Le crime du comte Neville

RÉSUMÉ

« Ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne. » Amélie Nothomb

À PROPOS DE L'AUTRICE
Amélie Nothomb

Autrice de Le crime du comte Neville

Comme on dit communément : faut-il encore présenter Amélie Nothomb ? Romancière plébiscitée par un vaste public qui va du plus jeune âge à ces âges dont Hellens estimaient qu’ils n’étaient grands que de réputation, elle est l’une des plumes de langue française les plus traduites dans le monde. Voilà un quart de siècle qu’elle alimente avec une régularité de métronome une oeuvre dont l’originalité autant que la cohérence sont indéniables. Le plus étrange est qu’elle l’édifie imperturbablement, indifférente aux recettes habituelles, en parfaite  symbiose avec une audience dont la fidélité est à toute épreuve. Il y a plusieurs veines dans la « manière Nothomb » : un fil autobiographique où il est difficile de démêler fiction et réalité ; un fil satirique à la férocité subtilement tempérée ; un fil fantasmatique aussi, qui la situe dans le sillage d’un surréalisme « à la belge » dont elle est l’une des représentantes les plus populaires. On pourrait, évidemment, à son propos,  aligner des chiffres, ceux de ses tirages en langue originale et en traductions, qui sont exorbitants, insister sur sa présence intercontinentale (être née à Kobé la prédestinait bien sûr à un rayonnement sans frontière), admettre qu’elle a parfaitement résolu les défis médiatiques d’aujourd’hui en se créant un personnage aussi aisément reconnaissable qu’un schtroumpf ou un marsupilami. Mais ce serait négliger le noyau dur d’un engagement artistique authentique qui la rend digne de celui auquel elle pourrait succéder, qu’elle a au demeurant connu, qu’elle a d’ailleurs situé dans l’un de ses livres, et avec qui elle partage, sans son expertise bien sûr, une réelle familiarité avec la Chine.
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Le Carnet et les Instants

Les romans d’Amélie Nothomb fourmillent de références littéraires. Celui qu’elle livre pour cette rentrée 2015 ne fait pas exception à la règle. Du titre à l’intrigue, Le crime du comte Neville peut en effet se lire comme un clin d’œil à Oscar Wilde et à sa nouvelle Le crime de lord Arthur Savile.Les lecteurs les plus attentifs savent que l’Irlandais occupe une place éminente dans le panthéon de l’écrivaine. Un vers (tronqué) de la Ballade de la geôle de Reading, « chacun tue ce qu’il aime », revient ainsi comme un leitmotiv asséné par de nombreux meurtriers nothombiens. Bien que ces mots ne soient pas cités dans le nouveau roman de l’auteure, il y est pourtant bien question de l’assassinat…


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L’ouragan a frappé Nyundo

Félicité Lyamukuru était adolescente lorsque, le 7 avril 1994, se déclencha le carnage. « Le génocide m’a trouvée en troisième secondaire. J’avais seize ans, j’étais vieille. » Presque toute sa famille fut anéantie dans le cataclysme qui ensevelit au Rwanda un million de Tutsis.Elle voulut d’abord oublier ces mois d’épouvante, d’arrachements, d’insoutenable douleur, terminer ses études, vivre « normalement ». «  J’ai mis du temps à entrer dans la grotte de mes souvenirs  », écrit-elle aux premières pages de son récit poignant L’ouragan a frappé Nyundo .  Elle franchissait un grand pas en participant pour la première fois, le 7 avril 2008, à Bruxelles où elle habite depuis l’an 2000, à la marche aux flambeaux qui commémore chaque année la mémoire des victimes. «  Désormais, j’assumais mon identité de rescapée.  »Comprenant que la parole est plus féconde que le silence, elle formait, vingt ans après la tragédie, le projet d’apporter un témoignage encore brûlant, de livrer son «  fragment de vérité  ».Le livre s’est élaboré en deux ans, associant Félicité Lyamukuru et Nathalie Caprioli, qui lui avait proposé d’être sa plume.Au long de rencontres denses, le désir initial de laisser à ses quatre enfants des traces de son histoire familiale saccagée s’est mué, pour Félicité, en quête de sens. 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