« Ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne. » Amélie Nothomb
Autrice de Le crime du comte Neville
Les romans d’Amélie Nothomb fourmillent de références littéraires. Celui qu’elle livre pour cette rentrée 2015 ne fait pas exception à la règle. Du titre à l’intrigue, Le crime du comte Neville peut en effet se lire comme un clin d’œil à Oscar Wilde et à sa nouvelle Le crime de lord Arthur Savile.Les lecteurs les plus attentifs savent que l’Irlandais occupe une place éminente dans le panthéon de l’écrivaine. Un vers (tronqué) de la Ballade de la geôle de Reading, « chacun tue ce qu’il aime », revient ainsi comme un leitmotiv asséné par de nombreux meurtriers nothombiens. Bien que ces mots ne soient pas cités dans le nouveau roman de l’auteure, il y est pourtant bien question de l’assassinat…
Lorsque Rascal se met à l’écriture. On connaissait les albums, il faudra désormais aussi compter sur les romans de Rascal. Voici un texte intimiste, sorte de journal ou de souvenirs au parfum d’autrefois. Au fil des saisons, en de courts chapitres le lecteur découvrir la vie quotidienne de Rose, une petite citadine. A chaque saison, elle revient à la campagne, chez ses grands-parents. Ici, comme des petites notes personnelles, elle y contient ses sentiments, ses secrets ou ses premiers amours. On sent le vent, l’odeur des feuilles en automne, la pluie sur les carreaux du train. Car ce texte est tout empli de nostalgie, du temps qui passe et qui, malgré les souvenirs, ne sera jamais retrouvé. On retiendra particulièrement les deux premières saisons : l’été, où Rose prépare, avec sa grand-mère complice, un bel anniversaire à son grand-père (il n’a jamais pris l’avion) ; l’automne avec cette étrange promenade en compagnie de son grand-père et cette photo dans une de ses poches (Rose pense que c’est la sienne). Ces passages sont d’une très belle tendresse. On est moins convaincu par les deux derniers chapitres : l’escapade hivernale durant la nuit, l’épisode du train et les premiers émois amoureux. Il n ‘empêche que ce premier roman reste d’une belle tenue, renforcée par de belles aquarelles couleur sépia de Nathalie Novi (où l’on croise pelle mêle, le facteur de Tati, un regard dans un rétroviseur, une nature morte sur une nappe aux carrés rouges).…