La voix de Myriam, au second jour de nos vacances : Jean est mort. Comme si quelque chose d’incroyable était arrivé. Et qui pourtant devait arriver un jour. Comme une eau qui se serait arrêtée de couler. Comme si l’horloge de la poésie s’était soudain interrompue dans sa marche. Alors que c’est cela peut-être le sens, le contre-sens de la poésie : « Dire à l’instant qui passe : arrête-toi, tu es si beau ! » Jean si sensible à ce qu’il y a en nous d’éternel et de passager. A ce qui, en chaque instant, est à la fois fugitif et sans limites. Et des images, des paroles, se lèvent. Ce silence, au Grenier et ailleurs, quand Jean lisait de la poésie. Ce long silence qui suivait et précédait le texte. Recueillement. Comme une eau courante qu’on essaye de retenir entre ses doigts dans la chaleur de l’été. Jean si sensible au goût des fruits, à la belle porcelaine, au frôlement d’une étoffe, à l’ivresse vacillante d’une guêpe. Jean qui savait si bien par ses choix,…
Feux dans la nuit rassemble l'essentiel de l'œuvre poétique de Colette Nys-Mazure…