Sur la plage de galets, se détachant de l’ombre des cargos rassurants, de ces monstres toujours dérivants, se traîne une figure déchue. Son errance résonne à chaque coup de couronne sur les pierres graves. L’aînée des neuf sœurs se désole de la perte de son héraut, elle pleure et lui revient une matinée dorée. L’heure d’annoncer la victoire future, les lauriers de la renommée tressés. Après tant de pays, tant d’épopées, Calliope, toujours étincelante, illuminerait le monde d’une nouvelle gloire. C’était lui qu’elle avait ceint de la lourde tâche, l’homme que les siècles devront lire, armés d’espoir. Son fils prodige, la Muse l’avait enfanté avec la Modernité, homme avare s’emparant tôt ou tard du profit de ses placements. Ce fut un véritable rapt, Émile emporté d’une mort de Fer, et ses tournures sabines…
Les vagues consolent la Reine, leurs échos répondent à sa sainte adresse. Et de sa main parcourue de veines bleues, elle lit le récit léger et troublant de Kate Milie, parcours sinueux comme le fleuve que la mer, devant elle, garde en elle. Sa lente déploration royale vogue sur l’Océan, et je l’entends chercher l’auteur, emporté, des Belgiades…
Autrice de Émile Verhaeren : balades dans les pas du poète (L'Article n°20)
Dans un premier essai publié en 1964 et consacré, lui aussi, à l'auteur de La Neige était sale…
L'acte de lire (auquel se ramène toute vraie pensée critique) implique la coïncidence…