Bréhaigne, je me suis résignée ou résolue à acheter un enfant robot, commerce quasi clandestin. Âge apparent : huit, dix ans. Un de ces visages qu’on appelle taillés à coups de serpe. Ressemble aux mannequins dans les devantures.
Toutes mes économies y ont passé, j’ai essayé de marchander dans l’entrepôt souterrain avec un vendeur aux allures de croque-mort :
— Modèle unique, madame.
Heureusement mes émoluments vont assurer à mon emplette pain, beurre et cinéma. Je fais l’impossible pour le rendre vivant : fessée sur son cul de plastique, il avait jeté dans le feu ma brosse à cheveux mais il ne sent rien. Un bonbon dans sa gueule, un caillou lui ferait le même effet. Selles de mastic, urine glauque pissée à l’horizontale.
Je vais l’appeler Louis, c’est convenable, tous ces rois, régicides mis à part. On refuse d’enregistrer Louis à l’état-civil et donc aussi de le baptiser, ce dont je me fiche, au fond.
Intelligence artificielle mais peut-être…
Autrice de Louis
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