Fétichismes

À PROPOS DE L'AUTRICE
Véronique Bergen

Autrice de Fétichismes

Véronique Bergen (pseudonyme de Vankeerberghen) est née le 3 avril 1962. Elle fréquente, en secondaire, la fameuse école Decroly qui favorise l’expression de la personnalité de chacun et la réalisation des vœux les plus intimes. Elle poursuit ses études à l’Université libre de Bruxelles en philologie romane puis en philosophie. Elle obtiendra le titre de docteur en philosophie. Son mémoire de philologie (défendu à l’ULB), Jean Genet, Entre mythe et réalité, sera publié dans la collection «Littérature» de Pierre Mertens aux éditions De Boeck, un essai qui obtiendra le prix Franz De Wever de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Côté philosophie, sa thèse sur Gilles Deleuze (L’Ontologie de Gilles Deleuze) a été présentée à Paris 8 et paraît chez L’Harmattan en 2001. Sa passion pour la musique la conduit à apprendre le piano à l’âge adulte à l’Académie de Bruxelles et ensuite avec Éliane Reyes. Elle enseigna brièvement la littérature théâtrale au Studio Herman Teirlinck d’Anvers. Elle est élue en 2018 à l’Académie royale de langue et de littérature françaises au siège de Philippe Jones. Son œuvre couvre tous les domaines : roman, poésie, essais, monographies, et même scénario de bande dessinée… Elle est aussi membre du comité de rédaction de la revue Lignes, membre du comité d’administration des éditions le Cormier, critique pour diverses revues (La Nouvelle Quinzaine littéraire, Marginales, Artpress, Diacritik, Flux News, L’Art même, Le Carnet et les Instants, Lignes, Septentrion, Espace de Libertés…). Parmi les rencontres qui la marqueront sur le plan de la création, de la pensée, citons Pierre Verstraeten, Pierre Mertens, Jacques De Decker, Marcel Moreau et Hélène Cixous. Après la parution de son mémoire sur Jean Genet, son œuvre commence par la poésie en 1994 avec le recueil Brûler le père quand l’enfant dort (La Lettre volée), dont le titre témoigne déjà de son originalité. Il sera suivi d’une quinzaine d’autres recueils poétiques dont L’Obsidienne rêve l’obscur, préfacé par Pierre-Yves Soucy (1998), Habiter l’enfui, préfacé par Claire Lejeune (2003), Plis du verbe (2006), Alphabet sidéral. Dans les pas d’Anselm Kiefer (2008), Gang Blues Ecchymoses avec les photographies de Sadie von Paris (2017), Alphabets des loups (2018). Une autre partie importante de son œuvre poétique est constituée de dialogues avec des artistes, peintres, photographes… On y rencontrera Anselm Kiefer, Gundi Falk, Charlotte Perriand, Pilar Albarracin, Marie-Jo Lafontaine, Sophie Cauvin, Bernard Gilbert, Sophie Podolski et bien d’autres dont Javier Vallhonrat ou Jacqueline Devreux. Ses romans donnent voix aux oubliés, aux êtres fissurés, aux muselés de l’Histoire et aux grands révoltés : Kaspar Hauser dans Kapsar Hauser ou la phrase préférée du vent, Unica Zürn dans Le Cri de la poupée, Janis Joplin dans Janis. Voix noire sur fond blanc, Marilyn dans Marilyn, naissance année zéro, Edie Sedgwick dans Edie. La danse d’Icare, Ulrike Meinhof dans Ulrike Meinhof, Louis II de Bavière dans Requiem pour le roi… Ce qui caractérise Kaspar Hauser ou la phrase préférée du vent (Denoël, 2006, prix Félix Denayer de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, prix triennal de la Ville de Tournai, finaliste du prix Wepler et du prix Rossel, réédité chez Espace Nord en 2019, postface de Charline Lambert), c’est son style, l’inventivité de l’écriture et de la pensée : l’incroyable capacité de Véronique Bergen de pénétrer la sensibilité de n’importe quel personnage, réel ou fictif. Ici, elle fait parler Kaspar Hauser, un enfant qui a été emprisonné toute sa jeunesse, en qui on vit un descendant de la famille royale de Bade tandis que d’autres le diagnostiquèrent autiste et qui fut libéré, jeté dans la société des hommes à l’adolescence. Kaspar Hauser se frotte tout à coup au monde qui le heurte. Le ton s’adapte et change quand il s’agit de la voix de la mère ou de celle de la comtesse H. ou du geôlier ou de l’assassin de Kaspar. Étonnante capacité à se fondre dans tous les registres et qui contraste terriblement avec les livres à une seule voix et un seul ton. Il serait impossible d’établir la liste de tous les écrits de Véronique Bergen depuis son premier recueil poétique de 1994, soit sur près de trente années, tellement ses intérêts sont divers, ses préoccupations nombreuses, ses talents innombrables. Signalons qu’avec Tous doivent être sauvés ou aucun (encore un titre qui laisse pressentir un univers singulier), édité chez Onlit fin 2018, on voit nettement poindre une autre préoccupation de Véronique Bergen : la dénonciation des agissements de l’humain, son agressivité à l’égard de la nature et des espèces animales. Et elle conclut en faisant disparaître l’homme et en donnant tout pouvoir aux animaux et, ici, particulièrement aux chiens auxquels elle donne voix tout au long du roman. «Flamboyante d’énergie, de colère et d’humour, cette fable donne de l’humanité et de l’univers en général une vision d’autant plus convaincante dans sa violence que Véronique Bergen y déploie une énergie féroce et tous ses talents de conteuse, de visionnaire et de poète» analyse Jeannine Paque dans Le Carnet et les Instants. Son œuvre philosophique interroge essentiellement la philosophie contemporaine (Deleuze, Sartre, Badiou), questionne les champs de l’esthétique, de la métaphysique (Résistances philosophiques, Comprendre Sartre, Le Corps glorieux de la top-modèle…). Elle a consacré des essais à Visconti (Visconti. Les Promesses du crépuscule), Hélène Cixous (Hélène Cixous. La Langue plus-que-vive), aux Roms, à Patti Smith, faisant éclater les frontières entre la fiction, la philosophie et la poésie, entre culture savante et culture populaire. Gageons, face à cette écrivain(e) aux mille visages, que le souci écologique n’échappera plus aux livres à venir et que l’animal, quel qu’il soit, excepté l’homme, y aura sa part. Lauréate d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse semi-sabbatique 2021
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Le monde de Véronique Bergen, le monde qu’elle façonne de livres en livres, entre essais, romans, poésie et même livres pour la jeunesse, ne se laisse pas circonscrire sans sursauts : d’une part, parce que son style ne néglige ni les concepts les plus aiguisés, ni les images les plus éruptives ; d’autre part, parce que les thèmes abordés passent des Roms à Deleuze, de Janis Joplin à Kaspar Hauser, au corps de la top modèle, à l’alphabet sidéral, aux palimpsestes, griffures, aquarelles et autres résistances philosophiques…… Ou encore aux Fétichismes, titre d’un essai qui illustre plus que jamais sa démarche décalée, autant dire libre. Si le fétichisme est un mot qui s’applique indistinctement « au registre religieux,…


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:monde objet livre fétichisme - "Fétichismes"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Les sociétés et les déserts de l'âme. Approche sociologique de la retraite religieuse dans la France du XVIIe siècle

Quand, au milieu du XVIIe siècle, Arnauld d'Andilly fait paraître sa traduction des Vies des saints pères des déserts , il ne livre pas seulement un texte philologiquement sûr à la lecture édifiante des moniales et des reclus; il espère que les gens du monde y trouveront des exemples nombreux de sainteté pour en faire un instrument de leur conversion à Dieu. Bien d'autres livres, qui semblent à l'usage exclusif des conventuels, prétendent in fine excéder le lieu de leur diffusion professionnelle pour être lus dans le «monde». Et ils l'ont été. Cette performance du texte religieux de conversion et de retraite illustre un procès de rencontre entre deux univers, trop souvent tenus pour être quasi étanches et, pour le moins, opposés l'un à l'autre : le cloître et le «siècle». Centrée sur le XVlle siècle français, non sans puiser aux sources d'un passé parfois récent ou s'oser aux extrapolations pour les siècles suivants, la réflexion qui est ici présentée cherche à montrer que, si opposition il y a eu entre ces deux sphères des destinées humaines, la bipartition n'aura été aussi vive que par le fait de la similarité structurelle qui les fait trop semblables pour qu'elles ne s'opposent pas. Par l'ascèse, dont la diffusion se fait dans l'espace curial, qui commande aux nouveaux comportements légitimes et aux représentations dominantes de la société d'Ancien Régime, prennent forme un procès de domestication des pulsions, une éthique de la convergence du paraître social et de l'être psychologique, un fétichisme déréalisant qui porte sur les grâces royales de plus en plus symboliques, sur les petits riens de l'étiquette et sur une subordination de l'espace privé à une montre publique de soi. Ce protocole trouve son homologie déplacée dans l'espace du cloître : la césure de l'être avec son passé mondain, l'investissement dans les promesses divines de la rédemption, la transparence du coeur et de l'âme dans la promiscuité cénobitique, l'attention annihilante, voire mystique, aux moindres détails qui comptent plus que tout au regard de Dieu. De manière plus circonstancielle, les nouveaux modèles de l'éthique aristocratique ont puisé aux instructions anciennes des novices ; en retour, les prélats ou les supérieurs redéfinissent les Règles monastiques à partir des préceptes de la civilité aristocratique. Structurant un échange continu du fait de cette position inédite entre deux mondes, la manipulation des exemples édifiants formalise la congruence des modèles existentiels, tel saint Louis, mythifié pour exalter le fondateur spirituel de la monarchie, pour magnifier l'union des obligations séculières avec celles de la pénitence et pour cautionner la lutte contre les protestants. Parce que le recrutement monastique montre une surreprésentation des fractions sociales dominantes, s'expliquent l'imposition du modèle aristocratique dans les réformes monastiques du XVlle siècle et, plus sourdement, l'émergence d'un procès plus vaste où rétrospectivement se définira l'homme moderne — l'individu — dans son agir social et dans la représentation qu'il va intérioriser des usages licites et surtout sublimants où l'individu finira par se penser au-delà des…