Le Nouvel An cannibale

RÉSUMÉ

Dans ce livre il y a des clefs.
Le mythe du Frère lombard d’abord, ce faux jumeau qui est à la fois notre double et notre être inversé.
Le Jour du dépassement, ensuite, ce Nouvel An cannibale qui arrête à une date précise du calendrier le jour où l’être humain et ses activités ont épuisé les ressources renouvelables de l’année en cours de la planète Terre.
Puis il y a Jarry, Tintin, la Bible, des éléments de Cabale… et un singe qui rote quand on évoque Dieu et pète quand on parle d’amour…
Ces clefs ouvrent une à une et en parallèle à la fois des portes. Sur quoi donnent ces portes ?
Sur un labyrinthe.
Celui qui pourrait être le dédale de toute existence.
Dont la nôtre.
Antoine et David. David et Antoine. Frères lombards, l’un dans la lumière, l’autre dans l’ombre. Oui. Mais lequel ?

À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Claude Bologne

Auteur de Le Nouvel An cannibale

Jean Claude Bologne est né à Liège le 4 septembre 1956, dans une famille d’enseignants bien fournie en professeurs de français. Voie toute tracée pour des études de philologie romane à l’Université de Liège. Il nourrit aux sources originelles sa passion pour le Moyen Âge : mémoire sur la Genèse des mètres gallo-romans (IXe- XIe siècles), participation aux pièces médiévales montées par le Théâtre universitaire. Pendant trois ans, il enseigne le français et le latin à la Ville de Liège. Pourquoi alors cette rupture qui le mène à Paris où il s’installe en 1982? La coupure du service militaire semble décisive. Un an à mesurer l’âme des canons à l’arsenal de Rocourt (1981-1982) donne une furieuse envie de trouver la sienne. Surtout, il vit une série d’expériences qu’il évoque dans Le Mysticisme athée (Le Rocher, 1995) et dans Une mystique sans Dieu (Albin Michel, 2015). Une plongée dans le néant, nullement effrayante — il parle du «bain régénérateur du néant» — qui donne une autre consistance au présent. Il nourrit cette expérience à la lecture des mystiques rhéno-flamands des XIIIe-XIVe siècles, en particulier Hadewijch et maître Eckhart, auquel il consacre une «biographie spirituelle», Les Sept Vies de maître Eckhart (Le Rocher, 1997). C’est dans cette confrontation au néant qu’il puise l’inspiration romanesque, prêtant à l’occasion ses expériences à ses personnages — sœur L*** dans La Faute des femmes (Les Éperonniers, 1989, prix Rossel), Daniel dans Le Secret de la sibylle (Le Rocher, 1996), Armand Arouet dans Le Frère à la bague (Le Rocher, 1999)… Plus profondément, il se convainc qu’un personnage ne vit que par le retrait de l’auteur et que la langue se forge dans le «creux néant musicien» de Mallarmé. Même athée, la mystique n’est pas un état. Au retour du néant, il faut assumer la nécessité de vivre. Dépositaire d’un prénom évoquant à la fois l’envol de Patmos (Jean) et la claudication (Claude), sans qu’un trait d’union laisse entrevoir l’espoir d’un compromis, il se veut résolument du monde. Quand Jean s’envole vers les sphères éthérées, Claude assure le quotidien. Jean a fui l’enseignement, Claude l’y ramène du bout de l’aile — des cours d’iconologie médiévale assurés à l’Institut supérieur des carrières artistique de 1993 à 2017. Pour l’essentiel, après quelques métiers à la sauvette, Jean Claude Bologne vit de sa plume : livres (une quarantaine), conférences, critique littéraire (La WallonieRTBFMagazine littéraire…), les mots ont fini par le nourrir. Son premier livre, Histoire de la pudeur (Olivier Orban, 1986), connaît un large succès après un passage chez Bernard Pivot à Apostrophes, un prix de l’Académie française et celui des Jeunes Talents de la province de Liège. À la suite seront publiés une quinzaine d’essais d’histoire des mentalités, où il dissèque les clichés, les concepts, les systèmes qui déterminent les comportements humains. Plus que le fait historique où l’explication a posteriori des mœurs passées (il n’entend marcher ni sur les brisées de l’historien, ni sur celles du sociologue), il s’attache à comprendre une époque par le discours qu’elle produit et s’intéresse moins à l’événement qu’au regard que les contemporains portent sur lui. Ainsi furent conçues les histoires du célibat (Fayard, 2004), de la conquête amoureuse (Seuil, 2007), de la coquetterie masculine (Perrin, 2011), du couple (Perrin, 2016), du coup de foudre (Albin Michel, 2017), du scandale (Albin Michel, 2018)… Assumer de vivre, c’est aussi s’investir dans des combats communs. Militants, à la Société des Gens de Lettres, dont il est secrétaire général (2002-2008) puis président (2010-2014), à l’Observatoire de la liberté de création, dont il est co-délégué. Mais aussi littéraires, dans plusieurs groupes où il confronte sa pratique romanesque à celle de ses confrères. Le plus enrichissant est sans conteste la Nouvelle Fiction, dont il partage les activités entre 1992 et 2001. Dans cet archipel romanesque constitué, entre autres, autour de Frédérick Tristan, Hubert Haddad, Georges-Olivier Châteaureynaud, François Coupry, Marc Petit… se définit une fiction signifiante, qui puise dans le réservoir de l’imaginaire une matière structurante, donnant sens au réel en le libérant de l’aléatoire. Dans ce creuset, qui ne fut jamais dogmatique, se constitue le cycle du Troisième Testament, un livre sans cesse effacé et récrit, où chaque homme inscrit une expérience unique dans la trace de prédécesseurs dont il ne connaît pas le témoignage. L’histoire de ce livre est racontée depuis son origine dans les paroles perdues du Christ (Le Chanteur d’âme, Le Rocher, 1996), jusqu’à l’époque actuelle (Le Troisième Testament, Les Éperonniers, 1990, prix Marcel Lobet) en passant par le XIIe siècle (Le Dit des béguines, Denoël, 1993), le XVIIIe (Le Frère à la bague, Le Rocher, 1999), le XIXe (Le Testament de sable, Le Rocher, 2001)… Parallèlement, Jean Claude Bologne poursuit à travers ses personnages une quête de l’identité dont le noyau reste le néant fondateur : personnages gigognes (La Faute des femmes), arborescents (L’Homme-fougère, Fayard, 2004), hantés par des anges (L’Ange des larmes, Calmann-Lévy, 2010, prix Auguste Beernaert de notre Académie) ou par leur narrateur (L’Âme du corbeau blanc, maelstrÖm, 2019)… «Il y a comme une ébriété narrative que l’on diagnostique dans Requiem pour un ange tombé du nid ou dans L’Homme-fougère, un lâchez-tout de la fabulation que plus rien n’arrête» (Jacques De Decker). Il se reconnaît pleinement dans ce «lâchez-tout» qui résume sa quête personnelle par la fiction comme par l’histoire des mentalités : un territoire de liberté où il peut échapper à lui-même et ouvrir le vase scellé de toute éternité dans le temple de Vesta, à Rome. «Pour le trouver vide, ou plein de quel néant? Pour humer l’air des origines, et m’introduire en son flanc» (Rituaire, Le Taillis-Pré, 2020). Jean Claude Bologne a été élu à l’Académie le 9 avril 2011. Il succède à Jean Tordeur.

– Yves Namu

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Le Carnet et les Instants

La vie des livres, la manière dont ils font voler en éclats la frontière entre réalité et imaginaire, les pouvoirs ontologiques, les sortilèges dont ils sont porteurs sont au cœur du dernier roman de Jean Claude Bologne, Le nouvel an cannibale. Auteur d’une œuvre marquante riche d’une quarantaine de titres, romancier, essayiste, philologue de formation, Jean Claude Bologne met en récit avec ambition, érudition et humour le coup de dés de la création.En sept chapitres, le protagoniste David Marcœil, informaticien de son état, atteint d’une inexplicable douleur à la main (analogon des stigmates à l’ère du numérique ?), fait l’épreuve de l’insolite. Lui qui entend tout contrôler, qui s’en remet aux petits…


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