Parce qu’il faut dire que ce novembre-là fut un novembre doucement magnifique : un mois étrange, tendrement écartelé entre été et hiver, en toute absence d’automne, passeur de saisons. Un mois écorché tendre.
Parce qu’il faut dire qu’en ce mois-là, tout ruisselait de bonheur humide et que ce mois-là moissonnait de secrètes évidences.
La mer était là, obstinément magnifique.
Et le ciel, et ses cris d’oiseaux, obstinément magnifiques.
Et la terre était là, portant son beau nom d’Ambleteuse, sonnant comme jument libre, qui galope et hume la mer.
Parce qu’il faut dire qu’en ce novembre-là, la mer était lisse. Plus lisse que peau de limande étoilée.
Parce qu’elle était là,
Parce qu’elle était la mer.
d’Ambleteuse et d’elle, au plus près conjugue et noue deux expériences, à la fois poétique et amoureuse. Ce recueil dit l’univers marin des côtes du Nord, les ciels gris et les vents mauvais, cailloux et oiseaux perdus, falaises et bunkers… Et derrière l’univers féminin de cette mer se compose l’hommage à elle, aimante, nue, charnelle, qui « rayonne, flamberge et fustige le ciel ».
L’écriture de Paul André relève de la méditation, d’une certaine lenteur ciselée, rythmée par les flux et reflux des mots, leur flagrance sonore. Poète du nord et de la frontière, voyageur du sud et des pays à découvrir, Paul André livre ici un texte sensuel comme une mélopée.
Les dessins d’Alain Winance accompagnent de courbes, de traits et de masses ce texte. Issus d’une expérience picturale au plus proche de la nature d’Ambleteuse et de la côte nord, ces dessins vigoureux tranchent et révèlent la structure du texte.
Auteur de D'Ambleteuse et d'elle, au plus près
Illustrateur de D'Ambleteuse et d'elle, au plus près
Lorenzo Cecchi est né à Charleroi en 1952. Agrégé en sociologie, il a été animateur de maison de jeunes,…
Domo de Poezia : Bouteilles à la mer - Flessenpost - Flaschenpost
Envie de prendre la vie en main ? La vôtre et celle des autres ? Tenté, tentée, depuis longtemps, par les initiatives citoyennes, les rapprochements, les liens sociaux à resserrer ? Marre du déprimant TINA, du gris ambiant dans les têtes ? Envie de positif et de joie ? Désir fou d’être regonflé, de sourire à nouveau ? Pour sûr, il n’y a pas que le film Demain pour faire pétiller. On peut aussi s’immerger dans la poésie résolument positive, amoureuse de la vie et des rencontres, dans la poésie éminemment « sociale » et sociétale de Laurence Vielle. Parce que Laurence Vielle a décidé, une fois pour toutes, de laisser au placard ses petits ou grands problèmes d’ego – ses soucis de gnêgnêtre comme a dit une fois Jean-Pierre Verheggen –, d’être généreuse, de prendre à bras le corps les questions du « vivre ensemble » et du « bien vivre », de considérer la poésie, le fait d’écrire la poésie, comme un acte social, une façon d’accompagner les questions qui traversent ou taraudent bon nombre d’entre nous. Tisser des ponts. Créer des liens. Exalter l’inventif. Le créatif.Pas étonnant, dès lors, que Laurence Vielle ait été, en 2016 et 2017, notre poète nationale. Jamais entendu parler de l’affaire ? Petit rappel historique alors pour ceux et celles qui seraient passés à côté. Début des années 2010, les Maisons de la Poésie de Namur et d’Amay, le PoezieCentrum de Gand et VONK en zonen d’Anvers constatent : de part et d’autre de la frontière linguistique, les poètes et les littérateurs ne se connaissent plus, n’ont aucun lien, quasi, les uns avec les autres. Envie alors de relancer cette vieillerie, disparue dans les années 1940 : se doter d’un ou d’une poète nationale. Le but de l’affaire ? Créer des ponts. Faire en sorte que la poésie et la langue d’une région se fassent lire et entendre dans les autres régions, dans les langues des autres régions. La « tâche » du poète choisi ? Durant deux années, s’inspirer à tout va de la Belgique. De ses clichés, si on le souhaite. De son actualité, si ça vous dit. De ses drames et bonheurs. Des gens que l’on rencontre. Donner ainsi régulièrement à lire des poèmes sur les sites des journaux partenaires et celui dévolu au poète national . Donner à lire ces poèmes sur scène, de part et d’autre de la frontière. C’est Charles Ducal, le néerlandophone, qui essuie les plâtres . Laurence Vielle, la francophone, lui succède avant de passer la main, cette année, à Els Moors, autre poète flamande. Lire aussi : Un dürüm gratuit. Charles Ducal, poète national ( CI n° 188) Domo de Poezia , le nouveau recueil de Laurence Vielle revient sur l’affaire. Donne à lire les poèmes écrits pour la circonstance, dans les trois langues du pays. Mais pas que. C’est que, comme à son habitude, Laurence Vielle a fait sienne, de façon personnelle, radicale et enthousiaste, cette « tâche » venue d’ailleurs. Parce que Laurence Vielle est ainsi : il suffit qu’elle devine à quel point ce qu’on lui demande lui permettra d’inventer des passerelles, pour que, pan !, la machine Laurence Vielle se mette en branle. Et ici, pour le coup, on est gâtés. Laurence Vielle, la généreuse, la débordante, s’est littéralement surpassée. Écrivant des ritournelles entêtantes et douces en l’honneur de ceux et celles qui triment, des laissés pour compte, des vivants et des morts, de ceux qui rêvent encore. Écrivant en deux langues parfois, invitant ses amis flamands à faire avec elle un Tour de Belgique à pied, à chercher le centre poétique de la Belgique, co-écrivant avec Charles Ducal une pièce de théâtre bilingue, etc., etc.Et puis, cerise sur le gâteau, un CD accompagne l’affaire. Comme sur le CD accompagnant Ouf , le précédent recueil de Laurence Vielle , c’est Vincent Granger qui est aux manettes. Son parti-pris ? Faire des voix et des mots des textures. Ne pas subordonner la musique aux textes. Ça lorgne tout aussi bien du côté de la musique électro, de la b.o. du film Demain , du côté de la « simple » déclamation ou de la chanson. Musiques minimalistes. Éthérées. Inventives. Douces. Joyeuses et plaisantes. Vincent Tholomé Domo de Poezia / bouteilles à la mer… Ce sont les poèmes écrits par Laurence Vielle, pendant le temps de son rôle « poélitique » de poétesse nationale (2016-2017), accompagnés d'un CD où Vincent Granger, aux clarinettes, aux claviers, aux sons, y apporte son talent de musicien. Des poèmes en lien avec la ville, les mouvements du monde, un voyage en Indonésie, les journées de la femme, de la poésie, une traversée de Saint-Amand, de la Belgique, des mers, du pays, de la vie. Un appel à ouvrir chacun une maison de la poésie. Des mots comme bouteille à la mer, tu viens de la ramasser sur le rivage, toi lecteur. Ouvre-la. C'est pour toi. Domo de Poezia / flessenpost... Dit zijn de gedichten die Laurence Vielle schreef tijdens haar «poëlitieke» functie van dichter des vaderlands (2016-2017). Ze worden vergezeld door een cd waarop Vincent Granger met klarinet, klavier en klank zijn muzikale talent de vrije loop laat. Gedichten die verband houden met de stad, het reilen en zeilen van de wereld, een reis naar Indonesië, vrouwendag, poëzie, een bezoek aan Sint-Amands-aan-de-Schelde, een ronde van België, met de zee, het land, het leven. Een oproep aan iedereen om zelf een huis van de poëzie te openen. Woorden als een fles in zee. Lezer, we nodigen je uit om haar van het strand op te rapen. Maak haar open. De boodschap…
"Une voix, une voix monte soudain comme la mer. Une voix gonfle les poumons d'Ulysse…