La littérature est un champ de forces qui offre une réponse possible au désastre. Par l’adresse formulée à l’égard de lecteurs potentiels dans la confiance d’un libre partage, elle oppose en soi une résistance à la tentation du désespoir. Elle propose au lecteur des ouvertures sur des univers inconnus, mais aussi sur soi, sur les réalités informulées que les textes soudain éclairent. On observe ici le rôle essentiel de témoin qu’elle est amenée à tenir, et ses moyens d’action spécifiques.
Autrice de La littérature, une réponse au désastre
Que peut la littérature ? Comment dispose-telle un espace imaginaire tissé par la fiction, qui soit à même d’agir sur le réel, sur le monde, sur soi, sur la pensée, les affects, les représentations ? Dans son essai vigoureux autant que rigoureux, La littérature, une réponse au désastre, Myriam Watthee-Delmotte dresse une étude exigeante, passionnée, de la manière dont la littérature se pose comme un levier d’action, un dynamisme de forces qui parie pour une riposte au désastre. Le questionnement se découpe en plusieurs champs : une analyse de son rôle de témoin (du chœur antique de la tragédie grecque aux témoins intérieurs, extérieurs ou imaginaires), de ses contenus et des dispositifs langagiers qui mettent en forme ces derniers…