Frèdi èt Simone

RÉSUMÉ
Nous sommes au début des années 60. Au début du printemps aussi. Sur la place du village on vient aux emplettes, des enfants jouent. Et au Salon de la Gaîté, chez Freddy et Simone, aura lieu tout à l’heure la répétition de la fanfare locale…
La narration — vraisemblable, à défaut d’être vraie dans ses moindre détails —de cette journée ordinaire met en scène d’authentiques habitants du village. Seul le personnage de Roger a été inventé. Cela dit et bien que, pour servir l’intrigue, celui-ci ait été gratifié d’un penchant pour la vive bouteille, beaucoup de lecteurs « de chez nous » ne manqueront pas de reconnaître dans ce pêcheur dilettante, lettré, jongleur de mots et conteur intarissable, un peu de la figure d’un autre enfant du pays : Léon Baret, 92 ans, mémoire vivante — et toujours sobre ! — du Beignée d’hier et d’avant-hier. Cette histoire lui est dédiée.
Parce que la seule ambition de cette nouvelle est de divertir, l’opposition des caractères entre les protagonistes y est parfois caricaturale. C’est la loi du genre ! Mais il va sans dire que, dans la vraie vie, Freddy et Simone étaient d’abord deux personnes attachantes qui dépassaient de loin ce comique de caractère. Ils auront l’un et l’autre laissé à tous les Bingn’tîs un souvenir heureux et toujours vivace.
C’est, à travers eux, en pensant à tous nos anciens que cette histoire a été écrite. En mémoire aussi du chemin patrimonial du Laury, qui était si cher à Willy Bal et qui reliait si joliment — sur la rive gauche aujourd’hui privatisée de l’Eau d’Heure —les villages de Beignée et de Jamioulx.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Éric Monaux

Auteur de Frèdi èt Simone

Né en 1955 à Charleroi, Éric Monaux habite à Montigny-le-Tilleul. Depuis qu’il est retraité, il a à cœur de raconter dans sa langue régionale quelques souvenirs d’enfance liés le plus souvent au village de Beignée (un hameau de Ham-sur-Heure, dans la Thudinie) où il a grandi.

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Tchansons d’one miète pus lon. Chansons d’un peu plus loin

Les membres de la Société de langue et de littérature wallonnes, qui reçoivent ses publications ordinaires avant même qu’elles n’arrivent en librairie, auront certainement remarqué l’évolution de sa plus vaste collection, « Littérature dialectale d’aujourd’hui ». Au-delà du travail innovant réalisé sur les maquettes, il convient d’observer une inflexion dans le choix des textes : alors que, depuis une bonne décennie, elle proposait des œuvres d’écrivains confirmés — et parfois même des rééditions — voilà qu’ont paru coup sur coup deux premiers recueils. Si Al cwène dès djoûs de Jean Collette , qui réunit plusieurs suites de poèmes, semblait déjà une œuvre de maturité, ces Tchansons d’one miète pus lon marquent l’entrée en littérature d’un nouveau talent, par ailleurs l’un des cadets de la Société. (Qui se souvient que la « petite collection », comme elle est souvent appelée, fut composée à l’origine de plaquettes se réjouira certainement qu’elle joue à nouveau ce rôle de vivier.) 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De même pour le tape-à-gaye (le gauleur de noix, qui frappe au petit bonheur la chance) et le tchîye-à-pouf (le « chie au hasard »), qui perdent aussi de leur saveur. C’èst mi qu’èst piche-è-l’aye Tape-à-gaye Tchîye-à-pouf C’èst vos, m’ fi, qu’èrite do bouzouf ! [Je suis désinvolte / Imprévoyant / Foireux / C’est toi, mon gars, qui hérites du bordel !] Ces deux extraits font entrevoir un thème important du recueil, à savoir les limites planétaires et la critique de l’individualisme. Xavier Bernier est en effet un auteur engagé, qui dénonce aussi la « Forteresse Europe » et la fast-fashion . Il est intéressant d’observer que, ce faisant, il renoue avec une tradition centenaire de la littérature en langue wallonne, qui a souvent — et notamment dans ses débuts moralistes — prêché le principe de l’égalité de tous devant les drames. 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Mi, dji n’è vou nin, d’ vos racènes Èt dji n’ vou nin d’meurè stitchi Tot tchantant, mès pîds dins l’ansène Ou dins l’ crausse aurzîye do pachi [Je n’en veux pas, de tes racines / Et je ne veux pas rester fixé / Chantant, les pieds dans le fumier / Ou dans l’argile grasse du verger] Le meilleur exemple est sa Tchanson po lès mouchons , qui reprend un air traditionnel quelque peu carnassier. Mais, sous sa plume, « Dj’ê stî al tchèsse aus p’tits mouchons / Dj’ènn’ ê tuwè pus d’on million » [ « J’ai été à la chasse aux petits oiseaux / J’en ai tué plus d’un million » ] devient… Avoz choûtè lès p’tits mouchons Qui tchantenut chaque si p’tite tchanson ? [ As-tu écouté les petits oiseaux / Qui chantent chacun sa petite chanson ? ]Gageons que c’est grâce à de nouveaux bardes comme lui « Qui l’ môde va d’abôrd riv’nu do tchantè è walon / Èt r’chuflè dès-aîrs do timps d’ nos ratayons » [ « Que chanter wallon reviendra à la mode / Tout comme siffler des airs anciens » ]. 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