensation d’être absorbé par le mouvement rotatoire d’un typhon.
Des textes qui parlent d’artistes malades mentaux, de leurs œuvres et de leurs obsessions, dans lesquels Michel Bernard prend le parti de se mettre au cœur de chacun d’eux, loin d’une analyse ou d’un jugement.
« Ça me colle dans la peau, ça m’écrabouille la tête, ça me délétère l’esprit, ça me tortille les tripes, ça me chauffe les entrailles, ça m’explose les yeux, ça me donne l’envie de hurler, ça tempête ma morale, ça… quoi ça… simplement l’art brut. Les aliénés, les malades, les déments, les déséquilibrés, les braques, les détraqués, les cinglés, les fadas, les dingues, les frappés, les loufoques, les loufdingues, les marteaux, les piqués, les sonnés, les tapés, les timbrés, les tocs-tocs, les mabouls, les cinoques, les dingos… ceux qui osent écouter un nuage pleurer, qui osent souffler sur la bougie de ma normalité… Ces contes brutaux sont leurs traces, l’empreinte de leurs œuvres, le sillage de leurs visages, la cicatrice des tourbillons qu’ils ont laissé paître en moi. »
Illustrateur de Moi, l´Evier et Dieu
Illustrateur de Moi, l´Evier et Dieu
Tout commence sans crier gare, par une attente longue de promesses. Neuf mois dans la pénombre…