Rien n’est accompli ni fixe. Ni l’obscur ni l’aube. Ni la clarté ni l’ombre.
Il n’est pas en réalité, tout autour de nous, de début net ni de fin, de frontière entière ni de rideau définitif. La vie est un voyage vague ou un nuage sans départ précis ni contour. Ce trouble que nous éprouvons à cette idée, cet équilibre précaire, cette insistance enivrante du mouvement, du changement et de la complexité, c’est ce qui nous anime et nous harcèle en même temps, nous interroge et nous emporte, nous fait penser, à perte de vue et de souffle, à l’aboutissement, au but, à l’unité.
Seule la poésie nous permet d’évoquer cette étoile invisible, de tenter l’utopie d’une pure page de paix, d’un léger livre de délivrance. Dire, écrire en quelques vers un arc de plénitude vécue, de temps tangible ou intégral, un cercle de jour captif, sans l’ombre d’un doute, sans la crainte d’une rupture ou d’une perte et d’une faiblesse.
Comme une splendide blessure au cœur de l’éternel retour, de la roue indifférente de l’heure, un arrêt qui serait rayonnant, un grand moment de marbre.
L’Ombre de l’aube s’y prête pas à pas, en arpentant la page comme un chemin incertain, à tracer sans repère, tendu vers une crête, un socle lointain de clairvoyance, un horizon de brève sérénité.
Auteur de L’ombre de l’aube
Recueil de poèmes qui tentent de retirer une jouissance de la vie donnée par la mort, de la vie qui…
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