Les enfants de l’Erèbe


RÉSUMÉ

D’un lancinant souvenir de jeunesse, Maxime Benoît-Jeannin a tiré Les Enfants de l’Érèbe, roman noir sans rédemption, véritable rhapsodie criminelle au naturalisme hallucinatoire, où chacun est renvoyé à son monde intérieur et à ses inavouables secrets. Ici est lancée une déploration à la mesure du désespoir qui s’est emparé de Dominique et Alain, personnages et narrateurs adolescents du roman, et peut-être de l’auteur lui-même, lorsqu’ils ont constaté que, en dépit des crimes commis à Uruffe, bourgade de Lorraine, par un homme d’Église, le Ciel était resté muet et vide.




À PROPOS DE L'AUTEUR
Maxime Benoît-Jeannin
Auteur de Les enfants de l’Erèbe
Ecrivain mais aussi adaptateur et scénariste pour la télévision, Maxime Benoît-Jeannin s'est essayé à de plusieurs genres, comme la poésie, la biographie - 'Georgette Leblanc' - le roman - 'Mémoires d'un ténor égyptien' - ou encore la nouvelle. Parmi ses nombreux écrits, on peut notamment citer 'Le Florentin', 'Mademoiselle Bovary', 'La Corruption sentimentale' ou encore 'Chez les Goncourt'. En 2001, Maxime Benoît-Jeannin signe également un premier hommage à Hergé, 'Le Mythe Hergé', suivi en 2007 d'un ouvrage objectif et surprenant sur cette figure de la culture belge intitulé 'Les Guerres d'Hergé : Essai de paranoïa critique'.  


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Le Carnet et les Instants

Maxime Benoît-Jeannin, né dans les Vosges, a connu un beau début de carrière parisien avant de s’installer il y a une trentaine d’années à Bruxelles, où il publie tous ses livres (dont les épatants Brouillards de guerre ou On dira que j’ai rêvé), d’une fidélité exemplaire à Christian Lutz (Le cri puis Samsa), osant à l’occasion creuser des sujets très belges : Hergé, Ysaye, Maeterlinck ou Warbeck.  Un parcours à l’envers ?Les enfants de l’Érèbe, dès l’abord, suggèrent un univers très sombre. Le titre renvoie à une divinité infernale associée aux ténèbres ; la peinture de Böcklin, en couverture, précipite dans une noirceur poisseuse ; la note…


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Âme blanche

La postérité est quelquefois injuste, le présent trop souvent amnésique et le public belge francophone peu conscient de son patrimoine littéraire. Ainsi des écrivains de valeur connaissent-ils les affres du purgatoire et leurs œuvres restent-elles absentes des rayons des librairies. Pour les femmes, la difficulté est accrue par le fait que l’Histoire littéraire a été écrite par des hommes. Pourtant, dès le début de la Belgique, certaines ont tenté de percer dans un monde des lettres encore exclusivement masculin et ont bravé les préjugés qui entourent les femmes artistes. Ce sont ces figures oubliées que la jeune maison d’édition Névrosée , dirigée par Sara Dombret, entend sortir de l’ombre en publiant une première série de douze livres de femmes écrivains belges. Parmi celles-ci, certains noms sont connus comme Caroline Gravière ou Madeleine Bourdouxhe, alors que d’autres ont totalement disparu de la mémoire collective. 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