Les yeux rouges

RÉSUMÉ

Une jeune femme reçoit un message sur Facebook. C’est l’amorce d’un piège suffocant à l’heure du numérique, quand la fatalité n’a d’autre nom qu’un insidieux et inexorable harcèlement.

Dans ce roman âpre, où la narratrice ne se dessine qu’au travers d’agressions accumulées, de messages insistants, où l’atmosphère étouffante s’accentue à mesure que la dépossession se transforme en accusation, Myriam Leroy traduit avec justesse et brio l’ère paradoxale du tout écrit, de la violence sourde des commentaires et des partages, de l’humiliation et de l’isolement, du sexisme et du racisme dressés en meute sur le réseau.

 

ÉCOUTER UN EXTRAIT : 

DOCUMENT(S) ASSOCIÉ(S)
À PROPOS DE L'AUTRICE
Myriam Leroy

Autrice de Les yeux rouges

Myriam habite Bruxelles. Elle a fait des études de journalisme à l'UCL et a longtemps enseigné l'écriture de presse aux étudiants qui lui ont succédé sur les bancs de l'Université. Elle a travaillé comme journaliste freelance pour à peu près tout ce qui se fait d'organes de presse écrite en Belgique francophone, mais aussi en radio et en télévision. Il lui est également arrivé de commettre des chroniques humoristiques et d'en tirer des livres (« Les Bobos, La Révolution Sans Effort » et « Myriam Leroy N'aime Pas », à la Renaissance du Livre). Sa première pièce de théâtre, « Cherche L'amour » (Théâtre de la Toison d'Or), lui a valu le prix de la meilleure autrice aux Prix de la critique 2017. Elle a depuis co-écrit le spectacle « Sisters », toujours au TTO. Son premier roman, Ariane  (Editions Don Quichotte), a été finaliste du prix Goncourt du premier roman et du Prix Rossel, notamment. Son deuxième roman, Les yeux rouges, remarqué par le jury du Prix Médicis, est sorti en août 2019 aux éditions du Seuil (il sera adapté au Théâtre de Poche), tandis que sa pièce, « ADN », est jouée en 2020 et 2021 au Théâtre de la Toison d'or. En 2023, Myriam Leroy publie, toujours aux éditions du Seuil, son troisième roman, Le mystère de la femme sans tête. Myriam Leroy a co-réalisé avec Florence Hainaut le documentaire #SalePute (Arte, RTBF). Lauréate d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse de création 2021
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

L’univers des réseaux sociaux et des échanges écrits qui s’y déroulent inspire peu à peu les auteurs de romans, donnant une nouvelle forme d’expression au genre épistolaire de longue date exploité par les gens de lettres. Correspondance réelle ou simple prétexte à une mise en forme d’un récit, il est pratiqué dans Les yeux rouges sous une variante seconde, dans la mesure où la narratrice nous relate le contenu des envois reçus sans nous les livrer donner in extenso.Tout débute avec un message d’un homme qui se présente comme un admirateur qui souhaite entrer en contact avec la journaliste dont il apprécie les chroniques. Cette dernière a en commun avec l’autrice de sévir au sein des services d’un opérateur public et de…


Karoo

Un an et demi après Ariane, la journaliste et écrivaine belge Myriam Leroy nous livre un second roman très sombre, à l’atmosphère oppressante, qui nous confronte brutalement au sexisme et au harcèlement rendus plus pernicieux encore par les réseaux sociaux.


Les yeux rouges met en scène une jeune journaliste, jolie et cultivée, relativement connue du public grâce à ses chroniques radiophoniques acérées. Lorsqu’un certain Denis prend contact avec elle via Facebook, c’est le début d’une descente aux enfers. Cet inconnu se présente comme un admirateur de son travail en quête d’une discussion intellectuellement stimulante. D’abord flagorneur, Denis prend ses aises, tel un vil parasite, pour se muer en harceleur sexiste et destructeur…


AVIS D'UTILISATEURS


Julien Noel

C’est le premier livre que je lis de cette autrice. D’emblée, j’ai été impressionné par la technique de narration en creux, qui distribue la parole à toustes sauf à la protagoniste. Étant donné le sujet, j’ai trouvé ce procédé très habile, puisqu’il invisibilise la parole de la victime tout en laissant une large place aux justifications du harceleur, aux remarques minimisantes de l’entourage… Le portrait psychologique du harceleur est très crédible et l’ambiance générale des réseaux sociaux est habilement rendue. Ce roman réussit le pari de marcher sur la crête, en s’appuyant largement sur l’idiome et les codes d’internet, mais sans non plus glisser franchement vers le stéréotype (les portraits des différents praticiens sont moins subtils, à cet égard). Il en ressort presque aussitôt un sentiment de malaise, de se sentir si proche d’une réalité avérée, en outre concentrée par la fiction qui lui confère une unité d’action.

Si ce livre brille par sa narration, il pèche par sa dramaturgie. J’ai en effet le sentiment qu’il peine à se conclure. Le procédé de la nouvelle insérée, vers sa fin, eût pu constituer une mise en abyme intéressante (enchâsser un texte explicitement présenté comme fictionnel accentue certes l’aspect réel du récit enchâssant) mais n’a pas eu son plein effet sur moi, qui me suis agacé de cette redite dont le format long brise le rythme créé par un récit auparavant uniquement constitué de fragments. Le livre s’achève donc sans réel point d’orgue, et sa conclusion m’apparait également faible, en ce qu’elle ne constitue pas à proprement parler une chute, ni un dénouement suffisamment marquant, au regard de l’intensité qu’avait adopté le récit dès ses prémisses.

Les Yeux rouges constitue néanmoins une lecture engageante (je n’oserais écrire qu’elle est agréable, vu son sujet) et à tout le moins intéressante. C’est un livre résolument moderne, tant par son propos que par la langue souple qui y est déployée ; il en dit sans doute long sur certaines tendances à venir de la littérature.


FIRST:xfirstword - "Les yeux rouges"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Raconte-moi les pluies

La jeune Charlotte Janin débarque d’un bus sur la Plaza Mayor d’une petite ville mexicaine: «  Oasis formée de cubes miniatures et colorés, qui grimpaient sur les collines entourant le centre-ville  », Dolores «  portait bien son nom : ‘Douleurs’, petite ville asséchée suppliant dans la souffrance la pluie boudeuse  ». La pénurie d’eau est totale : «  121 jours de sècheresse. La municipalité ordonne des mesures de rationnement  », lit-on dans le journal.Charlotte vient enseigner à l’Institut français avec l’intention de s’éloigner d’une famille ardennaise d’un catholicisme rigide. Alexandre Cracosky, le directeur de l’Institut, est cultivé, ambitieux et exalté : quadragénaire passionné de sciences politiques, il professe des idées critiques sur l’ordre financier mondial et projette de devenir ambassadeur. Charlotte lui plaît. Il lui fait découvrir des curiosités locales, morbides, atroces même : un musée de momies, un combat clandestin entre deux chiens féroces. Il l’emmène sur la Colline des Loups visiter la maison de sa mystérieuse amie Gabriela.La belle Charlotte cède aux avances d’Alexandre qui écrit néanmoins des lettres enflammées à Gabriela. Mais la sècheresse vide la ville de ses touristes et bientôt de ses habitants. L’atmosphère se fait inquiétante. L’étrange prêtresse Madaé attire la foule en promettant de guérir tous les maux.Les élèves et les enseignants désertent peu à peu les cours. Alexandre part pour Paris, soi-disant pour solliciter du renfort et des budgets, mais en réalité pour se venger d’un complot dont il s’estime victime et dont il accuse notamment Charlotte. Sombrant dans une folie meurtrière, il est interné en France. Seule, sans ressources, sans eau, la jeune femme est sauvée in extremis de la folie et la mort, après un envol d’oiseaux inespéré qui précède de peu les premières gouttes.Dans Raconte-moi les pluies , Dolores est un corps social qui meurt de soif. La nature cruelle fait s’y déliter les destins humains, sans souci de leurs amours, de leurs souffrances et de leurs vies. La romancière belge d’origine mexicaine Maria de los Angeles Prieto Marin s’inspire avec subtilité du réalisme magique sud-américain pour conter une fable aux accents d’apocalypse silencieuse où la ville et ses habitants manquent de s’abimer dans la sècheresse de la terre. René Begon Partagez : Tweet E-mail Imprimer Articles similaires « La pluie est plurielle, dit-il. Il y en a d'infimes, si timides, qu'on se demande s'il pleut. Non, impossible, le soleil brille. Il y a des pluies sales, qui laissent des traces sur le pare-brise. Il y a aussi des pluies fatiguées, mais plus loin, un arc-en-ciel s'est formé, des lignes de couleur diffuses qui leur donnent la permission de s'arrêter et de prendre du repos. Il y a aussi les pluies de mars, les giboulées, brèves et sauvages. Cette pluie devient parfois de la grêle, comme si l'hiver s'accrochait à la terre, pour y rester. Les gouttes sont acérées et nous font mal. Les tempêtes en hiver tiennent dans la durée. Les oiseaux et les hommes se cachent, le vent frappe aux fenêtres, fait tomber les dernières feuilles jaunes et voler les tuiles des maisons. Des imprudents marchent dans la rue, les vêtements dégoulinent d'une pluie féroce. C'est un rideau de fer qui se referme, qui te coupe du monde tout autour. Une punition pour avoir vécu l'été et avoir oublié la saison froide. Je me souviens de cette pluie. Elle échappe aux parapluies, car les vents les retournent et mouillent les vêtements » C'est ainsi qu'Alexandre me raconte la pluie. Elle me manque. Ici, dans cette petite ville mexicaine, il y a une pénurie d'eau sans précédents. Des oiseaux meurent un peu partout et il n'y a pas une goutte d'eau aux robinets depuis des mois. Peu à peu, tout le monde s'en va : mes collègues de l'Institut français, mes amis et voisins. Les commerces ferment. Je me sens de plus en plus seule car même Alexandre, l'homme de qui je suis tombée amoureuse, s'éloigne de moi. Qui est Gabriela, cette femme qu'il admire tant ? Je dois le découvrir.…

Perversus

Je suis entré deux fois dans Perversus , ce qui signifie que j’en suis sorti. La première fut aisée…