Auteur de La vermine et la gloire
Né à Quaregnon (Borinage), le 22 avril 1937, Jacques Demaude est éduqué dans une famille imprégnée de littérature biblique. Sa mère, qui n'eut pas le loisir d'exercer son métier, était institutrice de formation. Son père, employé dans les mines, professait un calvinisme éclairé où la lecture des Psaumes tenait une place d'importance. Marquée par la guerre, la résistance à l'occupant, les privations, la maladie incurable de son frère aîné et une cécité complète évitée de justesse, l'enfance du poète fut aussi consolidée par le message d'espérance du prophète Isaïe. Sous l'autorité de sa mère et du pasteur Vernier, il trouva joie et confiance dans l'étude des Écritures. Le salut par la foi agissante, l'amour de Dieu et du prochain, mais aussi la Justice et les grands problèmes de ce monde devinrent bien vite pour lui des sujets de réflexion de première importance. Sa mère l'initia aussi à la langue allemande, dont elle lui inculqua les premiers rudiments, avant de le sensibiliser aux poésies luthérienne et huguenote des XVIe et XVIIe siècles.Il fit des études parfois aisées, parfois tumultueuses, à Quaregnon d'abord, aux athénées de Mons et de Dour, ensuite. Durant cette période, il noua des liens d'amitié durable avec quelques-uns de ses professeurs, et notamment avec le poète Franz Moreau. À l'âge de seize ans, il découvre la vocation sociale de l'Église, la philosophie, les sciences économiques, l'histoire de l'art. Il s'inscrit à l'Institut d'Études Sociales de Mons, où les programmes enseignés lui semblent vite consternants. À cette époque, il commence à écrire ses premiers poèmes et rencontre, sur un chantier du service civil international, André Canonne, qui deviendra l'un des grands bibliothécaires belges, directeur du Centre de Lecture Publique de la Communauté française et l'un des fondateurs de l'actuelle revue Lectures. Leur amitié ne s'est jamais démentie, jusqu'à la disparition d'André Canonne en 1990, et ils partagèrent la même passion pour la musique, et les poésies française, allemande ou scandinave.Conseillé par le pasteur Jean-Marc Chappuis, Jacques Demaude entre, après une formation complémentaire en grec, comme auditeur à la Faculté de Théologie protestante de Paris.En 1956, des problèmes humains l'obligent à rentrer à Quaregnon pour soutenir sa mère au chevet du frère aîné et subvenir partiellement aux besoins de ceux-ci : il travaille alors notamment à la mine. Il écrit durant cette période deux recueils de poèmes qu'il détruira.Convoqué au service militaire, il se déclare objecteur de conscience. Le conseil de guerre de Bruxelles le condamne à une peine d'un an et demi de prison, qu'il purgera à Forest et à Mons. Pendant cette période, sa fiancée se tue dans un accident de la route.Chassé de l'armée, à sa sortie de prison, il est privé de ses droits civils et politiques : il lui devient impossible de trouver du travail déclaré. Sa situation financière empire. Tout en lisant Kant, Hegel et Marx, il adhère alors au Parti Communiste, où Bob Claessens, Marc Drumaux, Herz Jospa, Jacques Grippa et Roger Garaudy l'enrichiront d'une formation à la fois culturelle et politique. Intégré en 1965 dans l'équipe du quotidien Le Drapeau Rouge, il rejoint bientôt l'aile radicale du Parti et s'occupe du secrétariat de rédaction des hebdomadaires Clarté et La Voix communiste. Atteint d'une affection nerveuse, devenu invalide, il tentera encore sporadiquement, et bénévolement, d'exercer cette fonction jusqu'en 1983.La mère du poète meurt en février 1970. Le frère aîné est accueilli au centre psychiatrique de Tournai. Jacques Demaude se trouve alors confronté à une totale solitude au foyer, qui sera pourtant atténuée dans les années suivantes par le resserrement de ses liens affectifs avec son père, ce dernier décédant en 1986. En 1978, le poète rencontre Jeanne-Marie Zele, qu'il épousera en 1982. Il commence alors à reconstituer, puis à remanier ses anciens recueils; à en écrire de nouveaux aussi. Le couple s'installe à Bruxelles, où Jeanne-Marie poursuit sa formation d'artiste plasticienne et commence à créer une oeuvre propre, tandis que le poète, fidèle à ses engagements spirituels et sociaux, trouve enfin les ressources nécessaires pour multiplier traductions, études, recensions (il collabore à diverses revues belges et françaises, comme Sources, Le Journal des Poètes, Inédit, Jalons, Parterre verbal, Ad veritatem, Lectures,...) et poursuivre son oeuvre poétique personnelle où il pratique avec bonheur les poèmes longs comme les poèmes courts, traversés les uns et les autres par un souffle épique et prophétique.