Le chatoyant plumage jaune de la paruline illumine les paysages de la Caroline du Sud à chaque printemps. Sur l’île d’Hilton Head, ce passereau migrateur chante à tue-tête toute la journée pour séduire sa belle.
« Ai-je aimé mon mari ? Ai-je épousé mon amour ? » s’interroge Shirley. Les événements du 11 septembre 2001 ont bouleversé le monde entier et la vie de cette Américaine, veuve depuis peu. Bien qu’entourée par ses enfants pour son soixante-dixième anniversaire, Shirley soufre de la solitude et craint pour son pays, confronté au terrorisme, à la haine raciale et aux inégalités. Un peu par hasard, elle renoue avec Arthur, l’amoureux de sa jeunesse, et hésite à le revoir.
Avec cette interrogation, c’est tout le passé qui rattrape Shirley : ses années de collège en Pennsylvanie, sa rencontre avec le footballeur roux aux oreilles chiffonnées, l’incompréhensible lettre de rupture, sa sœur Margaret si distante, son mariage avec John… Et puis quarante-quatre années de bonheur ont passé dans cette Amérique qui évolue, qui change et qui chante, et ces années ne s’effacent pas d’un trait. Mais l’île somptueuse d’Hilton Head où ils ont profité des fairways de golf, des tables de bridge et des balades au bord de l’océan lui paraît soudain trop étroite. Trouvera-t-elle la force d’aimer encore une fois ? N’est-il pas trop tard ? La paruline réenchantera-t-elle à nouveau l’ile par son hymne à l’amour ?
Auteur de Le soupir de la paruline
Sous le soleil de la Caroline du Sud, Shirley s’apprête à fêter ses 70 ans, entourée de ses 3 enfants. Elle a été mariée durant plus de 40 ans avec John, avec qui elle a partagé sa passion pour le golf, un sport qui les a aimantés et qui a rythmé leur vie de couple. Issus tous les deux d’une famille de golfeurs, ils se sont rencontrés tout naturellement sur le green et ont frappé des balles aux 4 coins du monde.
John était un amateur digne d’un professionnel. Il était à l’affût du matériel adéquat, mais dès qu’il avait trouvé le club qui lui convenait, il ne s’en séparait plus. Il y a du fétichisme dans le golf. Il fut l’un des premiers à essayer les clubs en graphite. Mais c’était…
Un hôpital qui s'écroule, un rapport d'expert qui se perd, une disparition inquiétante, des amours qui se nouent…
Carine MESTDAG , Le chant du chardonneret , Murmure des soirs, 2024, 163 p., 20…
Être son fils : parcours d’un enfant seul
Le récit d’ Isabelle Steenebruggen se présente comme une fiction inspirée de faits réels. Il retrace la biographie d’un narrateur s’adressant à une femme dont nous ne connaissons rien. Nous comprenons assez vite que nous allons lire un récit d’un homme mûr qui, tel Didier Eribon, nous relate sa vie avec une authenticité mâtinée d’un point de vue réflexif.Nous suivons ainsi le jeune Hidli, qui a grandi dans les terres cultivables au Sri Lanka avec une mère travailleuse, deux frères aînés et en filigrane, un père absent. Moins marqué par ses origines modestes que par le caractère bien trempé de sa mère, le héros se gorge de toutes les facettes de cette figure maternelle bienveillante avec qui il vit à son insu des moments fondateurs. Malheureusement, sa maman lui est arrachée beaucoup trop tôt par la maladie. La culture où il évolue fait peu de cas d’un enfant en deuil, c’est donc tout naturellement que le père part refaire sa vie ailleurs et que les deux frères prennent leur envol, laissant Hidli seul dans la maison familiale avec pour rôle d’accompagner sa mère dans l’au-delà. Terrassé par la déréliction et les repères brisés, il trouve un apaisement à sa détresse dans l’ivresse de l’alcool, alors qu’il n’a que treize ans. Terrible, cette période, tellement longue, tellement sombre ! Tout me faisait mal, respirer, parler, manger, marcher. Ne parlons même pas d’aller à l’école. Vivre n’était plus qu’une immense douleur que seul l’arack anesthésiait un peu, le soir. À l’époque, dans ce pays où on commençait déjà à tuer à tour de bras, le sort d’un enfant de treize ans abandonné à lui-même n’intéressait pas grand monde. Rien de ce que je vivais ne paraissait grave aux yeux de qui que ce soit, donc je n’en parlais pas. Seule Anusha semblait se rendre compte des ravages que ces chamboulements et ces disparitions causaient chez moi. Son parcours scolaire devient chaotique, il se laisse aller à la dérive, incapable de sortir de sa prostration, mais il a la chance de nouer de belles rencontres avec des personnes bienveillantes qui le traiteront avec dignité. D’aucuns le voient comme « celui qui a mal tourné », d’autres sont toutefois capables de comprendre ses silences et les blessures qui se cachent derrière. Consumé par le manque d’amour, Hidli se bat contre l’injustice et tente constamment de cheminer vers une vie meilleure, même si la honte et la culpabilité reviennent le tarauder lors de ses échecs, même si la violence et les exactions font rage dans son pays.Il grandit, devient un employé engagé dans la Croix-Rouge, un homme d’affaires accompli, un mari, un père. Nous lisons les grands tournants de sa vie, les nouvelles balises qui remplacent les repères perdus, mais également les histoires d’amours déçues, son attachement viscéral à son île, son désir de la quitter aussi et le réconfort constant de l’alcool. Malgré ses failles et ses évitements, il est toujours guidé par la lumière, sa seule obsession : s’en sortir. Je n’ai pas réfléchi ces soirs-là. Je sentais seulement qu’il y avait un moteur à l’intérieur de moi, qui m’indiquait ce que je devais faire. Ma grand-mère inerte sous les jets de pierres, les poules de Nimal qui hurlaient, terrorisées, la ruine de la famille, les odeurs d’essence et de chair brûlée, tout cela s’enchaînait dans un tourbillon de noirceur qui nous emportait tous, nous faisait dégringoler vers un enfer contre lequel il fallait lutter. Remonter à la surface, à tout prix, comme le jour où je me noyais. S’accrocher, s’agripper à la moindre prise pour remonter, pour éviter de se laisser emporter par la vague de haine. Sinon, nous allions tous y passer. Être son fils est un récit de fiction réaliste où l’histoire singulière du protagoniste est décrite avec minutie sur un fond historique tout aussi réaliste caractérisé par la violence des prémices d’une guerre civile. C’est à travers les sensations du héros que nous palpons l’ambiance sur son île, mais aussi les émotions qui ont forgé son caractère et ses décisions. Isabelle Steenebruggen nous offre ici un récit très sensible, authentique et lumineux d’une grande justesse sur le parcours remarquable d’un homme qui a louvoyé sa vie durant entre différentes formes de violences et qui a fait de son mieux pour avoir une vie décente.Une histoire qui fait résonner d’un accent particulier les propos de Jean-Paul Sartre : « L’important ce n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous-mêmes nous faisons de ce qu’on a fait de nous ». Séverine Radoux…