Des contes sur le tapis !
Pourquoi sur le tapis, direz-vous ?
Parce que, même si certains de ceux-ci font une petite halte dans ce recueil pour se donner à lire, ce sont des contes saltimbanques, des contes itinérants, qui marchent avec un tapis sur l’épaule comme d’autres portent tout simplement un papillon. Ils vont ainsi par-ci par-là, s’arrêtent, déroulent ce tapis, le posent sur un trottoir, une place publique, un parvis, un tréteau ou une scène, empruntant la voix des conteurs, et ils se disent à qui veut bien les entendre. Dans ces récits, il n’y a ni fées ni magiciens, ni belle qui attend son prince charmant en dormant, ça ils ne l’ont jamais vu en chemin !
En revanche, ils sont truffés d’événements qu’ils ont observés partout et qui arrivent bêtement à tout le monde.
Et quand ils se racontent aux passants, c’est le tapis qui montre aux gens que tous ces mots ne sont que des histoires.
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…
Myriam Mallié , figure importante et pionnière du travail du conte en Belgique, poursuit…