Dérivations - 3 - 2016 - # 3 - Septembre 2016 | Objectif plumes

Dérivations - 3 - 2016 - # 3 - Septembre 2016

Sommaire

  • Sur le pont
    Le temps d’une place
    Marie-Noëlle Tenaerts
    Un musée garanti sans conservateur ?
    Erwin Dejasse
    Bientôt à Seraing, « la plus grande tour de Wallonie »
    La faculté de droit de l’ULg à l’abbaye de Saint-Laurent ?
    Mimo Basmadjian
  • La chronique de Caroline Lamarche. Festive estive
    Caroline Lamarche
  • Le grand entretien. Lucien Kroll, poète de l’hétérogène
    Jean-Michel Leclercq
  • Le dossier
    Introduction
    J’ai le fêtant
    Ludovic Demarche
    Traditions liégeoises et patrimoine culturel immatériel
    Entretien avec Françoise Lempereur
    Autour du XV août en OutreMeuse : Saint Måcrâwe et Matî l’Ohê
    Christiane Dethier, Laurence Vandewalle
    Le carnaval de Binche. Rencontre avec Clémence Mathieu et Gautier De Winter
    Laurence Vandewalle
    Politiser la fête, réflexions autour des parades Fieris Fééries
    Cassandra Delhalle, Bruno Frère
    « Une fête, ça apaise », rencontre avec Hafid Hantout autour de la Caravane des quartiers
    Ludovic Demarche
    « La fête est un bien commun », entretien avec Jacques Defourny
    Luca Piddiu
    Folklore et festivités de rue dans la ville de Liège
    Elisabeth Dumont
    Zinneke
    Gil Lenders
    La fête en Pierreuse. Une fête pour prendre la destinée d’un quartier en main
    Martin Elsen, Alain Leens
    Le boulevard de la précarité
    Joel Napolilo
    Le carnaval sauvage de Bruxelles
    Julien Celdran, dit Taupe
    Le carnaval de l’Est
    Emilie Thomas
    Chaque fête est une défaite
    Thomas Bolmain
  • Le cahier couleur
    Matî l’Ohê
    Thomas Freteur
    Urban sketchers – À la casse de Jupille
    Fabien Denoël, Antoine Michel, Gérard Michel
    Intercity 3
    Magnus Vind
    Arts éphémères. Une sélection de l’atelier Pica Pica
  • Sport
    De goal à goal
    Eric Dederen
  • Art public
    Michael Dans, rencontre informelle autour de l’art public
    Julie Hanique
  • Archive
    L’affaire des horodateurs
    Alain Leens
    Carré magazine : conjurer le sort, convoquer les ancêtres
    Pierre Geurts
  • Fiction
    Paix à leur âme.
    Eric Lammers
  • Histoire d’un lieu
    Séville, la Casa grande
    Nadine Janssens
  • Dictionnaire de façades
    Christophe Gilot
  • La fabrique urbaine
    Bruxelles, six pieds sous terre
    Céline Delforge
    Le projet de parking De Bruul. Louvain, ville durable, vraiment ?
    Vincent Doumayrou
  • La chronique dessinée
    Comme un mécano
    Harald Franssen
  • Le second cahier couleurs
    Carnaval de Notting Hill
    David Widart
  • La chronique de Jean-Pierre Collignon
    Liège – Tokyo aller retour
    Jean-Pierre Collignon
  • Démographie
    Les nouveaux Liégeois. Migrations et transformations urbaines
    Jean-Michel Lafleur, Grégor Stangherlin
  • Droit à la ville
    Marseille, engambi à la Plaine
    Alessi Dell’umbria
  • Un classique
    La Charte d’Athènes
    Géraldine Brausch
  • La page des libraires
    Metropolis
    Marie Meurice
    Eunmatown
    Philippe Marczewski
    Hervé Beurel
    Benjamin Monti
  • Aurélie William Levaux
    La chronique d’Aurélie Wiliiam Levaux
    Aurélie William Levaux

    224 pages
    24 X 16,5 cm
    2.000 exemplaires


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Chronique du rattachement de la Belgique au Congo

Cela devrait se passer sur une petite place, derrière l’église Saint-Boniface à Ixelles-Elsene, dans le triangle du quartier Matonge. Une plaque en émail, lettres blanches sur fond bleu, apposée sur un mur : « Place-Patrice Lumumba-Plein, Premier ministre de l’État indépendant du Congo, 1925-1961 ». Mais la bourgmestre et le collège échevinal de la commune n’en veulent pas, depuis de longues années, et découragent toutes les initiatives, y compris clandestines, en ce sens. Cela pourrait aussi se passer, carrément, sur la place des Martyrs, et plus exactement sous le monument de ladite place : le Collectif Manifestement voudrait y inhumer la dépouille (ou le peu qu’il en reste) de l’homme politique congolais, assassiné dans les circonstances que l’on connaît (vraiment ?), en janvier 1961. Mais ici aussi, ça coince. Ce qui ne serait peut-être pas le cas si… le royaume de Belgique était tout simplement rattaché à la république du Congo. Une plaisanterie ? Une aberration ? Une incongruité ? On n’oserait pas dire « une blague d’étudiants », car le Collectif Manifestement se fendrait aussitôt, en pleines vacances d’été, d’un droit de réponse au Carnet , tout ce qu’il y a de plus sérieux… Bye Bye Belgium D’ailleurs, cette idée du rattachement de la Belgique au Congo n’est pas si neuve : les animateurs du collectif (parmi lesquels Laurent d’Ursel, Xavier Löwenthal, Maurice Boyikasse Buafomo, Serge Goldwicht, et beaucoup d’autres qui ne se comptent pas que sur les doigts d’une seule main) y ont pensé, bien avant qu’un soir de décembre 2006, le journal télévisé de la RTBF ne diffuse son Bye Bye Belgium , mémorable canular (un «  fake news  », dirait Donald Trump) qui n’a pas fait que du bien au journalisme : la Flandre avait voté son indépendance, la Belgique implosait de Knokke à Martelange, et le roi Albert II, contraint à l’exil, avait trouvé refuge, où ça ? au Congo, justement… Colette Braeckman, éminente journaliste ès-Congo, n’avait-elle pas elle-même écrit dans Le Soir , en janvier 2007, à propos de ce rattachement improbable : «  Un ‘rattachement’ de ces quelques arpents de terre (la Belgique, NDLR) à un Congo 80 fois plus vaste est évidemment une aberration géographique, mais finalement pas plus folle que le fait colonial lui-même où des quidams prétendaient ‘découvrir ‘, ‘civiliser’, et ‘mettre en valeur’ des terres qui, on le saura plus tard, sont peut-être le berceau de l’humanité. (…) Comment, après cela, lorsque le premier, le deuxième et le troisième degré s’entremêlent, encore qualifier de ’pochade’ l’initiative du ‘rattachement’ ?  » C’était il y a dix ans, déjà…Une décennie, et donc l’occasion toute trouvée pour narrer à ceux qui l’ignoreraient encore, dans un livre-album lesté de documents, tracts et photomontages, les prolégomènes, les suites, et pas encore les conclusions (toujours à venir) de ce rattachement potentiel, improbable, qui ne fait qu’alimenter cette lancinante question subsidiaire : comment envisager les relations entre deux États, deux nations, qui n’ont pas encore trouvé le chemin de l’apaisement, près de soixante ans après une indépendance précipitée, et plus d’un siècle après le rattachement forcé du Congo et de ses populations au bienheureux royaume de Belgique ? La démarche du Collectif Manifestement, derrière ses coups d’éclat, ses manifestations plus ou moins réussies, ses réunions crypto-sécessionnistes et ses déclarations montant souvent très haut dans les tours, pour retomber parfois en fumées et fumeroles, est de poser la question, sur la scène publique, et en dehors des seuls  cénacles politiques (qui vraiment préfèrent ne pas revenir sur le sujet). La main coupée du Congolais À propos du Congo, certains souhaitent que dans le processus de colonisation belge apparaisse clairement la notion de « génocide ». D’autres, que les autorités politiques de l’État belge reconnaissent l’asservissement, la maltraitance et l’exploitation forcenée des populations. Les mêmes et d’autres encore, demandent qu’à tout le moins l’histoire de la colonisation ne fasse plus l’objet de tabous, et que, par exemple, la participation de la Belgique à l’assassinat de Lumumba, en armant les bras des tueurs, soit reconnue comme telle. Et d’autres toujours (ça fait quand même du monde…), que toutes les statues du roi Léopold II ne soient pas déboulonnées des places publiques – on ne renie pas l’histoire – mais mentionnent autre chose qu’un roi « bâtisseur », « anti-esclavagiste », « bienfaiteur », « porteur de valeurs civilisées »…etc. C’était l’une des premières actions du Collectif Manifestement : le 22 décembre 2006, les plus motivés d’entre eux se réunirent au pied de la statue équestre de Léopold II à Ostende. S’y trouvent également des statues de Congolais nus, dont la main de l’un d’entre eux avait été sectionnée par un opposant à la cause léopoldiste, allusion à la sinistre pratique des « mains coupées ». Le Collectif Manifestement, en acte symbolique de réparation, greffa une main, blanche celle-ci, sur le bras noir du malheureux amputé… Deux cents pages plus loin, arrivé au bout de cet ouvrage rigoureusement foutraque, qui pousse la logique du rattachement jusqu’au bout du délire (inhumer Léopold II et Lumumba côte-à-côte à Kinshasa), on ne sait plus trop quels argument invoquer pour réfuter le rattachement de la Belgique (ou ce qu’il en reste) au Congo (et ce qu’il reste à y faire…). Pierre Malherbe Le 21 janvier 2007 à 15 heures, sous le regard incrédule, médusé puis attendri des forces de l’ordre détrempées par une pluie de saison, un long cortège s’ébranla majestueusement depuis la place Loix, à Saint-Gilles, et sillonna les rues de l’ancienne capitale et métropole Bruxelles, jusqu’à la Porte de Kinshasa (anciennement Porte de Namur), là où ne se dressait pas encore, pour la mémoire des siècles et de ce grand jour, la fière statue des pionniers de la République royale et populaire du Congo. Dans sa torpeur coupable, le monde entier pouvait bien ignorer l’issue inéluctable de ce jour d’exception, les marcheurs, eux, n’ignoraient rien, et les larmes de l’émotion et la sueur de la lutte trempaient leurs joues et leurs drapeaux mieux que la pluie qui battait comme une bénédiction. Parce qu’elle aggrave la vérité pour mieux l’inscrire dans les esprits dubitatifs, l’Histoire rappellera qu’un camion-remorque de location, flanqué providentiellement du slogan « Désormais vous pouvez voir grand », traînait nonchalamment un crocodile de 23 mètres de long et de 9 tonnes d’airain, authentique mascotte, carnassière allégorie et définitif emblème du Rattachement de la Belgique au Congo. L’empereur constaté Maurice Boyikasse Buafomo Ier décréta le 21 janvier « Journée mondiale de la fête nationale, royale et populaire du Congo rétroactivement unifié ». Il arrive que l’Histoire en marche le soit en dépit de ses acteurs, révolutionnaires aguerris ou agents des forces réactionnaires, ne s’appuyant que mollement sur eux, qui sont toujours là, à caqueter sans fin sur leurs gesticulations trépidantes, convaincus que rien d’essentiel ne peut survenir sans eux, qui s’arrogent crânement la paternité de toutes les inerties. Il arrive aussi que l’Histoire se mette en branle par le truchement involontaire d’humbles fauteurs de troubles, car l’Histoire, pour avancer, s’abreuve où et quand bon lui semble. Enfin, il arrive – et c’est le cas le plus rare et le cas ici narré – que germe, quand sonne l’heure, la graine des Grands Chambardements, semée par la brise du destin dans les esprits les plus libres, les caractères les mieux trempés, les corps les moins avachis, à contre-courant des vents dominants de l’époque. Le Rattachement de la Belgique au Congo naquit d’hommes de cette étoffe-là.…

La fille dans la tourelle

La collection « Noir corbeau » ancre ses intrigues à deux pas de chez nous,…