Il est enveloppé dans un énorme manteau vert rugueux, un surplus militaire de quelque régime déchu — dans la poche intérieure, il y a une étiquette imprimée dans une langue indéchiffrable. Tout à l’heure il était content de l’avoir, parce que dehors la température tournait autour de moins dix, sans compter le froid qui venait du vent. Mais depuis qu’il est à l’intérieur le mercure a dû monter de trente-cinq degrés et le manteau est devenu intolérable. Il ne se souvient pas exactement d’où vient ce manteau, d’une petite amie ou d’un copain de chambre passager ou d’un dépôt d’objets perdus ou alors d’un magasin, mais ça n’a pas d’importance, il est envahi d’un désir irrépressible de jeter cet objet dans un coin et d’en être débarrassé. Il se retient de le faire parce qu’il sent obscurément, quelque part à la limite de sa conscience, que s’il faisait cela le manteau serait volé et il devrait affronter un calvaire de moins dix tout au long du chemin jusqu’à…