Légendaire


RÉSUMÉ

Comment s’ouvrir à l’autre, dans ce qu’il a de plus surprenant ? Écouter les arbres nous aidera-t-il à rebâtir dans la croissance un monde ravagé ? N’avons-nous pas tous rêvé d’ajouter aux listes closes un élément qui les outrepasse, une huitième merveille, un sixième sens ? Telles sont les questions que nous posent ces trois séries d’apologues, pour nous inviter à sortir de nos certitudes. « Il est un peuple » se plaît à explorer les formes les plus improbables du vivant. « Ce que content les arbres » invite le rescapé d’une humanité anéantie à inscrire un nouveau monde dans l’écoute de la Nature. « Le roi rebelle » prolonge dans l’imaginaire les expressions stéréotypées comprenant des séries limitées où l’homme d’aujourd’hui ne trouve plus sa place. Entre poésie et petit conte fantastique, l’apologue nous invite à explorer en nous la pensée symbolique pour répondre aux grandes angoisses du monde contemporain.


COUPS DE CŒUR ET SÉLECTIONS

À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Claude Bologne
Auteur de Légendaire
Je suis celui qui suis, a dit quelqu'un de plus célèbre que moi. Il faudrait arrêter là toute biographie. Ou, comme cet autre, le même, plus célèbre que moi, la confier à quatre témoins contradictoires. Inconvénient : on n'est plus sûr que ceux qui sont aient bien été. Alors, écrire. Etre et écrire sont pour moi le même acte. La même nécessité de mettre des mots autour du grand néant que l'on est tous appelé à découvrir en soi. Apprivoiser le néant est la première leçon de vie. Un gouffre à combler, que l'on sait insondable. Vivre, c'est s'obstiner à le croire possible. Certains y déversent de l'argent, des honneurs, du sperme, du tabac, de l'alcool, de la télévision... J'y déverse des mots, tout aussi inutilement. Le comble, c'est que c'est dans ce néant que j'ai connu le bonheur le plus intense, le bonheur sans mots, enfin. Alors, que me prend-il ? Etre est le pire paradoxe que l'on doive affronter. Refuser de s'en tirer par un truisme. Je ne suis pas celui qui est; je suis celui qui tente d'être. Etre, c'est retrancher de soi tout ce que l'on n'est pas. Des études de philologie romane et un saut de puce dans l'enseignement m'ont appris que les mots (la langue, l'écriture) avaient leurs cages, et qu'on pouvait les en libérer. Un service militaire passé à mesurer l'âme des canons m'a vite confirmé que je n'en avais pas davantage. La mort d'un ami m'a appris la mienne, et la fuite. Il m'a fallu m'installer à Paris pour découvrir que j'étais belge, au plus profond de moi, et loin de la Belgique. Le reste appartient à l'écriture. Par le roman et par l'essai historique, je tente de comprendre ce que les autres sont, ou ont été, ou ont cru être. Et donc tout ce que je pourrais être, tout ce que j'extrais du fond de moi. Ce que j'écris est une part de ces milliards de vies que je porte en moi et que je ne réaliserai jamais, mais qu'il me faut extirper pour trouver le noyau — ou le néant — resté au fond de moi. Je ne suis pas celui qui est; je suis celui qui ne sera pas. Combler un vide infini pour en découvrir un autre au fond de soi, absurde, non ? Mais vivre déjà est absurde. Et surtout, une joie, une immense joie.


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Jean Claude BOLOGNE, Légendaire, Taillis Pré, 2023, 144 p., 17 €, ISBN : 978-2-87450-212-5Taillé dans une langue poétique extrêmement fine et précise, le nouvel opus de Jean Claude Bologne, Légendaire, a paru aux éditions Le Taillis Pré, après le non moins magnifique recueil Rituaire (2020) du même auteur.Scindé en trois parties, intitulées « Il est un peuple », « Ce que content les arbres » et « Le roi rebelle », ce recueil oscille entre poésie, suite de petits contes et paraboles. Chaque partie est dédiée à un écrivain en particulier : Otto Ganz, Werner Lambersy et Michel Host, témoignant de la constellation qui se tisse autour du livre. Trois œuvres viennent ainsi se poser en frontispice de chacune…


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