Écrites dans un mélange de flamand et de français, ces fables furent publiées une première fois en 1923. Inspirées de La Fontaine, elles nous content avec tendresse, humour et bon sens, l’atmosphère qui régnait au début du siècle dans les rues des Marolles, au cœur de Bruxelles. À travers le langage original et spontané de l’auteur, c’est toute une couche de la population qui s’exprime. Cette véritable création littéraire est d’un naturel surprenant, qui laisse envisager toute la richesse de personnalité de l’auteur. In petit ketje des Marolles Était malade au lit de la pécole. – Vous savez, ça est quand tu as la peau du cul qui se décolle
Première édition
Éditeur : Espace Nord
Date : 2018 (réédition)
Format : Livre
Encore une de ces « bruxelloiseries » dans la lignée du Mariage de Mademoiselle Beulemans ? Eh bien non. Les Fables de Pitje Schramouille est un livre d’une autre nature, avec d’autres enjeux, témoignant d’une étonnante richesse d’invention. Mais sans doute a-t-il été mal compris. Sa relecture aujourd’hui est donc parfaitement justifiée.Roger Kervyn est un aristocrate gantois francophone dont la famille est venue s’installer à Bruxelles. Pour se rendre au collège Saint Michel, il passe régulièrement par le quartier des Marolles. Il se prend de sympathie pour ses habitants, leurs manières d’être, leur langage si haut en couleurs. Il va dresser le portrait de ces personnages à la fois tendres, drôles, roués et finauds, dont la vie n’est pas…
Méfiez-vous des auteurs lorsqu’ils font appel à la vérité, surtout dans leurs titres. Sauf…
Poète, dramaturge, nouvelliste, Daniel Simon traverse la littérature en électron libre aussi nourri…
Les éditions Magellan et Cie déclinent à l’envi une collection forte déjà de près de quarante volumes qui rassemblent des auteurs de nouvelles d’un pays, d’une région ou d’une ville, avec une prédilection pour des destinations littéraires souvent oubliées. Ici, c’est du Congo qu’il est question, autour de six auteurs dont le destin est lié à ce pays, par la naissance, l’origine ou le séjour long. Joëlle Sambi , qui vit à Bruxelles, ouvre le recueil en fanfare avec Religion Ya Kitendi . Elle y dresse le portrait incroyable de Cyprien Matondo, alias N’Kwame, le grand prêtre Cavelli Di Gucci. Cet homme rêve de rejoindre Paris, qu’il considère comme la capitale mondiale du beau vêtement qu’il vénère en adepte de la grande sape. Si l’on sait le soin que les Congolais réservent à leur mise, Cyprien en fait un culte à part entière qu’il décline en diatribes savoureuses et épicées des mots qui célèbrent le bien-vêtir dans son pays. Désormais, sa vie est toute dressée vers ce but ultime : l’exil pour une garde-robe. Avec lui, que rien n’arrête, nous passons la frontière vers la terre promise dans un festival d’images pleines d’espoir. Parole M.P. Mbengawa nous entraîne dans un monde tout différent avec 1,2 et 3 pour 4 minutes , qui suit le destin de deux frères alors que leurs corps aboutissent aux urgences après qu’ils en seraient venus aux mains. Ces deux vrais jumeaux, que tout devrait rapprocher, sont animés par une rivalité dévorante. Nés à 4 minutes d’intervalle, ils ont été enregistrés à l’état civil sur deux années différentes, séparés qu’ils étaient par le fil de minuit. Cet écart dans le temps a valu au premier de pouvoir accéder au recrutement dans la police dont il rêvait alors que le second se l’est vu refuser. Et lorsque le second a porté la main sur la fiancée du premier, un échange de balles mortel a eu lieu, les laissant entre la vie et la mort. Dans ce drame, beaucoup d’anecdotes cocasses tant la confusion est grande et la haine entre ces faux frères immense. Mais cela ne nous donne pas encore la clé de l’énigme … Monique Mbeka Phoba livre le récit le plus bref et sans doute le plus proche de l’univers des contes africains. En 6 pages à peine, Le jeune Mani Kongo conte sous une forme romancée l’histoire de cet homme qui devint le 7ème roi du Kongo en 1509 et qui se convertit au catholicisme sous l’influence de la cour portugaise et dans le cadre d’un accord qui livra son peuple à l’esclavagisme. Il sombra dans un renoncement pieux qui fit l’infortune des siens et ne récolta que l’incompréhension que le texte restitue avec brio.Avec Poussière tu retourneras, Freddy Kabeya rapporte l’infortune de cet homme qui rêvait de posséder un lopin de terre sur lequel cultiver. Ayant payé son dû à un chef coutumier pour un improbable titre de propriété, il entreprend de travailler son coin de terre au flanc de la colline mais il se fait surprendre par une pluie torrentielle qui le livre aux flots de boue qui dévalent et emportent tout. De quoi méditer sur la vanité du droit à la terre et la furie des éléments qui ne font qu’une bouchée des rêves. Arrêt obligatoire, celui du souvenir , de Bibish Mumbu , c’est l’histoire de Faïda Nabintu qui, le temps d’attendre son bus, refait le tour de sa vie depuis qu’elle a tourné le dos à sa famille pourtant nantie pour affirmer ses propres choix et vivre sa vie. Avec elle, nous avons droit à des portraits aux traits acérés, à la dénonciation du faux et surtout à la recherche du vrai, au plaisir doux de l’affranchissement et de la liberté.Mombaya, de Richard Ali , clôt le volume avec une histoire forte entre deux jeunes adolescents. Sans qu’il soit vraiment question d’amour, un garçon et une fille sont unis par une complicité fraternelle qui a encore la part de pureté des amitiés d’enfance. Et lorsqu’une dispute éclate, c’est le monde qui s’écroule, révélant la passion qui couvait et ses ténèbres inconnues. Une fable sensible et terrible qui frôle l’indicible et célèbre la fragilité avec grâce.On l’aura compris, ces six textes n’ont à première vue en commun que le pays qui les rassemble tant leurs univers sont distincts et empreints d’une forte personnalité. Mais ils ont aussi en commun la puissance des fables qui sonnent juste et ils témoignent de la grande vivacité d’un espace littéraire qui se singularise par la liberté de son ton, son indéniable sens de l’humour et son potentiel créateur, tous ingrédients qui devraient nous réserver d’autres belles surprises. Thierry…