Hôtel meublé

RÉSUMÉ

Un crime a été commis : Oswald Stricker, vieil expert et usurier, détenteur d’une fortune secrète, est retrouvé mort dans son appartement. L’inspecteur Maudru est chargé de cette curieuse affaire. Il sera très vite secondé par Madame Aurélia, détective amateur, qui va s’installer dans le logement du défunt pour mener l’enquête au plus près des locataires – aussi morbides que saugrenus, vivant dans la misère et prêts à tout pour s’enrichir. Un huis clos fantastico-macabre aux allures de Cluedo

À PROPOS DE L'AUTEUR
Thomas Owen

Auteur de Hôtel meublé

Issu de la bourgeoisie cultivée de Bruxelles et aîné de trois enfants, Gérald Bertot naît le 22 juillet 1910 à Louvain. Son père, avocat, l'initie à l'art, lui apprend la valeur de la phrase courte. Lors de ses études de droit à Saint-Louis et à l'Université de Louvain, il acquiert un début de notoriété, en créant, en 1930, une revue d'étudiants, La Parole universitaire. Bouillant chroniqueur politique, il collabore à différents journaux catholiques de 1928 à 1934. Militant pour la paix, il multiplie les textes engagés tels Une voix parmi d'autres (1931), Besoin de rupture (1933), ou Danger des idées (1934). En novembre 1933, il épouse Juliette Ardies, dont il aura deux enfants; en même temps, il entre au Moulin des Trois Fontaines, dirigé par son grand-oncle. Parallèlement, il entame — sous le pseudonyme de Stéphane Rey — une longue et fructueuse carrière de critique d'art. L'invasion allemande le réduit au chômage car le Moulin est détruit. Désœuvré, il se lance dans le roman policier. La rencontre avec Stanislas-André Steeman en 1941 lui permet de publier plusieurs récits dans Le Jury, pépinière de talents. Sur le conseil de Steeman, il opte pour le nom de Thomas Owen, plus commercial. Ces courts romans aux titres mystérieux (Ce soir, huit heures) ou saugrenus (Un crime swing, Le Nez de Cléopâtre) sont très typiques de l'époque. L'intrigue policière est prétexte à un discours de mœurs, particulièrement représentatif des potentialités humoristiques voire burlesques de l'auteur. Année fertile, 1942 voit la parution de Duplicité (co-auteur : Élie Lanotte) et de L'Initiation à la peur, roman qui amorce déjà un tournant dans l'œuvre d'Owen car, sur un canevas policier traditionnel, il greffe maints éléments entachés de fantastique grand-guignolesque. L'évolution est encore plus sensible dans Hôtel meublé (1943), où les détails alarmants occultent de manière spectaculaire le crime qu'ils étaient censés mettre en évidence. Conscient de cette dérive et fatigué des fins logiques du genre policier, Owen décide, après un roman-parenthèse de type mauriacien (Les Espalard), de se consacrer tout entier à la littérature fantastique. Dans son premier recueil de nouvelles, Les Chemins étranges, s'épanouit La Peur aux yeux de jade chère à Jean Ray : de puissants motifs XIXe siècle y naviguent entre surnaturel sanguinaire et extravagance macabre avec une maîtrise dans l'horreur, digne du grand maître gantois. Cependant, cette influence se dilue rapidement. Dès La Cave aux crapauds, l'univers est banalisé, l'atmosphère lentement corrompue pour engendrer le malaise et non la peur, l'allusion préférée à la description. Tel Franz Hellens, il adhère maintenant à un fantastique quotidien, sourdant du réel comme une moisissure. Publié en 1944, Le Livre interdit (roman) marque un pas décisif dans le parcours littéraire de Thomas Owen : érotisme feutré, approfondissement psychologique et mysticisme gomment la trace du ton Jean Ray. Après la guerre, Owen produit ses derniers romans, non fantastiques : Le Jeu secret (1950) et Les Grandes Personnes (in Audace, 1954), abondamment nourris de souvenirs d'enfance et exprimant la violence douloureuse des émotions du jeune âge. Ces deux œuvres mettent également en lumière un des ressorts fondamentaux de l'écriture owenienne : la fatalité. Au cours des années soixante, Owen, qui publie dans Fiction et Mystère-Magazine depuis 1950, a établi son écriture de croisière, comme en témoignent Pitié pour les ombres 1961) et son prolongement thématique, Cérémonial nocturne (1966). Combinant insolite poétique et onirisme délicat, Owen joue en sourdine des variations fluides sur les thèmes du fantôme et de la collision rêve/réalité. De l'humour noir et du macabre, il ne subsiste que quelques touches : sophistication et érotisme président maintenant à l'ensemble des contes. Cette tendance à la sensualité ambiguë, traduite de façon volontairement désinvolte et ironique, s'accentue dans La Truie (1972) et Le Rat Kavar (1975). Entre fascination de la femme et morbidité, Owen privilégie de plus en plus cette écriture essentiellement picturale propre à sa maturité littéraire. Le 13 décembre 1975, Thomas Owen est élu membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises et se lance peu après, avec le peintre Gaston Bogaert, dans la double aventure des Maisons suspectes (1976) et des Chambres secrètes (1982). Il renouvellera l'expérience de l'œuvre mixte dans Les Sept Péchés capitaux (1984), où il s'associe avec Maria Noppen de Mateis. Tissé d'altérations et de mouvements imperceptibles, son fantastique allusif ne se modifie plus foncièrement. Inspiratrice continuelle de son talent, la femme dans tous ses états est au cœur de chaque recueil, que ce soit dans les obsessions et fantasmes freudiens de l'autobiographique Tétrastome (1988) ou dans les récits éclectiques qui composent Carla hurla (1991) et La Ténèbre (1994). Pour surprendre le lecteur, Owen mise avant tout sur la subtilité d'atmosphères vénéneuses ou à l'érotisme affirmé. Le désir de légèreté le guide dans le traitement des nombreux motifs fantastiques traditionnels qui émaillent son œuvre : vidés de leurs archaïsmes ou épurés à l'extrême, ils conviennent désormais à la facture toute de glissements et d'ellipses qu'il a définitivement adoptée et qui est, de sa créativité, la plus authentique signature. Thomas Owen est mort le 1er mars 2002.
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Le Carnet et les Instants

Soit un lecteur connaissant Thomas Owen, ayant lu ses textes fantastiques, ayant entendu parler d’Hôtel meublé sans savoir quand et dans quelle maison d’édition et collection il a été édité. Il en découvre la réédition en Espace Nord. Admettons qu’il fasse l’économie de la quatrième de couverture. Comment réagit-il à l’évolution de la narration ? Ce lecteur est assez vite déconcerté. Owen commence par décrire un immeuble et ses habitants, de façon réaliste, mais d’un réalisme qui force dans l’ordre du médiocre et même du sordide. Les locataires vivent de peu, dans des conditions fort sommaires. On y pressent cependant des différences de statut, entre ceux qui n’ont pas le choix et doivent se contenter de ces conditions…


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