C’est un conte bref, très habilement composé pour donner un effet de reproduction d’une ancestrale tradition, venue de la littérature orale. Récit peu surprenant, car très respectueux des schémas simples – le désir de richesse ; la crédulité des hommes face au leurre de l’argent ; la difficile conquête de l’objet censé apporter la richesse (ici, des saphirs) – et structuré par toutes les étapes obligées de la dépossession – accidents, naufrages, attaques de corsaires, morts, errances, pauvreté plus grande qu’avant l’acquisition de la supposée fortune, dénuement définitif. À quoi s’ajoutent des rituels plus particuliers à Yourcenar, comme l’automutilation. Plus encore que l’anecdote, c’est l’atmosphère de ce conte qui préfigure les Nouvelles orientales.
Josyane Savigneau.
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Hors-serie-Litterature/Conte-bleu-suivi-de-Malefice-et-de-Le-premier-soir