Faux passeports | Objectif plumes

Faux passeports

RÉSUMÉ

Il y a des œuvres dont le temps révèle la vérité. Faux passeports est de celles-là. Ce roman rend compte, en effet, de la destruction d’une espérance collective dont l’éclatement de l’empire soviétique, plus de cinquante ans après, a illustré l’ampleur et la tragédie. Convaincu de trotskisme et exclu du Parti communiste lors du…

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PRIX
  •   Prix Goncourt 1937
À PROPOS DE L'AUTEUR
Charles Plisnier

Auteur de Faux passeports

Né à Ghlin le 13 décembre 1896, Charles Plisnier passe son enfance et son adolescence à Mons, où ses parents se sont fixés avant la fin du siècle. La ville bien-aimée, qu'il évoquera à diverses reprises, notamment dans Figures détruites, L'Enfant aux stigmates et Mariages, est le lieu de ses premiers émois, mais aussi le poste d'où il observe les luttes politiques et les mouvements sociaux, aux côtés d'un père qui milite pour le socialisme. Bientôt, le spectacle des injustices le conduira à l'action. En attendant, il dévoile les troubles de son cœur d'adolescent dans deux recueils de poèmes, publiés à Mons en 1913 : L'Enfant qui fut déçu et Voix entendues. Il reçoit l'encouragement d'Émile Verhaeren. Quand la guerre éclate, il vient de terminer ses humanités à l'Athénée de Mons. Les universités ont fermé leurs portes; il se consacre à la lecture d'une masse d'ouvrages scientifiques et philosophiques, de son propre aveu la base de sa formation intellectuelle et morale. Au printemps de 1917, il tente de passer en Hollande pour rejoindre l'armée. Il est refoulé. Ayant quitté Mons, c'est à Bruxelles qu'il apprend, le 8 novembre 1918, la victoire de la révolution russe. Est-ce l'aube d'une ère nouvelle? Il le croit; il s'engage. Dès 1919, il collabore à des publications d'extrême-gauche. Inscrit à l'Université libre de Bruxelles, il anime l'Association des étudiants socialistes belges. En décembre 1919, délégué par elle au Congrès de Genève, il vote l'adhésion à la IIIe Internationale, malgré le mandat restrictif qu'il a reçu. Les jeux sont faits. Il entre au parti communiste belge dès sa fondation, en septembre 1921. Le 23 novembre de cette année, il épouse Alida Depriez, qui sera l'admirable compagne des bons et des mauvais jours. Diplômé docteur en droit en octobre 1922, il s'inscrit au barreau de Bruxelles et s'installe place Louis Morichar, à Saint-Gilles, dans cette maison d'allure provinciale où il réunit la société bigarrée de ses amis, éblouis par sa parole. Nommé en 1925 président de la section belge du Secours rouge international, chargé à ce titre de nombreuses missions à l'étranger, clandestines souvent, il se soumet à la loi du parti, qui lui interdit de publier toute œuvre littéraire. Pourtant, il continue d'écrire. «Guérit-on de la poésie? Le dimanche, enfermé dans ma maison, je libérais mon vieux démon. Et il me dictait ces proses infinies où, stupéfait, je voyais paraître, mêlés à mes cohortes rouges, des infantes, des anges et, déjà, le Christ.» Deux événements vont infléchir son existence et sa carrière. Rallié aux vues de Trotsky, il est exclu du parti communiste au début de l'année 1928. «Maintenant cette vie que je lui avais donnée, le Parti Communiste me l'a rendue», fait-il dire à l'agitateur de Faux Passeports. Après neuf ans de silence (Ève aux sept visages date de 1921), il publie, à intervalles très rapprochés, la quasi-totalité de son œuvre poétique : Prière aux mains coupées (1930), Histoire sainte (1931), L'Enfant aux stigmates (1933), Fertilité du désert (1933), Déluge (1933), Babel (1934), Odes pour retrouver les hommes (1935), Sel de la terre (1936), Périple (1936), Sacre (1938). Lorsque, en 1943, paraîtra Ave Genitrix, journal lyrique d'une conversion, on disposera de l'ensemble des textes qui correspondent à sa définition de la poésie toute écriture qui doit délivrer l'homme d'une obsession étrangère à sa conscience. Perdu au milieu des ouvrages que Plisnier offre aux lecteurs des poètes entre 1930 et 1936, un recueil de quatre nouvelles, Figures détruites (1932), annonce une bifurcation prochaine. Le projet de composer un roman de longue haleine commence à prendre forme. Ce sera l'autre événement crucial : Mariages (1936), coup d'essai, coup de maître. On salue un nouveau Balzac! Le refus de l'Académie Goncourt de couronner un auteur étranger, son repentir le 2 décembre 1937, lorsqu'elle décerne son prix conjointement à Mariages et à Faux Passeports ou les Mémoires d'un agitateur (terminé en mars 1937) contribuent à élargir l'audience du romancier Plisnier et à renforcer sa notoriété. Quelques jours après le prix Goncourt, le 11 décembre, il est élu membre de l'Académie, où il succède à Paul Spaak. Le succès l'a décidé à abandonner le barreau et à vivre de sa plume. Parti pour la France au début de 1937, il s'établit dans la Brie l'année suivante. Il travaille d'arrache-pied : Meurtres, tomes I et II (1939), tomes IIl et IV (1940). Réfugié dans le Berry, il achève le tome V (1941). Puis, il souffle un peu en écrivant un drame, Hospitalité (1943), et deux romans relativement courts, édités après la guerre, La Matriochka (1945), Héloise (1946). Depuis Mariages (remanié profondément en 1944), il est traduit dans de nombreuses langues. Ayant réintégré sa propriété briarde, saccagée par les Allemands, il poursuit son œuvre avec acharnement. Jointe à Mariages et à Meurtres, la trilogie Mères (publiée entre 1946 et 1949) complète la vaste fresque où, à travers l'histoire de quelques familles de la bourgeoisie provinciale, il a essayé d'atteindre l'essentiel des choses invisibles. Beauté des laides (1951) et Folies douces (1952) seront les derniers livres imprimés de son vivant. Comme Faux Passeports et Figures détruites (en 1945, édition revue et augmentée), le recueil Folies douces montre son changement de ton quand il passe du roman à la nouvelle, évocation dramatique, fiévreuse, d'existences insolites, d'individus déchirés. Le 17 juillet 1952, usé par le travail, consumé par la quête de l'absolu, il meurt dans une clinique bruxelloise, des suites d'une opération. Exhumant des textes inédits et des articles importants parus ici et là, sa veuve constitue trois volumes, L'Homme et les hommes (1953), Patrimoine (1953), Roman. Papiers d'un romancier (1954), où l'on découvre que Charles Plisnier, poète aux multiples registres, romancier visionnaire, nouvelliste original, était aussi un essayiste de premier ordre, un analyste lucide des problèmes de son époque et de son art.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

En 1991, dans sa postface à Faux passeports de Charles Plisnier, Pierre Mertens soulignait « l’incroyable modernité », voire la fraîcheur de ce texte. Il faut dire qu’à l’époque le vent du changement qui s’était levé deux ans plus tôt pour abattre le Mur de Berlin passait sur l’URSS pour y balayer un peu plus de huit décennies de communisme.Mais que reste-t-il en 2019 de ce faux roman, composé en réalité d’une suite de nouvelles reliées par le regard d’un narrateur identique ? Un classique, en cela que les portraits campés par Plisnier cristallisent une époque en en rendant sensibles les chamades et les convulsions. Dès l’avertissement, l’écrivain prend ses distances avec le je qui s’y exprime, à qui il « souhaiterait…


Karoo

Karoo se penche sur la réédition d’un classique des lettres francophones : Faux passeports de Charles Plisnier ; une histoire par la bande des espoirs et des désespoirs du communisme au début du XXe siècle. 


Quand Charles Plisnier écrit Faux passeports, son divorce avec le communisme soviétique est consommé. Lui qui fut l’un des intellectuels organiques du Parti Communiste Belge dans les années…


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Nouvelles de Belgique

La littérature serait-elle le meilleur moyen de découvrir une région ? Comment percevoir autrement l’esprit d’un lieu qu’à travers la perception intime qu’en donne un écrivain ? Les éditions Magellan & Cie ont répondu avec conviction à ces questions en imaginant leur collection « Miniatures », qui vient de consacrer un de ses derniers titres à la Belgique.«  Alors que la mondialisation des échanges progresse, que le monde devient un pour tous, des mondes-miniatures s’imposent, des pays et des régions entières affirment leur identité, revendiquent leur histoire ou leur langue, réinvestissent pleinement leur espace. Quoi de plus parlant qu’une miniature, la nouvelle, pour lever le voile sur ce monde-là, celui d’une diversité infinie et porteuse d’espoir ?  », voilà en quelques mots comment l’éditeur, Pierre Astier, présente cette initiative qui a déjà publié une quarantaine de titres aussi variés que ceux consacrés à Cuba, Haïti, Montréal, le Liban, le Mali, le Congo, la Corse ou la Bretagne, la Catalogne, la Serbie ou la Corée, etc. Lire aussi : notre recension de  Nouvelles du Congo Ce recueil consacré à la Belgique a ceci de particulièrement réjouissant qu’il est le reflet du cosmopolitisme de notre petit pays, terre de passage et d’échanges, à la croisée de grandes cultures. C’est également un superbe florilège d’écritures et d’univers que nous révèlent les six auteurs de ces nouvelles : si les noms de Nadine Monfils et Patrick Delperdange ont des connotations bien francophones, ceux d’Alfredo Noriega, Aïko Solovkine, Katia Lanero Zamora et Kenan Görgün ne seraient pas a priori rangés dans un rayonnage français. Regrettons au passage qu’aucun auteur flamand ne figure au sommaire puisqu’il s’agit d’un recueil intitulé Nouvelles de Belgique . Une suggestion à glisser à l’éditeur pour un deuxième tome ! Ne boudons pas notre plaisir cependant.Si l’on retrouve sans surprise la verve osée et franchouillarde de Nadine Monfils et les ambiances lourdes, voire sombres, de Patrick Delperdange, cette fois dans la touffeur d’une forêt ardennaise, les registres d’Alfredo Noriega, Aïko Solovkine et  Katia Lanero Zamora nous sont moins connus et nous réservent de belles surprises. Le premier n’a rien à envier à ses confrères latinos : il nous conte une histoire à la grande puissance imaginative entre une enfance équatorienne et des rencontres singulières dans le quartier des Marolles. Les deux textes suivants nous immergent dans des humanités en déshérence, tantôt confrontées aux restructurations, délocalisations, grèves et paysages industriels décrits avec une force visuelle rare, tantôt perdues entre deux appartenances culturelles surgies de l’exil d’une famille espagnole en pays liégeois. Si Solovkine nous confronte à la brutalité sociale, la nouvelle de Katia Lanero Zamora nous émeut par une dignité familiale retrouvée. Nous partageons le choix de l’éditeur s’il a voulu nous réserver le meilleur pour la fin : dans « Résurrection de Cyrano », Kenan Görgün met en scène deux frères turcs établis en Belgique. Ils y ont développé deux visions opposées de la vie professionnelle, de la vie tout court et de l’engagement, alors que du temps de leur jeunesse, ils se retrouvaient à l’unisson dans les…