Auteur et illustrateur de Le secret de Coimbra
D’autres albums suivront, dont une collaboration soutenue avec les Éditions Glénat au tout début des années deux mille où Étienne Schréder publiera deux albums comme auteur et un comme scénariste, tous dans la collection « Carrément BD ». Initié par Le Vol d’Icare en 2003, ce passage remarqué chez Glénat s’achève avec une relecture du travail de Mary Shelley, auteure de Frankenstein, dans Mary pour une nuit de novembre. Le style d’Étienne Schréder doit beaucoup à la ligne claire chère à Hergé, mais en trouvant une voie personnelle vers la lisibilité. Ses storyboards poussés donnent à lire des histoires fluides, à la narration limpide.
En 2008, après plus de deux ans de gestation (et quinze ans de mûrissement) paraît le livre qui va révéler Étienne Schréder au grand public. Amères Saisons raconte la descente aux enfers de l’auteur. Ce livre autobiographique sur l’alcoolisme — et sur la volonté d’en sortir ! — aura un retentissement important et constituera le premier témoignage du genre en bande dessinée. Au départ, il s’agit d’un texte littéraire que Schréder transpose en bande dessinée avec brio sur le conseil de son éditeur (Casterman) et de ses amis. Actuellement, Schréder travaille sur un projet de fiction intégrant un domaine qu’il connaît bien : le travail de nègre en bande dessinée. (T.B.)
Éric Derkenne a fait du visage le théâtre de ses précises opérations.Jour après jour cerné de lignes ombrageuses, le siège du combat se disloque en de sombres cavités. Les yeux, les oreilles, les narines, la bouche sont autant de gouffres que l'artiste sonde inlassablement et qui emportent celui qui les scrute dans des tourbillons vertigineux. Les têtes prennent corps et dans ce bataillon de figures totémiques, chaque soldat se distingue grâce à une infinité de détails graphiques.Parti d'un bigbang de formes colorées et isolées dans l'espace, Éric Derkenne a mis en place au fil des ans une méthode précise et immuable, un réseau de circonvolutions de cercles et de serpentins qui envahit la feuille blanche, donnant naissance à d'énigmatiques portraits. Tel une « dentellière du stylo à bille », il s'est abîmé avec application dans ce lent ouvrage de tissage, d'entrelacement de lignes, ceignant sa propre image, par maints assauts répétés. À l'identité qui défaille, Éric Derkenne a répondu…