Des destins

RÉSUMÉ

C’est un chemin ample, et parfaitement cadencé, que William Cliff nous propose d’emprunter avec lui dans ce nouveau livre des origines. Avec le sonnet comme exigeante charpente formelle, il transporte page après page la simplicité puissante de son univers au rythme tranquille de sa langue limpide, rocailleuse et charnue.
Des destins commence par revenir sur son enfance dans la petite ville wallonne de Gembloux, brossant les portraits intimes, souvent caustiques, de quelques-uns de ses proches. Il y a sa marraine – « une femme despotique qui avait mal au foie et criait son malheur », son parrain – « mon oncle bien-aimé qui a cessé de respirer / et dont le corps est cadenassé dans un coffre bien fermé », et de sa bonne-Maman, lectrice de romans policiers et fumeuse de tabac égyptien. Chacun a nourri à sa façon le destin poétique de l’auteur. Puis, la généalogie familiale laisse place à l’évocation de premiers émois érotiques auprès des garçons du village et du pensionnat, bientôt entremêlées de récits amoureux de l’âge adulte. Portée par un allant méditatif et la grande souplesse du vers, une sagesse désabusée et amusée se glisse dans les interstices de sa poésie narrative, entre un hommage à Baudelaire et un autre à Walt Whitman. La conscience du temps qui file surgit dans la banalité de scènes quotidiennes – un retour de nuit arrosée, une méchante chute sur les pavés – tandis que le poète solitaire voit la vie et la mort se tenir main dans la main, partout, dans la texture étrange des rencontres et des choses.
Ainsi « la putrescence des oignons quand vient l’été / est nécessaire pour la floraison des fleurs / lesquelles fécondées donneront la jetée / des semences perdues au fond des profondeurs ».

À PROPOS DE L'AUTEUR
William Cliff

Auteur de Des destins

William Cliff naît à Gembloux le 27 décembre 1940."Quand a éclaté la guerre je venais d'être conçu en ventre maternel et le quatrième d'une série de neuf (...)Mes premiers ans ont connu les sous-sols des bombardements où les gens à grands yeux blancs attendaient la fin des alertes (...)puis les sous-sols du cabinet dentaire où mon père impatient plombait des dents pour le pain de la mère et des enfants."École primaire à Gembloux. Puis le pensionnat. Au Collège de la Hulle, à Profondeville, la vie est communautaire; on y partage tout. Les adolescents ont beaucoup d'activités manuelles, font des excursions le dimanche, vivent dans la nature... coupés d'une vie sociale normale. De là, sans doute, l'inadéquation, l'inadaptation futures."Mes frères étaient cancres et moi tout autant: l'école chrétienne nous étouffait.""... J'étais adolescent et j'avais les cheveux coupés en brosse, je fréquentais un collège perdu dans les bois d'un bord de Meuse et sur moi le piège étroit des rêves des espoirs et des masturbations était solidement fermé."Philologie romane à l'Université de Louvain : Cliff étudie l'espagnol, le catalan. Pour sujet de mémoire de licence, il choisit le poète catalan Gabriel Ferrater. Influence décisive. À l'image de Ferrater, le poète William Cliff dira la réalité concrète. Premiers poèmes envoyés à Raymond Queneau qui manifeste immédiatement son intérêt et demande un livre pour les éditions Gallimard. Ainsi, Cliff devient celui dont on a dit qu'on ne comprenait pas pourquoi cet éditeur, le plus grand de la France, publia les écrits dans sa collection blanche. Professeur de français, Cliff enseigne ici ou là, au gré des désignations de l'État. Il voyage, et beaucoup. En Catalogne, bien sûr, et en Espagne. Dans toute l'Europe occidentale. En Inde, en Égypte, en Turquie. En Amérique, du Nord et du Sud : de là est né AmericaWilliam Cliff loge sous les toits, rue Marché-au-Charbon, dans le centre de Bruxelles, la ville la plus la plus la plus du monde "C'est grand-pitié que vivre icien ce grenier bien mal garniquiconque approche de mon litsitôt s'en tourne à grand dépit".
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Le Carnet et les Instants

Dans les recueils de William Cliff, les vers font naître des étincelles à l’instar de deux corps qui s’étreignent. Des étincelles de vie, de beauté arrachée à la gueule du néant. D’une composition circadienne rythmée par vingt-parties qui sont autant de livres d’heures, Des destins dessine une géographie de l’aventure organique des éléments et des êtres (portraits des proches, des amants, des garçons aimés, rencontres, instantanés de vie, cigarettes, lunettes, forêt, évocations de Joseph Orban, de Paul Claudel, du printemps…).Taillés dans la forme du sonnet, élisant l’alexandrin, les poèmes  accomplissent un mouvement rétrospectif, font de la réminiscence, du retour vers le passé l’énergie catalysant l’écriture. Ils interrogent…


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