L’amour… On le cherche, on le poursuit, on le fait et le défait, on en jouit, on en souffre. On le chante, l’écrit, le peint, le joue et le feint… On meurt pour lui, ou l’on tue. Mais que recouvre ce mot ? Nous aimons Dieu (parfois), notre patrie (rarement), nos parents, nos enfants. Nous aimons rire et chanter, nous aimons le sport, le cinéma, et même le chocolat ou le bon vin. Nous aimons nos rêves, nous aimons aimer. Nous aimons, aussi et surtout, cette moitié d’orange dont on nous a dit et répété qu’elle existe, qu’elle est là, quelque part, à nous attendre, et qu’elle comblera tous nos désirs, tous nos besoins.
Le même terme pour désigner tant de choses : possession, jouissance, domination, jalousie, volupté, tendresse, sacrifice… Depuis toujours, Éros et agapè jouent à cache-cache pour mieux nous tromper. Parfois, ils se trompent eux-mêmes, et tout dérape. Le bus fait une embardée, la déception nous dévore, la belle endormie oublie de se réveiller, la foudre frappe pour de bon…
Auteur de Exquises petites morts
Frissons nerveux, étourdissements, syncope. Tels étaient les manifestations du mal appelé « petite mort » à l’époque d’Ambroise Paré. Celle-ci donnait en quelque sorte un aperçu de l’absence totale dans laquelle plonge la « grande », elle définitive (du moins, officiellement). Cette disjonction neuronale a par la suite été pénétrée par le langage érotique pour n’envelopper que la rupture de conscience, le hiatus de contrôle, l’électricité disruptive qu’est l’orgasme.Les nouvelles d’Exquises petites morts explorent ce moment, parfois délicieusement douloureux ou douloureusement délicieux : « C’est si bon quelquefois […] de laisser grandir en soi la douleur en même temps que le vertige, de les faire naître…
Luc DELLISSE , Bien fait pour moi , Herbe qui tremble, 2025, 134 p., 16 € , ISBN : 9782491462963 Des…
La littérature serait-elle le meilleur moyen de découvrir une région ? Comment percevoir autrement l’esprit d’un lieu qu’à travers la perception intime qu’en donne un écrivain ? Les éditions Magellan & Cie ont répondu avec conviction à ces questions en imaginant leur collection « Miniatures », qui vient de consacrer un de ses derniers titres à la Belgique.« Alors que la mondialisation des échanges progresse, que le monde devient un pour tous, des mondes-miniatures s’imposent, des pays et des régions entières affirment leur identité, revendiquent leur histoire ou leur langue, réinvestissent pleinement leur espace. Quoi de plus parlant qu’une miniature, la nouvelle, pour lever le voile sur ce monde-là, celui d’une diversité infinie et porteuse d’espoir ? », voilà en quelques mots comment l’éditeur, Pierre Astier, présente cette initiative qui a déjà publié une quarantaine de titres aussi variés que ceux consacrés à Cuba, Haïti, Montréal, le Liban, le Mali, le Congo, la Corse ou la Bretagne, la Catalogne, la Serbie ou la Corée, etc. Lire aussi : notre recension de Nouvelles du Congo Ce recueil consacré à la Belgique a ceci de particulièrement réjouissant qu’il est le reflet du cosmopolitisme de notre petit pays, terre de passage et d’échanges, à la croisée de grandes cultures. C’est également un superbe florilège d’écritures et d’univers que nous révèlent les six auteurs de ces nouvelles : si les noms de Nadine Monfils et Patrick Delperdange ont des connotations bien francophones, ceux d’Alfredo Noriega, Aïko Solovkine, Katia Lanero Zamora et Kenan Görgün ne seraient pas a priori rangés dans un rayonnage français. Regrettons au passage qu’aucun auteur flamand ne figure au sommaire puisqu’il s’agit d’un recueil intitulé Nouvelles de Belgique . Une suggestion à glisser à l’éditeur pour un deuxième tome ! Ne boudons pas notre plaisir cependant.Si l’on retrouve sans surprise la verve osée et franchouillarde de Nadine Monfils et les ambiances lourdes, voire sombres, de Patrick Delperdange, cette fois dans la touffeur d’une forêt ardennaise, les registres d’Alfredo Noriega, Aïko Solovkine et Katia Lanero Zamora nous sont moins connus et nous réservent de belles surprises. Le premier n’a rien à envier à ses confrères latinos : il nous conte une histoire à la grande puissance imaginative entre une enfance équatorienne et des rencontres singulières dans le quartier des Marolles. Les deux textes suivants nous immergent dans des humanités en déshérence, tantôt confrontées aux restructurations, délocalisations, grèves et paysages industriels décrits avec une force visuelle rare, tantôt perdues entre deux appartenances culturelles surgies de l’exil d’une famille espagnole en pays liégeois. Si Solovkine nous confronte à la brutalité sociale, la nouvelle de Katia Lanero Zamora nous émeut par une dignité familiale retrouvée. Nous partageons le choix de l’éditeur s’il a voulu nous réserver le meilleur pour la fin : dans « Résurrection de Cyrano », Kenan Görgün met en scène deux frères turcs établis en Belgique. Ils y ont développé deux visions opposées de la vie professionnelle, de la vie tout court et de l’engagement, alors que du temps de leur jeunesse, ils se retrouvaient à l’unisson dans les…