De l'eau

À PROPOS DE L'AUTEUR
Xavier Deutsch

Auteur de De l'eau

Mon nom est Xavier Deutsch. Je suis né à Leuven (Belgique) le 9 février 1965, dans un milieu normal. En janvier 1989, je publie mon premier roman : “ La nuit dans les yeux ”, chez Gallimard. En 1990, obéissant à l’appel du drapeau, je sers la patrie et l’intérêt collectif dans les rangs du 1er Wing de chasse, de la Force aérienne. J’en sors sous-lieutenant. En 1994 j’obtiens mon permis de conduire les camions et, le 21 décembre 1995, mon diplôme de docteur en Philosophie et Lettres, de l’Université catholique de Louvain. Le 1er avril 1996, ayant publié un nombre significatif de romans, j’entreprends de vivre de mon écriture. Le 25 décembre j’intègre (après rénovation) la jolie vieille maison que j’ai acquise quelques mois plus tôt, dans une rue villageoise de Chaumont-Gistoux. C’est de là que j’écris ces lignes. Le 4 décembre 2002, le roman “ La belle étoile ” obtient le prix Rossel. Et quelques semaines plus tard je m’aligne, aux élections fédérales, sur la liste Ecolo du sénat. Depuis lors tout continue d’aller bien. J’ai à ce jour publié une trentaine de livres ainsi que de nombreux textes dans la presse ou des ouvrages collectifs. Les arts plastiques me passionnent, et mes textes accompagnent régulièrement les travaux de photographes et de peintres. J’aime les arbres et le bûcheronnage. Pour le reste, je continue de penser que la littérature est libre. C’est-à-dire dégagée de ses auteurs, autant que possible. Il existe des auteurs qui asservissent la littérature, qui l’utilisent pour s’exprimer, pour dire les choses qu’ils pensent et qu’ils ressentent, pour transmettre des idées, délivrer des messages, des souvenirs ou des peurs anciennes. Je continue de penser que la littérature ne sert pas à cela. La littérature ne doit pas être la parole ou le prolongement de l’auteur. Elle est, au contraire, une création : elle émane de l’auteur, mais elle s’en affranchit, elle en est distincte, séparée. Voilà pourquoi il n’existe aucun intérêt à connaître les détails de la naissance d’un auteur, la religion de ses pères, la couleur des murs de sa chambre, et le prénom de ses cousins. D’ailleurs, je n’ai pas de cousins. Lauréat d'une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse de création 2021

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Raconte-moi les pluies

La jeune Charlotte Janin débarque d’un bus sur la Plaza Mayor d’une petite ville mexicaine: «  Oasis formée de cubes miniatures et colorés, qui grimpaient sur les collines entourant le centre-ville  », Dolores «  portait bien son nom : ‘Douleurs’, petite ville asséchée suppliant dans la souffrance la pluie boudeuse  ». La pénurie d’eau est totale : «  121 jours de sècheresse. La municipalité ordonne des mesures de rationnement  », lit-on dans le journal.Charlotte vient enseigner à l’Institut français avec l’intention de s’éloigner d’une famille ardennaise d’un catholicisme rigide. Alexandre Cracosky, le directeur de l’Institut, est cultivé, ambitieux et exalté : quadragénaire passionné de sciences politiques, il professe des idées critiques sur l’ordre financier mondial et projette de devenir ambassadeur. Charlotte lui plaît. Il lui fait découvrir des curiosités locales, morbides, atroces même : un musée de momies, un combat clandestin entre deux chiens féroces. Il l’emmène sur la Colline des Loups visiter la maison de sa mystérieuse amie Gabriela.La belle Charlotte cède aux avances d’Alexandre qui écrit néanmoins des lettres enflammées à Gabriela. Mais la sècheresse vide la ville de ses touristes et bientôt de ses habitants. L’atmosphère se fait inquiétante. L’étrange prêtresse Madaé attire la foule en promettant de guérir tous les maux.Les élèves et les enseignants désertent peu à peu les cours. Alexandre part pour Paris, soi-disant pour solliciter du renfort et des budgets, mais en réalité pour se venger d’un complot dont il s’estime victime et dont il accuse notamment Charlotte. Sombrant dans une folie meurtrière, il est interné en France. Seule, sans ressources, sans eau, la jeune femme est sauvée in extremis de la folie et la mort, après un envol d’oiseaux inespéré qui précède de peu les premières gouttes.Dans Raconte-moi les pluies , Dolores est un corps social qui meurt de soif. La nature cruelle fait s’y déliter les destins humains, sans souci de leurs amours, de leurs souffrances et de leurs vies. La romancière belge d’origine mexicaine Maria de los Angeles Prieto Marin s’inspire avec subtilité du réalisme magique sud-américain pour conter une fable aux accents d’apocalypse silencieuse où la ville et ses habitants manquent de s’abimer dans la sècheresse de la terre. René Begon Partagez : Tweet E-mail Imprimer Articles similaires « La pluie est plurielle, dit-il. Il y en a d'infimes, si timides, qu'on se demande s'il pleut. Non, impossible, le soleil brille. Il y a des pluies sales, qui laissent des traces sur le pare-brise. Il y a aussi des pluies fatiguées, mais plus loin, un arc-en-ciel s'est formé, des lignes de couleur diffuses qui leur donnent la permission de s'arrêter et de prendre du repos. Il y a aussi les pluies de mars, les giboulées, brèves et sauvages. Cette pluie devient parfois de la grêle, comme si l'hiver s'accrochait à la terre, pour y rester. Les gouttes sont acérées et nous font mal. Les tempêtes en hiver tiennent dans la durée. Les oiseaux et les hommes se cachent, le vent frappe aux fenêtres, fait tomber les dernières feuilles jaunes et voler les tuiles des maisons. Des imprudents marchent dans la rue, les vêtements dégoulinent d'une pluie féroce. C'est un rideau de fer qui se referme, qui te coupe du monde tout autour. Une punition pour avoir vécu l'été et avoir oublié la saison froide. Je me souviens de cette pluie. Elle échappe aux parapluies, car les vents les retournent et mouillent les vêtements » C'est ainsi qu'Alexandre me raconte la pluie. Elle me manque. Ici, dans cette petite ville mexicaine, il y a une pénurie d'eau sans précédents. Des oiseaux meurent un peu partout et il n'y a pas une goutte d'eau aux robinets depuis des mois. Peu à peu, tout le monde s'en va : mes collègues de l'Institut français, mes amis et voisins. Les commerces ferment. Je me sens de plus en plus seule car même Alexandre, l'homme de qui je suis tombée amoureuse, s'éloigne de moi. Qui est Gabriela, cette femme qu'il admire tant ? Je dois le découvrir.…

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