La traversée des habitudes


RÉSUMÉ

60 poèmes qui évoquent les habitudes et leurs déclinaisons, la manière dont elles conjurent le temps qui passe et rythment le quotidien.

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Le Carnet et les Instants

Il y a des livres qui ont cette curieuse propriété : on les lit d’une traite, on les referme, et, on ne sait pas trop pourquoi, on se sent tout guilleret. On siffloterait même toute la journée un air de Brit Pop en faisant la queue à la poste ou au supermarché. Oui. Malgré le temps maussade et les nouvelles franchement pas joyeuses que déverse la radio. La Traversée des habitudes, dernier recueil en date de Karel Logist, pourrait fort bien, pour certains et certaines, être un ouvrage de cette trempe.C’est qu’en cinq fois douze textes, Karel Logist y traverse le monde, rencontre des gens, nous fait des confidences, tire le portrait de ses amours de toujours ou de ceux de passage, philosophe sur l’écriture, papillonne, léger…


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Nid

Mon corps est une armoire. Je vis dedans. Quand elles viennent, je voudrais me cacher ailleurs. Je pourrais m’enfuir et elles ne verraient rien, je serais toujours là.  Juxtaposées dans leur écrin blanc et noir, les phrases de Françoise Lison-Leroy ricochent sur les estampes de Pascaline Wollast , également magnétiques et sibyllines, à mi-chemin entre l’énigme et l’évidence. Ce bref récit poétique contient deux parties : « On a changé de pays » et « L’autre nuit » – deux parties qui se présentent comme les rives d’un fleuve, entre lesquelles serpente une histoire millénaire et pourtant toujours neuve. On a changé de pays introduit l’idée d’un mouvement, peut-être une fuite, un départ en tout cas qui bute d’emblée sur les murs d’une étrange maison, dont on ne sait s’il s’agit d’une prison ou d’un centre de soin – voire, de tout autre chose. Mais s’agit-il seulement d’échapper à quelque chose ou quelqu’un ? Peut-être est-il plutôt question de se soustraire aux regards, pour mieux retrouver ses souvenirs et les parfums tactiles du premier nid (ou premier lit) à l’approche du dernier. J’apprends par cœur une langue étrangère et quand je la connaîtrai, je pourrai sortir. Il ne faut pas se lancer dans le vide. Les deux autres, qui dorment à côté, ne parlent pas. Écoute ce silence.  Le premier sous-titre est aussi la première phrase de l’ouvrage, il enclenche le principe de répétition qui ponctue le récit : succession de litanies obsédantes qui participent à piéger l’attention des lecteurs dans la toile tissée par l’autrice. On rencontre alors des hypothèses qui deviennent le réel, «  on part quand on veut mais il faut remplir le formulaire  », des injonctions incongrues, «  je dois leur rapporter le livre de géométrie  », une histoire comme un jeu de plateau à échelle humaine dont le cours n’est pas tant déterminé par les volontés que par les coups de dés. Un très grand jeu dont il faut respecter les règles bizarres, les rites insaisissables et les hasards ; un jeu d’enfant, peut-être : celui qui engage le faire-semblant , le faire-comme si , les on-dit-que . Elles vont revenir. Cache-toi car elles vont revenir et me mettre dehors. Mes parents seront fâchés, il faut les appeler. Prends mon téléphone. On va dire qu’on ne comprend pas leur langue. On va dire que je n’ai rien fait. Mais cache-toi. Les autres sont déjà en route. Il ne pleut plus. On va pouvoir parler.  « On », « elles », « tu », « mes parents », « les autres » : autant d’entités plus ou moins définies qui accompagnent le « je » de la première partie et circonscrivent un territoire familier, où tout départ se trouve différé par un quotidien discipliné, l’échappée enrayée par une suite d’actions méthodiques. Pour autant, la fuite n’en est pas moins véritable : elle migre dans l’espace mental, se déploie à travers l’imaginaire et le souvenir qui ouvrent la deuxième partie. Le ou la narratrice s’adresse alors à un « tu » qui se présente comme un oiseau : fragile mais déterminé, coutumier des territoires sans frontière.  Le moineau que tu fus, sauvage et siffleur, se savait intouchable. Il épousait le mouvement d’une haie, évoluait comme elle entre ciel et terre. Ainsi étendait-il son domaine, cherchant des yeux les premiers remparts. Il les éloignait d’un pas, comme on chasse un horizon maudit. Nid peut se lire comme une boucle infinie reliant l’enfance à la vieillesse, réinventant leurs prisons respectives et mêlant les expériences jusqu’à ce que les deux états se fondent l’un à l’autre, créant un ou une narratrice sans âge, de la même manière que les figures tracées par Pascaline Wollast fusionnent jusqu’à partager leurs contours. C’est un espace-temps cyclique qu’écrit Françoise Lison-Leroy, où l’on mesure les murs pour mesurer le temps, voyageant à travers une enfilade de maisons dans lesquelles la voix narrative a laissé des plumes. Une mémoire des nids, des lits et des bras qui se retrouve à travers l’errance d’un esprit vagabond, “ sans serrure ni lisière ”. Louise Van Brabant Plus d’information Nid. Trois petites lettres à définir. On a changé de maison , dit le personnage dans un monologue à la fois précis et hâché. Mais pour aller où ? Clinique, maison de repos, pensionnat, prison, monastère... la définition du lieu est floue, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est fonctionnel, cadré, défini géométriquement, identique de pièce en pièce... bref, institutionnel. Au fil des fragments poétiques, la géographie de l’espace se dessine et se répète, carrée, divisée. Tangible, elle apporte structure et apaisement. Ramène-t-elle de la sécurité dans la confusion ? ou accentue-t-elle l’impression de malaise, de perte de repères ? L’autrice nous emmène sur ce terrain glissant et, en douceur, nous ouvre les questions d’identité, de quête et de définition de soi. Dans ce pays, toutes les constructions sont comme celle-ci. Un mur, une chambre, une salle de bain avec les toilettes. Et la douche. Les lavabos sont à l’avant-plan. Et c’est pareil jusqu’au bout de la rue, très loin. Jusqu’au bout du pays. On reçoit à manger tous les jours. Est-ce que mes parents vont venir me chercher ? Il faudra leur téléphoner. Le personnage, qu’on devine être un parent – un patient ? –, désorienté, cherche qui il est, qui elle est, perdu dans l’espace de ce lieu inconnu et peut-être aussi un peu perdu dans sa tête, mais chez qui la vie pulse et qui…