Auteur de Les naissances de la femme
Né en 1949 dans la province de Liège, l’auteur a commencé par écrire de courts récits, des fables et des poèmes. Après avoir vécu à Bra-sur-Lienne, il s’est fixé à Carjac. La plupart de ses textes sont publiés par Robert Laffont.
Les chroniques de Mapuetos (Volume 7) : Le totem d’Imyriacht, 252 portraits oniriques (2016-2023)
Patrick Lowie est un drôle d’écrivain (comme on dit un drôle d’oiseau). Il imagine des projets littéraires pour l’emmener où seul Marceau Ivréa sait, Marceau Ivréa, cet écrivain énigmatique qui lui a confirmé l’existence rêvée de Mapuetos, « la ville qui n’existe pas dans un monde qui n’existe pas ». Des voyages oniriques pour se perdre, se re-trouver au-delà du monde réel, castrateur d’imaginaire et de poésie. Il rêve et conçoit ces aventures au long cours pour générer une écriture hors-piste, poétique, automatique, parfois ésotérique, toujours exploratrice d’inconscient. Mais pour que ces incursions en terres et mers inconnues puissent continuer leur excursion, ne pas s’épuiser, il a besoin, nous semble-t-il, de trois choses : un point d’attache, des balises, des gens pour lui emboîter le pas, prendre les devants et la tangente. Le point d’attache : son nom. Patrick Lowie. Qu’il dissémine et rive dans de nombreux portraits (mais pas dans le sien). Parfois il note : Monsieur Lowie, quand il est interpellé par ses portraiturés. À son nom, qui s’écrit « Lowie comme Bowie », il accole souvent ses fonctions, sortes d’autodéfinition : conteur de rêves, percepteur des invisibles, clinicien des rêves, motivateur, écrivain, éditeur, poète, polyglotte et éternel suspect, etc. Cette répétition obsessive et nominative le retient de s’anéantir dans les rouleaux et les éruptions d’écriture automatique, redonne force à son ego. Son nom est le signifiant auquel il s’agrippe pour revenir là d’où tout part et où tout ne finit pas, là où il est homme avec ses besoins de liberté et de passion.Les balises : les recueils des portraits oniriques qu’il écrit et publie sur internet depuis 2016 : deux volumes parus aux éditions P.A.T, l’un en 2017, 111 portraits oniriques, Les chroniques de Mapuetos n°4 , Next (F9), l’autre en 2020 , 66 autres portraits oniriques, Les chroniques de Mapuetos n°6 et une première intégrale, très bel objet de papier, sortie au mois de juin aux éditions Maelström reEvolution : Le totem d’Imyriacht, 252 portraits oniriques (2016-2023) . Ce dernier recueil reprend les textes des deux premières livraisons ainsi que ceux publiés depuis sur le site www.mapuetos.com [1] . Dès les premières pages, les portraits en eux-mêmes perdent de leur importance au profit des tribulations vers les « champs invisibles ». Cette compilation des textes en livre – atlas sans cartes – assure à Patrick Lowie la cohérence de sa démarche, l’existence de s/ces rêves les plus émancipés, étapes nécessaires, toujours recommencées et déplacées vers Mapuetos.Les gens pour lui emboîter le pas … : les compagnes et les compagnons de rêve, de voyage, sans oublier ceux des autres (non-)genres – Patrick Lowie n’exclut personne dans son exploration du monde inconscient, même ceux qui prétendent ne pas retenir leur rêve. Avec chacun·e, il crée une étape originale de sa folle équipée, et ce, à partir d’un rêve rêvé par elles, eus, eux, par lui, un rêve qui se métempsychose en texte onirique qui les dit elles, eus, eux, qui le dit lui, qui invente une géographie multilingue et multisite, une géographie mythique avec pour non-centre du monde Mapuetos et Imyriacht, son volcan totem en éruption. Comme nous ne pouvons citer tous ces gens du voyage – il y a des inconnu·es, des artistes, des personnes de plusieurs pays et de plusieurs disciplines, des mort·es aussi – nous préférons n’en nommer aucun, mais nous redisons simplement que sans elles, sans eus, sans eux, sans leur être-même, cette fabuleuse aventure littéraire vers Mapuetos resterait lettre morte, ce qui serait le plus affreux des cauchemars. Michel Zumkir [1] Le site internet Next (F9) sur lequel Patrick Lowie a publié nombre de ces portraits n’est plus tenu à jour et va disparaître, il est maintenant remplacé par le site http://www.mapuetos.com Plus d’information Depuis 2016, Patrick Lowie a écrit 252 portraits oniriques avec le consentement et la participation des portraituré∙e∙s : 118 femmes, 131 hommes et 3 autres genres. Ce recueil est le 7e épisode des Chroniques de Mapuetos. …
Ellen Ripley : Survivre à l’alien. Survivre à l’avenir
Christophe MEUREE , Ellen Ripley. Survivre à l’alien. Survivre à l’avenir , Impressions nouvelles, coll. « La fabrique des héros », 2025, 128 p., 13 € / ePub : 8,99 € , ISBN : 978-2-39070-212-2Eût-il fallu attendre, patiemment, la naissance d’un écrivain tel que Christophe Meurée , alien au sein des lettres (cette personne étant – au même titre que Sigourney Weaver, actrice qui a incarné Ellen Ripley – au croisement de la recherche, de l’enseignement et de l’art) pour comprendre davantage qui est ce personnage d’Ellen Ripley ? Ce personnage un peu bizarre de la saga Alien qui accouche de trucs tout aussi monstrueux, peu importe la forme ? Nous en sommes certains : Christophe Meurée, en digne descendant de cette dernière, au travers de son ouvrage Ellen Ripley. Survivre à l’alien. Survivre à l’avenir , édité dans la collection « La fabrique des héros » aux Impressions nouvelles, a lui aussi engendré un monstre. Et non des moindres. Cet opus, à la fois d’une érudition étourdissante qui ravira les plus fanas de la saga Alien et d’une limpidité quant aux problématiques que soulèvent cette fameuse femme plus ou moins fictive qu’est Ellen Ripley, possède tout pour nous emporter à bord d’un vaisseau spatial, où tout ce qui se contient en nous se libère, se délivre. Le livre : une espèce d’ ovni où la lecture se pose comme un labyrinthe avec force renvois, références au sein de lui-même (comment formuler ? nous sommes aussi monstres dans notre parole), sans trop en dire ni trop en rajouter. Il invite le lecteur à la plus grande concentration qui soit. En plein cœur de la vie, donc. Quoique… Pour comprendre Ripley, il faut la voir à la fois comme un tout cohérent et comme un mythe éclaté, dont les sources ne sont pas entièrement fiables, dont on cherche inlassablement à saisir la valeur archétypale. […] Il faut la voir comme celle qui survit à la réécriture perpétuelle de son propre destin tragique, à son cauchemar sans fin. Ellen Ripley, personnage insaisissable par excellence puisqu’aucun réalisateur de la saga Alien n’aura su, selon Meurée, la « posséder », « ne propose aucune utopie : juste une fuite, une échappée belle vers la vie même, cette vie nue, parfois monstrueuse ». Christophe Meurée a pris le personnage à rebours, en y décelant des grandes lignes de force : « Témérité », « Féminité », « Médiumnité », « Immortalité » pour n’en citer que quelques-unes, où l’écrivain a apposé/opposé un contrepoint qui vient faire force d’équilibre. Là est la grande force du livre : à l’instar des aventures d’Ellen Ripley, rien n’est figé. Rien. Tout donne à penser, à tel point que le lecteur, potentiellement, ne sait plus ce qui pèse davantage, tout est matière à accoucher, sans s’efforcer, d’une pensée monstre. Il faut revoir tous les films.Ce qui frappe peut-être à la lecture de ce livre est l’accent mis sur la survivance , quelle que soit sa forme : convoquant des auteurs, références ou techniques cinématographiques, Christophe Meurée envisage aussi, discrètement, le personnage d’Ellen Ripley sous l’angle de la temporalité. À travers elle, il interroge aussi le lien à la technologie, aux problématiques qui engagent ou gangrènent notre époque. À ce titre, après avoir fini la lecture de cet opus magistral, nous ne serons peut-être pas totalement sûrs d’avoir cerné qui est Ellen Ripley. Et heureusement car c’est là une caractéristique aussi éblouissante que fondamentale de ce livre : « juste une fuite » – juste une fuite. Jusqu’au prochain alien . Charline Lambert Plus d’information « Dans l’espace, personne ne vous entend crier », annonçait la phrase d’accroche de l’affiche française d’ Alien en 1979. Pourtant, la voix de Ripley, « last survivor of the Nostromo », continue de résonner à travers l’espace et le temps, de films en comics , de jeux vidéo en évocations romanesques, théâtrales ou philosophiques. Si le xénomorphe est souvent considéré comme le personnage principal du film, c’est Ellen Ripley qui en est l’héroïne : ce duo indissociable de l’alien et de la femme qui le met en échec à chaque nouvelle rencontre a profondément marqué la science-fiction de son empreinte. Né dans l’imagination de Dan O’Bannon et Ronald Shusett, le personnage de Ripley n’était pas destiné à être de sexe féminin. Pourtant, c’est bien à Sigourney Weaver, jeune comédienne issue du théâtre, que Ridley Scott confie le rôle principal du film qui lancera leurs carrières respectives. Ripley apparaît dans quatre longs-métrages signés par des réalisateurs de talent : Alien (Ridley Scott), Aliens (James Cameron), Alien 3 (David Fincher) et Alien Resurrection (Jean-Pierre Jeunet). Si réalisateurs et scénaristes sont tous de sexe masculin, il n’empêche qu’ils ont tous participé à la création de l’un des modèles d’héroïne parmi les plus puissants de la fiction contemporaine : une femme qui se révèle forte dans l’épreuve, capable de surclasser n’importe quel homme, tout en assumant pleinement sa vulnérabilité. Le lieutenant Ellen Ripley lutte non seulement contre une espèce extraterrestre parasitaire mais aussi contre un empire technologico-financier avide de profit et prêt à tous les sacrifices (surtout ceux d’autres êtres humains) pour s’approprier la pure puissance de l’alien. Éternelle survivante, Ripley se voit condamnée à une errance sans fin (jamais elle ne retourne sur la Terre, sinon en la survolant, à la fin du quatrième opus, alors qu’elle n’est déjà plus tout à fait humaine, produit d’un clonage qui a mêlé l’ADN humain et l’ADN du xénomorphe). Si elle est femme, mère, profondément humaine, elle tend irrémédiablement vers la monstruosité inhumaine que lui assigne ce rôle d’éternelle survivante, capable de prédire le futur immédiat (les dangers de l’action ou de l’inaction) comme le lointain (les dérives de l’humanité). Héroïne, Ripley l’est en ceci qu’elle représente ce qui, de l’avenir d’une humanité dévoyée, est…