Auteur de La Prophétie d’Ocyrhoé et autres métamorphoses de Métamorphoses d’Ovide
S’appelle Dieu mais sous la forme modeste d’un nom brabançon plutôt rare. Prénom juif déguisé en prénom chrétien. Ça dit bien l’époque où il est né : après guerre. Enfant de la ville. Ne sait rien des choses de la campagne et leur a toujours préféré la folie des ports et des océans. Signe des poissons évidemment : va où il veut mais sans chemin préétabli. Un mètre soixante sept, taille qui l’oblige à préférer la séduction à la force. Yeux bleus. Cheveux gris. Se méfie de la nostalgie, adore la nouveauté. N’a jamais cru que c’était mieux avant. Ni que ce sera pire demain. Très confiant dans le progrès de l’humanité. Récuse toutes les formes de sinistrose. Le contraire du Monde diplomatique. Ne s’intéresse qu’au côté positif des choses et aime les gens. Grâce à quoi il ne s’ennuie jamais. Le repas entre amis est son seul jeu de société. Adore le gigot d’agneau flageolets, les viandes goûteuses, les tripes, les abats. Préfère les magazines féminins à Marguerite Duras. Avoue sans rougir que la pornographie l’amuse, qu’il aime la chanson du pipi des filles et le parfum du sexe féminin. A gardé de ses années radio la conviction qu’une ligne de basse est la vérité même et que la guitare électrique est le symbole majeur de l’époque. Plus Prévert que Mallarmé, il aime les catalogues : la Torah, Homère, Ovide et Dante. Eclectique, il affectionne les sujets mineurs : a écrit une apologie de la télévision, une grammaire du schtroumpf, une sémiologie du hamburger, une esthétique des chansons de l’Eurovision. Adore les rencontres et les projets un peu fous. A chaque jour besoin d’un moment de solitude au cours duquel il parle tout seul en marchant.
Au nom d’Ovide est associé comme par automatisme L’art d’aimer, œuvre qui traversa les siècles mieux que les appels du Poète ne surent franchir des milliers de kilomètres pour atteindre l’inflexible Empereur Auguste, qui l’avait en l’An 8 contraint à l’exil sur les rivages de la Mer Noire. Les raisons de cette proscription restent mystérieuses : Ovide aurait-il été témoin d’un scandale de cour, dans un contexte politique qui affichait pourtant une volonté de restauration morale ? Aurait-il assisté à quelque cérémonie ésotérique dévouée au culte d’Isis, ou trop joué d’influence dans d’obscures querelles de succession au trône ?Michel Gheude avance, tout en maintenant l’inconnue, une explication littéraire,…