Les naissances de la femme





AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:femme - "Les naissances de la femme"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Au cœur des hommes : Enquête sur les affects masculins

Autrice d’une œuvre aussi importante que singulière, psychologue, philosophe, Sandrine Willems interroge dans son essai-enquête Au cœur des hommes la construction de l’identité masculine, le rapport qu’elle implique à la sphère des affects, amour, amitié, joie, tristesse… Ayant recueilli les propos d’une douzaine d’hommes âgés de 25 à 65 ans, elle amène ses interlocuteurs à questionner leurs rapports à l’autre, au genre, au monde, à la vie, à l’invention de soi. Dans sa préface, ce qui a suscité le désir de mener une telle enquête est dévoilé : «  L’origine de ce projet se situe dans ma réaction au livre d’une femme, où je trouvais que les hommes étaient caricaturés, soit en lourdauds qui ne comprenaient rien, soit en figures éthérées, pleines d’idéaux abstraits — face à des femmes qui avaient l’apanage d’une sensibilité incarnée. Cette vision simpliste me heurtait d’autant plus qu’elle me semblait faire écho à certains extrêmes d’un féminisme contemporain, qui remet sur un piédestal d’archaïques puissances matriarcales, pour dénigrer le masculin, comme voué à l’intellectualisation, à ses futilités et ses dangers  ». C’est avec la sensibilité de l’éthologue, le radar de l’écologie des pratiques animales, humaines ou non-humaines, que Sandrine Willems écoute ses interlocuteurs, sans exporter dans leurs paroles des visions, des stéréotypes (anciens ou nouveaux), des grilles d’analyse. Certes, la formulation des questions, le choix des champs d’investigation prédéfinissent, à tout le moins les réponses.Que des clichés aient la vie dure, que certaines femmes figent les hommes (les uns et les autres cisgenres ou transgenres) dans des rôles enfermants, étouffants, que nombre d’hommes (et de femmes) aient intériorisé des visions normatives, des attentes relève des mécanismes de socialisation que Pierre Bourdieu nomme habitus . Mais il n’y a pas d’héritage de modes de pensée, de valeurs, de modèles sans un bougé, une réinvention des rôles, des manières de vivre et de s’inscrire dans le monde. La formule sartrienne «  L’existence précède l’essence  » rend compte de cette inadéquation à soi, de ce devenir d’une identité qui ne coïncide jamais avec elle-même. Afin d’amener les personnes interrogées à se pencher sur leurs affects, sur leur perception du sentiment amoureux, de la tendresse, leur porosité par rapport au monde, le mythe de l’androgynie, leur part féminine, les larmes ou encore la sublimation, l’introspection sur le continent des affects se doit d’être relayée par une mise en pensée de ce qui échappe au plan de l’idéel. Comment, sous quelles formes (superficielles ou plus profondes), l’ouverture à de nouveaux nouages entre soi et soi, soi et l’autre, soi et le monde, l’expérimentation d’un affect «  océanique  » qui s’élargit au non-humain modifient-elles le plan de la psychè et du socius ? Appartenant à certains groupes sociaux, à certains milieux professionnels, culturels, les hommes qui se sont prêtés à l’enquête ne forment qu’un échantillon de la population. Sandrine Willems ne place pas son curseur sur le plan sociologique ou psychologique mais dans un espace éthologique qui recueille des savoirs de soi, des expériences, des doutes. Que disent les affects (passés dans l’athanor de la réflexion) de ceux qui les expriment ? Que perd-on du rapport intime à soi dans sa traduction en concepts ? Comment éviter que le désir d’inventer de nouveaux affects ne devienne un programme alors que le propre des révolutions existentielles est de surgir dans un mélange de pulsions intensives et de riposte à une situation vécue comme insupportable ? Comment être aux aguets et déjouer les nouveaux stéréotypes castrateurs qui remplacent les anciens ? En Occident, le 21e siècle cultive avec brio le paradoxe d’un appel à la libération de soi qui engendre des injonctions massives, des pressions sociétales, des effets de mode moralisateurs et aliénants. C’est avec empathie et dotée de l’oreille d’une musicienne-poète que Sandrine Willems écoute les voix qui explorent les questions qu’elle leur tend, qui se confient à elle. Véronique Bergen En savoir plus Les propos réunis ici sont issus d’interviews, d’une douzaine d’hommes entre 25 et 65 ans. Ils se demandent ce que peut vouloir dire aujourd’hui être  «  un homme  »  et interrogent les multiples sens que ce terme peut prendre, ceux dont ils ne veulent plus, ceux qui restent à inventer. Des hétéros, des bis, des gays, questionnent leur prétendue féminité, et la différence des genres, si incertaine, de nos jours particulièrement vacillante. Par là chacun tente de dire son monde intérieur, ses humeurs, le fond de son  «  cœur  »  ou de son  «  âme  » , et ce que ces mots issus d’un autre âge signifient pour lui. Ce qui mène à réinterroger du même coup l’amour, l’amitié, et ce qui pourrait les élargir, les englober, dans ce qu’on a pu appeler un affect  «  océanique  » , où l’on se sentirait relié au monde non humain, ou à l’inconnu de ce qui nous dépasse. «  Je me sens masculin, au sens d’une adéquation à mon corps, mais parfois j’ai envie d’être une femme. J’ai l’impression de ne pas coller à ce rôle d’homme, je n’ai pas envie de ça, d’être du côté de la force, de celui qui doit porter la femme, de celui qui doit fermer sa gueule. J’ai l’impression que je n’ai pas assez de confiance pour ça, et j’ai envie qu’on me protège aussi. …

Le vivant comme modèle. Pour un biomimétisme radical

D’une prodigieuse richesse conceptuelle, bouillonnant d’innovations pratiques, Le vivant comme modèle. Pour un biomimétisme radical nous délivre des schèmes de penser, de sentir nous donnant la possibilité de nouer une nouvelle alliance avec les formes du vivant. Ingénieur agronome, biologiste, concepteur de la collapsologie avec Raphaël Stevens et Pablo Servigne , ancien élève de Janine Benyus qui a développé la théorie du biomimétisme, Gauthier Chapelle déplie toutes les vertus du biomimétisme, à savoir l’ensemble des processus d’innovation (économiques, technologiques..) que les humains peuvent mettre en place en suivant une idée-clé : ces innovations et ces stratégies à faible impact environnemental doivent être inspirées par le modèle du vivant, par les phénomènes que la nature, les organismes ont expérimentés depuis des milliards d’années. Brassant les récits des exploits de la barge dorée (qui couvre 10.000 km en dix jours de vol ininterrompu, sans se ravitailler), de la marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier l’Amoco Cadiz, de ses expéditions dans l’Antarctique — les régions polaires étant les témoins-clés du réchauffement climatique —, exposant la grande aventure du vivant depuis l’émergence des bactéries, Gauthier Chapelle retrace la généalogie de la vie sur la Terre et démontre comment, alors que les humains ne sont qu’un maillon de la chaîne du vivant, ils ont rompu (par l’agriculture, la révolution industrielle…) leur relation avec la biosphère. Dès lors que nous sommes devenus incompatibles avec la biosphère dont nos actions détruisent, à un rythme accéléré, les règnes de la faune, de la flore, les océans, comment pouvons-nous redevenir compatibles avec elle ?Dans le contexte de la crise environnementale «  dont nous sommes à l’origine  », de la sixième extinction massive des espèces, d’une menace d’effondrement du système actuel (un système industriel basé sur les énergies fossiles), le biomimétisme s’avance comme une boîte à outils permettant de nous reconnecter avec la nature. Interdépendants, corrélés aux autres espèces de l’écosystème Terre, nous compromettons notre survie à plus ou moins long terme (et celles des populations animales, végétales) dès lors que nous avons choisi d’ignorer l’un de ces principes sur lesquels repose le vivant.Au lieu de nous concevoir comme une exception en extériorité, le biomimétisme rappelle notre appartenance à la grande toile de la vie dont nous brisons les fils et nous engage à repenser radicalement notre manière d’habiter la terre, de produire, de consommer. Parmi les grands principes du vivant, sans lesquels ce dernier meurt, Gauthier Chapelle pointe que «  la vie recycle tout ce qu’elle utilise  », «  la vie tend à optimiser plutôt qu’à maximaliser  », «  est compétitive sur un fond de coopération  », «  est interconnectée et interdépendante  ». Ces quatre derniers principes, l’humanité les bafoue, produisant des quantités de déchets non recyclables, une économie linéaire, là où les écosystèmes, acquis à une économie circulaire, transforment les déchets en matières premières, agencent des comportements harmonieux, des inventions durables, à coût énergétique faible.Le franchissement de certains seuils, la mise à mal de la capacité de résilience propre aux écosystèmes (la répétition et l’ampleur des agressions telles que pollution, mer de plastiques, destruction des habitats, déforestation, désertification, etc, compromettant le mécanisme d’adaptation) dessinent le scénario d’un point de non-retour. Longtemps, Gauthier Chapelle a cru que gouvernants et société civile allaient se mobiliser afin que «  le retour vers une relation de réciprocité avec la biosphère s’amorce à temps  ». En raison de l’inaction, de l’aggravation des désastres environnementaux, de leurs effets dominos, boules de neige, l’écroulement probable de notre forme de civilisation exige la mise en œuvre d’une nouvelle civilisation basée notamment sur le low-tech, l’abandon des énergies fossiles et de l’agriculture intensive.Ce livre apporte un formidable espoir, à la fois technique, stratégique et philosophique à tous ceux qui, conscients de l’urgence des défis écologiques, s’inquiètent de l’avenir. Son idée part d’un constat : la nature est un gigantesque laboratoire, vieux de plusieurs milliards d’années, et riche d’autant de solutions. Lancé il y a une trentaine d’années outre-Atlantique par des naturalistes d’un nouveau genre, pour la plupart des femmes, le mouvement du biomimétisme se développe aujourd’hui en Europe. Dans tous les secteurs, il propose des passerelles entre ceux qui construisent le monde – ingénieurs, managers, marchands, agriculteurs, médecins……