Les hommes aussi ont la chair de poule

RÉSUMÉ

Max, Simon, Théo, Paul et Fabrizio viennent de se faire larguer. Un enchaînement de circonstances les réunit dans une ancienne école réhabilitée en chambres d’hôtes. Colocataires malgré eux, ils composent une improbable tribu dont les certitudes ont volé en éclats. Au fil des semaines, entre la crise de la machine à laver, le cours d’écologie sentimentale et les tours de manège, ils apprennent à vivre ensemble. Le moment est venu d’apprivoiser leurs fragilités et de construire l’avenir avec les femmes. Leur monde s’est écroulé. Parviendront-ils à en inventer un autre ?

Une seule évidence, ils ne renonceront pas à l’amour.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Karine Lambert

Auteur de Les hommes aussi ont la chair de poule

Karine Lambert est une photographe belge passionée par les mots. Son premier roman, « L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes », a remporté en 2014 le Prix Saga Café.
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Le Carnet et les Instants

Les questions de genre traversent l’ensemble de notre société et il ne se trouve pas un jour où l’actualité n’alimente pas le débat sur les relations hommes-femmes, rendant chaque fois plus indéfendables les inégalités qui subsistent et, partant, les raisonnements et comportements qui les entretiennent. La littérature n’échappe nullement à ce mouvement de fond auquel elle a précisément largement contribué depuis des décennies.En 2014, Karine Lambert publiait L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes, qui lui a valu le prix Saga café 2014 du meilleur premier roman belge. Ce livre a connu un succès significatif qui dépasse de loin nos frontières et celles de la francophonie. Il met en scène cinq femmes qui ont…


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La postérité est quelquefois injuste, le présent trop souvent amnésique et le public belge francophone peu conscient de son patrimoine littéraire. Ainsi des écrivains de valeur connaissent-ils les affres du purgatoire et leurs œuvres restent-elles absentes des rayons des librairies. Pour les femmes, la difficulté est accrue par le fait que l’Histoire littéraire a été écrite par des hommes. Pourtant, dès le début de la Belgique, certaines ont tenté de percer dans un monde des lettres encore exclusivement masculin et ont bravé les préjugés qui entourent les femmes artistes. Ce sont ces figures oubliées que la jeune maison d’édition Névrosée , dirigée par Sara Dombret, entend sortir de l’ombre en publiant une première série de douze livres de femmes écrivains belges. Parmi celles-ci, certains noms sont connus comme Caroline Gravière ou Madeleine Bourdouxhe, alors que d’autres ont totalement disparu de la mémoire collective. Marguerite Baulu et Jeanne de Tallenay, dont le roman L’invisible constitue une remarquable découverte , se voient ainsi remises à leur juste place grâce à cette initiative. Parmi ces femmes de lettres belges, Marguerite Van de Wiele (1857-1941) est la première à avoir vécu de sa plume. Célibataire, à la fois journaliste et romancière, acclamée par les plus grands écrivains de son temps, chargée de missions officielles, mais aussi souvent en butte à la misogynie ambiante, elle a ouvert des portes aux générations suivantes de femmes de lettres belges. Elle livre, dans ses romans, des portraits de femmes confrontées au corset empesé de normes que leur impose leur milieu. Doivent-elles se soumettre et consentir à se laisser détruire ou tenter de se libérer au risque de voir s’abattre les jugements réprobateurs, de devoir s’endurcir et, peut-être, de se perdre ? Évangéline, le personnage principal d’ Âme blanche, est prise au cœur de ce dilemme. Elle est un être pur, dont l’innocence est menacée, un ange qui, comme son nom l’indique, pourrait apporter une bonne nouvelle, l’espoir d’un salut.La plume, toute en délicatesse, de Marguerite Van de Wiele cisèle les mots pour dépeindre les sentiments ou dresser des tableaux pittoresques, comme celui du marché d’Anderlecht, vibrant d’odeurs et de couleurs, ou des ruelles du vieux Bruxelles, sillonné par la Senne. Surtout, Marguerite Van de Wiele se livre, dans ce roman publié pour la première fois en 1908, à une dissection des mœurs de la bourgeoisie. Elle pose la question de l’émancipation féminine dans une société où la vie d’une femme ne peut se construire que par les hommes, au sein d’un modèle familial centré autour d’eux. Elle y joint le problème de la place laissée à l’enfance et à la sensibilité au sein d’un univers froid et matérialiste. Elle montre ainsi l’envers de cet âge d’or, qu’on se plait à rêver, d’une Belgique florissante dans la deuxième moitié du 19e siècle.Évangéline est une enfant privée d’enfance par la faute d’une faillite des adultes, qui se révèlent incapables de remplir leur rôle protecteur et encore moins de comprendre les besoins d’un enfant. La première de ces adultes irresponsables est la mère. Elle ne peut cependant être blâmée, car elle est une victime, rejetée par sa famille et enfermée dans un asile. Les premières pages du roman évoquent le paradis perdu de la petite enfance. Quelques sensations suffisent à faire renaître le souvenir enchanté et mélancolique d’un temps où l’affection maternelle était associée à la musique et à la vivacité d’un trop-plein d’émotions, libres de s’exprimer. Déjà, la petite fille éprouvait une sourde inquiétude, comme un voile posé sur ses ravissements d’enfant, voile que la distance du souvenir ne fait qu’accentuer et muer en tristesse. 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