J’ai vu des chiens dans le quartier de Lozenets XX , mais ils ne sont pas en laisse. Allongés sur le trottoir ou rôdant dans les bois environnant les rues, ils errent comme des fantômes ou encombrent le passage de leur masse apathique, qui vous oblige à les enjamber quand vous vous approchez d’eux. Ils ignorent votre existence – autant qu’on doit ignorer la leur – et semblent à tout jamais ankylosés dans une sorte d’inertie déterminée révélant qu’ils n’attendent visiblement plus grand-chose de rien ni de personne. Ils sont là. Comme les vieilles Trabant aux pneus crevés, rouillées de partout, qui semblent fossilisées sur les aires de parking ou les terre-pleins ombragés au pied des immeubles. Emballées parfois d’une mince bâche de tissu kaki recouverte de résine, de poussière et de feuilles mortes, elles sont venues s’échouer là, sous les épicéas ou les tilleuls odorants, attestant que quelque chose s’est arrêté de fonctionner ici depuis longtemps,…