Émile Lempereur fut mobilisé en 1940 et il participa à la « Campagne des dix-huit jours » à l’issue de laquelle il fut fait prisonnier et emmené en captivité au Stalag II C, à Greifswald, en Poméranie.
Durant cette captivité, il rédigea des poèmes en wallon qu’il consigna dans un cahier à couverture en moleskine noire ; ces textes, il les traduisit ou mieux, il les adapta en français et il put les ramener dans son maigre bagage lorsqu’il bénéficia d’un rapatriement sanitaire.
C’est à sa mort que Jeanne Fostier, sa veuve, a retrouvé ce cahier qu’elle confia à Èl Môjo dès Walons et à l’Association littéraire wallonne de Charleroi afin qu’il fasse l’objet d’une édition.
Pourquoi ce recueil de textes est-il demeuré inédit ? Pourquoi n’a-t-il pas paru dans l’immédiat après-guerre, une période au cours de laquelle les publications de « souvenirs de captivité » firent florès.
Certains de ces récits étaient imprégnés de haine et d’un esprit revanchard tandis que d’autres ne constituaient qu’une suite d’anecdotes, certes plaisantes, mais qui n’allaient guère plus loin qu’une description du quotidien des captifs.
Les textes du « cahier », eux, ne sont en aucun cas empreints d’inimitié envers les geôliers et ils ne versent pas dans l’anecdote facile. En fait, le fil conducteur de ce recueil, c’est un questionnement sur la guerre, guerre qui ne peut que mener à la mise à mal de toute forme d’humanisme. Cette attitude aurait-elle été mal perçue à la fin des années quarante ? Ce serait peut-être là une des raisons de cet « oubli ».
Mais le voilà donc réparé, cet « oubli » car il aurait été malheureux que ces textes, qui témoignent du talent littéraire d’Émile Lempereur et de sa foi dans l’homme, demeurent dans un tiroir.
C’est aussi dans cette volonté de transcendance que l’illustration de l’ouvrage a été confiée à une photographe allemande, Angela Mahler, une photographe qui sait admirablement rendre le climat de cette Poméranie où bon nombre de Wallons connurent des moments difficiles qui les ont marqués à jamais.
Auteur de Greifswald. Powèmes di prîjonî
Li Rantoele - L° 87 - 4-2018 - Li Rantoele del sint-Rmey 2018 - Waeyen-tins
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