Lieu d’être

À PROPOS DE L'AUTEUR
Fernand Verhesen

Auteur de Lieu d’être

Fernand Verhesen est né à Bruxelles le 3 mai 1913. Romaniste (Études à l'U.L.B., à l'Université de Besançon, etc.), il travaille à Madrid (1934-1935), découvre les manuscrits de dix «Autos sacramentales» de Calderon (étude partielle en 1953), enseigne à l'U.L.B. (1938-1948, langue et littérature espagnoles), poursuit sa carrière à l'Athénée A. Max, à l'Université Columbia de New-York (1964-65). Il traduit les Poésies lyriques de Lope de Vega (avec E. Vandercammen, 1951) et engage une intense activité de traducteur de la poésie espagnole et hispano-américaine moderne et contemporaine, en tant que présentateur et éditeur. Il réfléchit à sa pratique de la traduction dans «Les machinations de l'ambiguïté» (cf. Propositions, C.I.E.P., 1994), et À la lisière des mots (La Lettre volée, 2003). Outre les anthologies qu'il a traduites (Garcia-Prada, O. Paz, F. de Onis) ou élaborées (Anthologie de la poésie ibéro-américaine,Unesco, 1956, Poètes d'Espagne et d'Amérique latine, 1960, Six poètes, 1962, Poésie vivante en Argentine, 1962, De l'incidence des pierres, 1966), des études générales explorent, par exemple, les «Voix vivantes de la poésie hispano-américaine» (Cahiers du Sud, n° 356, 1960), etc.). Il contribue à révéler des poètes comme Carrera Andrade (Les armes de la lumière, 1949), Huidobro (Altaigle, 1957, etc.), Alonso (Poèmes, 1961, etc.), Juarroz (Poésie verticale, 1962, etc.), Diaz-Casanueva (Le chant de la conjuration, 1971, etc.), Pizarnik (Où l'avide environne, 1974), Silva Estrada (Poèmes, 1975, etc.), del Cabral (Saveur d'ombre, 1976), Gonzalez de Leon (Ciel entier, 1978, etc.), Vallejo (Poèmes, 1981), Cerrato (Altérités, 1985, etc.), Tenca (Mémorial du regard, 1989), Porchia (Voix abandonnées, 1991), Cross (Miroir au soleil, 1996). Fernand Verhesen fonde en 1939 les Cahiers Nouveaux de France et de Belgique et y publie intégralement les Mémoires d'Adam, de Pierre Albert-Birot, alors oublié. Soucieux de favoriser ou de susciter des recherches et des études critiques appliquées à l'analyse de la création poétique, il crée en 1954 le Centre International d'Études Poétiques. Il publie, en 1955, le Courrier du C.I.E.P. qui stimule amicalement un réseau de réflexions entre ceux qui situent la poésie dans l'ordre général du savoir et des activités humaines. La rédaction en chef du Courrier a été assurée, depuis 1990, par Pierre-Yves Soucy. Le Centre comprend une Bibliothèque Internationale de Poésie (environ 140.000 livres et revues), une Documentation qui comporte les Fonds Flouquet, Bourgeois, Vandercammen, Goffin, della Faille, Van Nuffel, Albert-Birot, de Bosschère, etc., les fonds d'archives du Journal des Poètes, des Biennales Internationales de Poésie, une «Réserve précieuse», de correspondance et de manuscrits publiés ou inédits de poètes belges et étrangers, un fichier analytique des revues, une documentation générale et des informations fournies par une vingtaine de correspondants étrangers. Fernand Verhesen a mis en 1990 un terme à l'existence du C.I.E..P. dont les biens, les fonds et les archives se trouvent à la Bibliothèque Royale Albert I. Fernand Verhesen fonde en 1949 les éditions Le Cormier dont l'une des premières publications (imprimées par ses soins) fut L'Homme et ses miroirs de Maurice Blanchard, «le plus grand méconnu de ce temps», selon notamment René Char et A. Pieyre de Mandiargues. Sur un autre plan que le C.I.E..PP. mais dans une même perspective, Le Cormier manifeste la cohérence d'une structure vivante d'interactions et de tensions assurée par une diversité de voies et de voix que ne contraignent ni une idéologie directrice ni une téléologie aspirante. Le poète du Cormier, comme l'intellectuel selon Albert Camus, est quelqu'un qui sait résister à l'air du temps, et tient la poésie pour un instrument de vigilance et un lieu d'insubordination, où la pensée investigatrice affronte le risque de toute expérience assumée par l'acte poétique. Le Cormier publie peu, avec le plus grand soin de la "présence" typographique du livre. Son catalogue n'en comporte pas moins (2006) 140 ouvrages qui ont donné la parole, notamment, à René Char, Claire Lejeune, Philippe Jones, Serge Meurant, Pierre della Faille, Werner Lambersy, Georges Thinès, Marcel Lecomte, Albert Ayguesparse, Michel Lambiotte, R.-M. François, Pierre-Yves Soucy, Hubert Antoine, et récemment Serge Nunez Tolin, Christophe Van Rossom, Véronique Bergen et Elke de Rycke. Dans un premier temps, Fernand Verhesen publie plusieurs recueils personnels, dont Passage de la terre (H.c., janv.1940), où se traduisent la terreur d'«un monde ceinturé d'armes» et, tout de suite après la guerre, l'espoir de l'aube accordée (Voir la nuit et Le jour naturel, 1947). Suit un silence rompu en 1970 par Franchir la nuit, puis Les clartés mitoyennes (1978), et L'Archée (1981). «Franchir» la nuit s'entend au sens de «reconnaître» celle-ci comme l'une des composantes essentielles du jour. Le réseau des relations créatrices nuit-et-jour n'est perceptible qu'en des «instants-points de passage», ou en L'instant sans appel (Le Cormier, 1996) de sa saisie par la conscience. Instant qui n'autorise aucune dérive vers toute transcendance, et témoigne d'un parcours imprévu entre les mouvances profondes, énigmatiques, et l'écran sur lequel s'éclairent furtivement quelques traces, les poèmes. Dans cette foulée, Nulle part, ici (Ibid. 2001), «sonde les apparences du quotidien pour en exhausser les évidences internes» (Philippe Jones). En préface aux essais de Propositions (C.I.E.P., 1994), Philippe Jones écrivait : «De 1951 à 1991, pour prendre les dates de deux textes majeurs, Science mathématique et poésie, et Le déclin des absolus, Fernand Verhesen a précisé sa trajectoire en y voyant "une structure relationnelle dynamique". Sa démarche ne serait-elle pas, pour le citer, plus que découverte, acte de vie, comme tout poème, toute pensée puisque l'un et l'autre sont créateurs de réel, par-dessus et grâce à la réalité.» Fernand Verhesen a été élu en mars 1973 à l'Académie de Langue et de Littérature françaises, succédant à Paul-Henri Spaak. Il a obtenu le Prix Albert Mockel, attribué en 1998 par l'Académie de Langue et de Littérature françaises, et le Prix Émile Bernheim attribué en 1996 par la Fondation belge de la vocation. Il est mort le 20 avril 2009.

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