CORRESPONDANCE AVEC CHRISTIAN DOTREMONT (1968-1978)



À PROPOS DE L'AUTEUR
Max Loreau
Auteur de CORRESPONDANCE AVEC CHRISTIAN DOTREMONT (1968-1978)
Max Loreau (Bruxelles, 1928 - 1990). Docteur en philosophie, il a été professeur de philosophie moderne à l'université de Bruxelles, avant de se consacrer, à partir de 1968, uniquement à écrire. Il a été en outre le maître d'œuvre du catalogue raisonné de l’œuvre picturale de Jean Dubuffet auquel il a par ailleurs consacré plusieurs essais.

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Érotisme et neuvième art : cheminement d’un genre et parcours d’auteurs

En 2013, Apple contraint Izneo, plateforme française de vente de bandes dessinées en ligne, à supprimer 40 % de son catalogue destiné à sa version iPad. Le géant américain de l’informatique souhaite que soit retirés des albums le contenu qu’il considère comme « pornographique ». En l’occurrence, ce sont non seulement la nudité des personnages, mais aussi les rapports sexuels qui sont visés. Suite à ces pressions, de nombreux albums ont été retouchés, voire purement et simplement supprimés. C’est ainsi que Philippe Delaby, dessinateur de la série Murena, retraçant la vie sous la Rome antique, a dû recouvrir ses gladiateurs nus de pagnes pour éviter les foudres de la censure. D’autres séries de grande diffusion, telles que Largo Winch et XIII, ont également été concernées par cette décision. Les réactions ont fusé, compte tenu de l’absence d’une telle censure en ce qui concerne les scènes de violence. Si l’affaire pose la question de la liberté d’expression, elle met surtout en avant la place particulière que la bande dessinée franco-belge accorde à l’érotisme depuis plusieurs décennies maintenant. Dès lors qu’elle ne s’adresse pas au jeune public, la bande dessinée telle que nous la connaissons aujourd’hui confère en effet un rôle important à la sensualité et à la nudité. Outre les nombreux ouvrages à caractère exclusivement érotique et qui constituent une niche à part entière, de laquelle se détachent les albums sulfureux de l’italien Milo Manara, l’érotisme est aujourd’hui normalisé au sein de la bande dessinée. Loin d’être toujours transgressive, cette dimension fait désormais partie intégrante des albums ciblant un public d’adultes. Mais en a-t-il toujours été ainsi ? Sensualité et bande dessinée ont-elles toujours fait bon ménage ? En Belgique, l’érotisme a longtemps été strictement proscrit. Il s’agissait de ne pas effaroucher les jeunes têtes blondes auxquelles les albums étaient destinés en priorité. Aujourd’hui, la place que l’érotisme a acquise dans le monde de la bande dessinée témoigne d’une évolution, qui n’est pas seulement celle d’un médium ayant acquis ses lettres de noblesse, mais plus largement une évolution sociale. L’histoire de l’érotisme dans la bande dessinée en Belgique s’enracine dans certaine tradition de l’illustration. D’un art réservé aux enfants et soumis à de nombreux tabous, la bande dessinée en vient progressivement à s’adresser aux adultes et à faire une place à la sexualité. La carrière de nombreux auteurs belges suivra un parcours similaire, en passant de séries pour les enfants à des albums pour adultes, ou l’érotisme trouvera souvent une place de choix. Eros illustré La bande dessinée est l’héritière d’une culture de l’illustration qui s’est développée tout au long du XIXe siècle. Avec le développement de nouvelles techniques, telles que la lithographie, et l’augmentation de la place de l’imprimé dans les pratiques culturelles (presse, livres, vignettes), l’illustration participe de l’avènement d’une culture de masse, qui accorde une très large place à l’image. L’illustration au XIXe siècle inspirera par la suite nombre de dessinateurs de bande dessinée. Parmi eux, Paul Cuvelier s’est dit influencé, entre autre, par Gustave Doré. Il en va de même pour Yslaire qui a déclaré dans un entretien : « Mon style reste une icône graphique influencée par le dix-neuvième siècle » XX . Dans la presse, qui prend son essor à cette époque, de nombreux illustrateurs exercent leur talent sur le mode de la caricature et de la satire. Mais cette culture de masse a aussi son envers, et ces producteurs d’images s’adressent également à des publics plus avertis. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, il est de bon ton, dans la grande bourgeoisie européenne, de disposer dans sa bibliothèque d’un Enfer. Dessins et gravures érotiques sont des objets que les collectionneurs conservent précieusement et dont ils ne partagent la jouissance qu’en de rares occasions. Les œuvres d’auteurs tels que Charles Baudelaire ou, plus tardivement, Pierre Louÿs sont fréquemment illustrées de gravures osées. La Belgique en particulier est le lieu d’une tradition du livre libertin et de l’illustration érotique dont Félicien Rops demeure la figure la plus emblématique. Bande dessinée et bonnes mœurs La bande dessinée franco-belge s’est longtemps montrée des plus chastes. Réservée pendant des décennies aux seuls enfants, les albums proscrivaient systématiquement toute forme d’érotisme. Les deux principaux hebdomadaires francophones, Tintin et Spirou, occupaient à eux deux la presque intégralité du terrain. Pendant longtemps leurs pages ont écarté tout rapport à la sensualité ou à la nudité. Peu de femmes y ont été dessinées, à l’exception de personnages tels que Seccotine ou la Castafiore, sempiternels seconds rôles, voire purement et simplement potiches ou faire-valoir du héros. En outre, les personnages féminins trop dévêtus étaient retouchés avant publication. Pas d’histoires d’amour pour les héros des enfants, dont la vie sentimentale était à peu près inexistante, contrastant avec la richesse des aventures trépidantes dans lesquelles ils étaient plongés. L’après-guerre, en particulier, est une période soucieuse en matière de contenu des publications. Ainsi la loi de juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse et sa commission de surveillance se sont-elles longtemps assuré que le contenu de la moindre case ne contrevienne pas aux bonnes mœurs. À l’origine du refus d'importation de plusieurs albums belges, cette loi française régira également la production de bande dessinée en Belgique. Alors que son lectorat est similaire de chaque côté de la frontière, la bande dessinée belge s’accommode de ces contraintes. Les directeurs des principales maisons d’édition veillent dès lors, en bons pères de famille, à ce que la teneur des albums qui sortaient de leurs presses ne puisse heurter la sensibilité de leur jeune lectorat. En grandissant, les jeunes lecteurs s’intéressent à d’autres choses, et les aventures des héros qui ont nourri leur imaginaire de jeunesse ne leur suffisent plus. Ils sont durant les années 60 devenus des adultes. Élevés dans le giron du neuvième art, ils en attendent davantage, et les auteurs vont les satisfaire. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 60 que la bande dessinée franco-belge devient adulte et ose traiter de sujets jusqu’alors proscrits comme la drogue, la politique et la sexualité. Cette période est, comme on sait, caractérisée par une libération des mœurs sans précédent. La contestation et la remise en question des tabous vont faire évoluer la production artistique en général. Les États-Unis ont en la matière de l’avance sur l’Europe qui va désormais connaître l’influence des strips et comics, ainsi que celle de la bande dessinée underground américaine. Ces modèles vont changer la donne. De l’autre côté de l’Atlantique, la bande dessinée n’a pas connu la même évolution que son équivalent franco-belge, surtout en matière de traitement des mœurs. Tijunana bibles, pin-up et strips érotiques C’est en effet dans les strips et comics venus des États-Unis que les auteurs européens découvrent pour la première fois des planches empreintes d’érotisme. En Amérique du Nord, cette veine se développe dès les années 20, d’abord clandestinement. Les Tijuana Bibles ou eight-pagers, de courtes bandes dessinées pornographiques, se vendent sous le manteau. Ces pastiches bon marché parodient des célébrités ou des classiques de la bande dessinée américaine. Mickey Mouse et Donald Duck y vivent des aventures bien différentes de celles auxquelles les petits Américains ont été habitués. Les pin-up sont à la base d’un certain type de représentation des femmes dans la bande dessinée.…

Bientôt la Convention des cannibales

Daniel Fano est un écrivain de l’apocalypse tranquille. Au fil des années, dans des récits aux titres improbables, des poèmes narratifs et subtils, des fables et des romans de la mélancolie lucide, l’auteur a inventorié, grâce à son sens aigu de la fiction, la modernité et ses avatars, qu’on pourrait appeler aujourd’hui tout simplement le temps d’après . Que ce soit dans les vertiges de la Guerre froide, la Société du spectacle des émotions et des catastrophes, les guerres et coups d’état de série B, Daniel Fano puise sa matière féroce et froide pour faire remonter à notre entendement le chaos et l’entremêlement de nos  perceptions qui a pour nom encore… mémoire. Dans une langue débarrassée de toute afféterie, scrupuleuse, l’auteur court-circuite les effets de réel en les surjouant. Dans le montage apparemment aveugle du film d’une époque, la nôtre,Monsieur Typhus, « héros » récurrent de nombreux textes et livres,  est une forme d’Ulysse revenant au pays natal, celui de  la fausse innocence de toute génération, pour mettre à nu les péripéties de son odyssée désarticulée, composite, carnassière. La violence, dans un crépitement permanent sur nos écrans, glisse lentement dans le domaine des events , ces petits moments susceptibles de relancer sous une forme plus aiguë encore, le Marché des choses et des êtres. Ces êtres, désarticulés dans des émotions et des sexualités de marchandise, sont les protagonistes du roman noir, du récit d’espionnage qui font de l’homme vivant une matière transformable dans le champ de la Bourse internationale des images. Lire aussi : un extrait de  Bientôt la Convention des cannibales Fano connaît l’Histoire, celles hommes, des idées, des stratégies et l’écriture est encore une des formes les plus subtiles pour enfermer dans les réseaux du texte, le filet de la fiction, ces pantalonnades annoncées comme tragiques et qui ne font qu’effacer l’homme vivant de l’image pour en faire une  figure de récit médiatique en boucle internationale. Bientôt la Convention des cannibales annonce le programme. Nous sommes dans un roman kaléidoscopique qui mêle guerres, génocides, assassinats et tutti quanti  depuis les années 1970 jusqu’au aujourd’hui. Le tout s’agite dans une sorte de carnaval des vampires que certains nomment l’Histoire. Une écriture joyeuse, délurée, chargée d’humour jusqu’à la détente, Fano prend soin d’extraire du récit le salmigondis émotionnel que l’on retrouve en boucle dans tous les réseaux et une partie de la presse. Ces personnages sont interchangeables, changent de nom, de sexe, de corps, d’identité…On découvre, page après page, comment, à la vitesse du Marché, nous allons du souvenir de l’humanisme à l’avènement planétaire du transhumanisme. Il y a un air de Fritz Lang qui, un des premiers, dans ses films des années 1930 en Allemagne ( Docteur Mabuse …), avait révélé et mis en scène la dimension criminelle et délirante du nazisme. Le complot, le mensonge à l’égal de la vérité, l’imperturbable dissolution de la mémoire européenne dans le populisme et l’effroi d’un monde qui vient sont les nouvelles formes de cette hystérie de la criminalité, comme une façon d’être au monde et de le penser.Franck Venaille, disparu récemment, avait publié de nombreux livres sur ce sujet, intime et collectif, La guerre d’Algérie (Minuit, 1978), L’homme en guerre (Renaissance du livre, 2000)… La génération des guerres coloniales avait déjà vu un monde fracassé par la violence des idéologies renouvelées.Fano reprend, depuis des lustres, ce travail en faisant des biopsies narratives dans chaque moment de la convulsion de notre temps. C’est en cela qu’il est un des écrivains majeurs de notre littérature, discret, presqu’anonyme pour beaucoup, bien que ses publications marquent, depuis un demi-siècle, le temps littéraire des avant-gardes au temps de la décomposition.Vif, intelligent, burlesque même, sous la couverture aux allures de pulp fiction de Jean-François Octave, Bientôt la Convention des cannibales équivaut à la lecture d’un monde qui se retrouve comme le loup des dessins animés, lequel, courant plus vite que son ombre, dépasse le bord de la falaise, et reste là, suspendu, conscient, terriblement conscient jusqu’au «  Ho, ho…  » fatal avant la chute finale, les yeux exorbités. Daniel Simon Monsieur Typhus, toujours fournisseur d’horreur et de terreur. Rita Remington, par instants entièrement tatouée. Patricia Bartok, sourire de vampire. Jennifer Style, endormie sur un tas de diamants. Rosetta Stone, pas que sa main poudrée de cocaïne. Et même Jimmy Ravel voit des espions partout. De 1970 à 2018, ils sont à Bogota, Colombo, Dubaï, Nairobi, Pékin, Tirana, Tunis, Varsovie, Vienne. Ils courent les complots, se font truffer de plomb, tremper dans l’acide, chiffonner à point. Non content de passer les clichés du roman d’espionnage à la moulinette, l’auteur entraîne ses personnages…

L’institution de la littérature

Jacques Dubois a eu une carrière riche, cohérente et…